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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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j’avalai le contenu, assoiffé. Le goût amer de la boisson me le fit aussitôt regretter, mais j’étais trop faible pour protester.
    —    Nous aurons tout le temps de discuter, Gondemar. Mais tu dois d’abord guérir.
    Je regardai son visage souriant pendant que mes paupières s’alourdissaient. Puis je sombrai dans un profond sommeil.
    Les jours suivants s’écoulèrent de même façon, mon sommeil étant interrompu par de brèves périodes d’éveil. Chaque fois que j’ouvrais les yeux, Pernelle était là pour me tendre le breuvage qui me replongeait aussitôt dans les rêves, m’adressant un sourire serein et rassurant pendant que je me rendormais. L’infirmerie se vida peu à peu. Mon voisin de lit fut déclaré en assez bonne forme pour poursuivre sa convalescence ailleurs et aller occire d’autres croisés dès qu’il en serait capable. D’autres moururent certainement. Bientôt, je me retrouvai seul. J’en déduisis que j’avais été le blessé le plus sérieux du lot - ou le plus résistant. Après tout, rares étaient ceux qui survivaient à un carreau d’arbalète en pleine tête.
    Je ne saurais dire combien de temps Pernelle me maintint ainsi dans cette torpeur artificielle, mais mes joues se couvrirent d’une barbe drue. Assise sur le bord de mon lit, elle s’esclaffa en me voyant me gratter. Au son de ce rire cristallin qui était resté le même, mon cœur se gonfla d’une affection que je croyais oubliée depuis longtemps. Je lui souris.
    —    Tu es resté le beau seigneur que j’ai connu, dit-elle, attendrie. Et tes yeux sont encore ceux du gringalet maladroit et timide que j’avais si hâte de retrouver dans les bois.
    —    Tu. tu as beaucoup changé.
    —    Oui, beaucoup. Mais pour le mieux, répondit-elle d’un ton énigmatique.
    —    Je ne croyais jamais te revoir. Comment. ?
    Elle sourit tristement et prit mes mains dans les siennes.
    —    Les voies de Dieu sont mystérieuses, Gondemar. Je suis heureuse de te revoir moi aussi, mon bon ami. J’ai souvent pensé à toi depuis mon départ. Mais je n’aurais jamais cru te retrouver. Surtout pas dans l’état où tu étais.
    Elle frotta ma joue piquante.
    —    Tu es capable de t’asseoir ?
    —    Je crois, oui.
    M’appuyant sur mes coudes pour ne pas appliquer de pression sur mes mains blessées, je parvins à me redresser sur mon séant. Ce seul effort me fit tourner la tête et je sentis des sueurs froides me mouiller les tempes et le dos.
    —    Doucement, dit-elle en me soutenant par les épaules pendant que je me redressais en grimaçant. Tu es encore très faible. Ne fais pas de mouvement brusque.
    Lorsque je fus assis, elle plaça deux oreillers derrière mon dos pour mieux me soutenir. Elle me toisa et le sourire espiègle que j’avais tant aimé éclaira le visage que le temps avait rendu grave.
    —    Tu as l’air d’un hérisson. Tu rases toujours ta barbe, je suppose ? Attends !
    Elle se leva d’un bond et sortit de la pièce en claudiquant. Son pied traînait toujours sur le sol, mais elle possédait pourtant une légèreté, une agilité que je ne lui avais pas connue, comme si son infirmité ne lui pesait plus autant qu’avant. Je fermai les yeux et profitai de son absence pour récupérer un peu de mon malaise. Lorsqu’elle revint, les bras chargés, le sol avait cessé de tourner et je pus forcer un sourire. Elle se rassit sur le lit et y posa un linge, un rasoir, un bol d’eau et un morceau de savon noir. Elle m’humecta les joues et entreprit de les badigeonner de mousse. Puis elle saisit le rasoir et se mit en frais de me débarrasser de ma barbe. Je regardais son visage, tout près du mien, plissé par la concentration, la langue sortie entre les lèvres et je revoyais la fillette pleine de vivacité de jadis. Les questions se bousculaient dans ma tête.
    —    Comment es-tu arrivée en ces contrées ? finis-je par demander tout en étirant la joue pour éviter d’être coupé.
    Elle se rembrunit un peu. Le visage de Pernelle avait toujours été un livre ouvert sur lequel les émotions semblaient être écrites à grands traits de plume. J’y lus un inconfort mal contrôlé et compris que ma question évoquait des souvenirs douloureux.
    —    Tu te souviens de l’état dans lequel j’étais après le passage des brigands ?
    —    Comment pourrais-je l’oublier ? Je n’ai pas su te défendre. Pour cela, tu m’as chassé comme un

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