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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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c’était la seule cathédrale qu’il bâtirait, et il voulait
qu’elle atteignît le ciel. Il espérait que Philip serait du même avis.
    Si le
prieur acceptait le projet, Tom devrait bien sûr le redessiner avec plus de
soin et exactement à l’échelle. Et il y aurait encore bien des croquis, des
centaines : les plinthes, les colonnes, les chapiteaux, les
encorbellements, les chambranles, les clochetons, les escaliers, les
gargouilles et d’innombrables autres détails : Tom travaillerait pendant
des années. Mais il avait déjà devant lui l’essence du bâtiment. Et elle était
bonne : simple, peu coûteuse, élégante et parfaitement proportionnée.
    Il brûlait
d’impatience de montrer ses croquis à quelqu’un.
    Philip
allait-il le trouver présomptueux ? Le prieur ne lui avait pas demandé de
préparer un projet. Peut-être pensait-il à un autre maître bâtisseur, quelqu’un
ayant déjà travaillé pour un autre monastère et jouissant d’une certaine
renommée. Peut-être allait-il considérer avec dédain les ambitions de Tom.
    D’un autre
côté, si Tom ne lui montrait rien, Philip risquait de le croire incapable de
concevoir un projet et pouvait engager quelqu’un d’autre sans même envisager sa
candidature. Tom voulait couper court à cette éventualité, il préférait passer
pour présomptueux.
    Il faisait
encore clair. Au cloître, ce devait être l’heure de l’étude. Philip serait sans
doute à la maison du prieur, à lire sa bible. Tom décida d’aller frapper à sa
porte.
    Portant
son plateau avec précaution, il quitta l’hôtellerie. Alors qu’il passait devant
les ruines, la perspective de bâtir une nouvelle cathédrale lui parut soudain
intimidante : toute cette pierre, tout ce bois, tous ces artisans, toutes
ces années. Il allait falloir tout contrôler, s’assurer que les matériaux arrivaient
régulièrement, surveiller la qualité du bois et de la pierre, engager et
congédier des hommes, vérifier inlassablement leur travail avec son fil à plomb
et son niveau à eau, préparer des gabarits pour les moulures, concevoir et
bâtir des appareils de levage… En était-il vraiment capable ?
    Puis il
songea à l’excitation que ce serait de créer quelque chose à partir de
rien ; de voir, un jour, une nouvelle église là où il n’y avait maintenant
que décombres et se dire : c’est moi qui ai fait cela.
    Une autre
pensée l’obsédait. Agnès était morte sans les secours d’un prêtre, elle
reposait dans une terre qui n’était pas consacrée. Il aurait aimé retourner
jusqu’à sa tombe et demander à un prêtre de prier sur son corps, peut-être
poser une petite stèle. Mais il craignait, en attirant l’attention sur le lieu
où elle était inhumée, de raviver les souvenirs sur l’abandon du bébé.
Abandonner un bébé à une mort presque certaine était encore tenu pour un
meurtre. A mesure que les semaines passaient, l’âme d’Agnès le préoccupait de
plus en plus : était-elle bien là où elle le méritait ? Mais une idée
l’avait apaisée : s’il bâtissait une cathédrale, Dieu lui pardonnerait
sûrement ; et il pourrait peut-être demander qu’Agnès reçût à sa place le
bénéfice de cette faveur. En lui dédiant son œuvre de bâtisseur, pensait-il, il
aurait le sentiment de sauver l’âme d’Agnès et pourrait lui-même reposer en
paix.
    Il arriva
à la maison du prieur, un petit bâtiment de pierre à un seul étage. La porte
était ouverte malgré le froid. Il hésita un moment. Montre-toi calme,
compétent, expert, se dit-il.
    Il entra.
Il n’y avait qu’une pièce. A une extrémité se trouvait un grand lit entouré de
luxueuses tentures ; à l’autre un petit autel avec un crucifix et un
bougeoir. Le prieur Philip se tenait près d’une fenêtre, en train de lire un
parchemin d’un air soucieux. Il leva les yeux et lui sourit.
« Qu’avez-vous là ?
    — Des
dessins, mon père, dit Tom avec une certaine assurance. Pour une nouvelle
cathédrale. Puis-je vous les montrer ? »
    Philip
parut surpris et intrigué. « Bien sûr. »
    Il y avait
un grand lutrin dans un coin. Tom l’apporta à la lumière près de la fenêtre et
y déposa son cadre de plâtre. Philip regarda le dessin. Tom guettait son
visage. Il devinait que le prieur n’avait jamais vu un dessin en élévation, un
plan de sol ni la coupe d’un bâtiment.
    Tom
commença ses explications. Il désigna la coupe : « Ceci vous montre
une

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