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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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qui s’étaient battus.
    La pluie ne cessant pas, ils ne quittèrent
finalement Limoges que pour la Sainte-Marguerite [20] .
    Jean de Veyrac était chevalier avant d’être
évêque. Malgré la chaleur qui était revenue, il voyageait en haubert, avec une
cotte d’armes brodée d’une croix. Un second palefroi mené par son écuyer
portait son écu, sa lance et son épée. En chemin, il expliqua à Guilhem que,
quelques années plus tôt, son prédécesseur avait déjà rassemblé une armée pour
combattre les routiers qui ravageaient la région. Il s’apprêtait à faire de
même et les armes qu’il venait d’acheter lui seraient bien utiles. Il raconta
avec une colère à peine contenue comment les églises du comté étaient dépouillées,
sauf celles qui pouvaient payer dix sous d’or et une rançon pour les religieux.
Il lui posa aussi beaucoup de questions sur Paris, sur le roi Philippe de
France et sur ses familiers.
    C’est à la nuit qu’ils arrivèrent au château de
Chalucet. Située sur une hauteur à deux lieues de Limoges, au confluent de la
Briance et de la Ligoure, la forteresse n’était qu’un donjon carré entouré
d’une haute muraille, mais les voyageurs y seraient à l’abri, à l’intérieur de
l’enceinte.
     
    Avec la promiscuité continuelle, plusieurs
disputes marquèrent la suite du voyage.
    Jehan le Flamand se battit à coups de poing avec
Gilbert qui avait tenté d’embrasser sa femme. Locksley dut les séparer et punir
l’archer saxon effectivement très assidu auprès de l’épouse de Jehan, depuis que
Perrine avait disparu.
    Jehan reprocha aussi à Godefroi, l’autre archer,
de courtiser Jeanne, sa servante. Au sein même des tisserands, Geoffroi le
tavernier, qui était veuf, eut des privautés avec la femme du gros Bertaut, un
soir où il avait trop bu, et la femme d’Aignan le libraire reprocha à Estienne
de l’avoir observée dans sa natureté quand elle se baignait dans la rivière.
    Sanceline et Anna Maria parvinrent à calmer les
humeurs des uns et des autres, mais Guilhem savait que la route était encore longue
et que les querelles reprendraient. Il s’inquiétait aussi des relations entre
Regun et Ranulphe. Les deux cousins ne se parlaient plus et Ranulphe ignorait
superbement Mathilde.
    Guilhem songeait aussi à son domaine,
s’interrogeant sur la façon dont il allait le diriger. Le fief comprenait
quatorze manses, chacune faisant vivre une ou deux familles qui lui verseraient
une tasque [21] .
Or, il n’avait ni intendant ni chambellan pour s’occuper de ses comptes. De
plus, il aurait besoin de domestiques et de gardes. Il espérait garder
Sanceline près de lui, mais comment trouver des gens fidèles pour
l’entourer ?
    Il avait donc approché plusieurs cathares. En
premier lieu Geoffroi le tavernier qui, ayant l’habitude des auberges, aurait
pu s’occuper de l’approvisionnement du château. Mais l’ancien cabaretier, homme
taciturne et bourru, ne lui avait dit ni oui ni non. Il paraissait d’ailleurs
incapable de décider de son avenir.
    Aignan le libraire, qui savait écrire, compter et
connaissait le latin, comme sa femme, aurait certainement été un bon intendant.
Mais comme il était un homme de grande foi, Guilhem doutait qu’il abandonne
Enguerrand à Albi.
    Jehan le Flamand était peut-être celui qui
viendrait le plus facilement à Lamaguère. Si au début le tisserand avait été
réticent à porter une arme, il y avait pris goût. Devenu un archer convenable,
il n’avait pas hésité à se battre à mains nues contre Gilbert le Saxon. Mais
Guilhem se doutait qu’il refuserait à cause de Gilbert qui tôt ou tard s’en
prendrait à sa femme.
    Parmi les autres cathares, Thomas le cordonnier
qui savait, lui, tout faire de ses dix doigts aurait pu lui être utile pour
remettre le château en état. De même, Estienne, le gendre de Bertaut, aurait
fait un bon soldat, mais comme Aignan le libraire, Guilhem connaissait trop
leur ferveur pour imaginer qu’ils quitteraient Enguerrand.
     
    Ils arrivèrent à Usarche [22] quelques jours plus tard et
furent reçus dans l’abbaye grâce à la recommandation de l’évêque. Fondée par
Hildegaire, évêque de Limoges, l’abbaye vassale du duché d’Aquitaine était une
des plus puissantes de la région. Quelques années plus tôt, Richard et sa mère
Aliénor étaient d’ailleurs venus recevoir l’hommage de l’abbé en échange de
chartes de protection.
    Érigés sur une

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