Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
ricana Fer, mais en réalité leur nom vient de Bau, qui veut
dire escarpement rocheux. Ils vivent dans des cavernes et des carrières, comme
des animaux.
    — Comment pourrait-on prendre ces
clefs ? demanda Guilhem qui se moquait bien des prétentions des
Baussenques. Il faudrait trouver un moyen d’entrer dans le logis.
    — C’est inutile, je peux détruire la porte
des cachots, intervint Nedjm Arslan.
    — Avec votre poudre ? Mais l’incendie
tuera Roncelin !
    — Non, il y a d’autres moyens…
    Il leur expliqua ce qu’il était capable de faire,
mais Guilhem, Locksley et les jongleurs restèrent incrédules, aussi leur
promit-il de le leur prouver lors d’une halte où il n’y aurait pas
d’habitations à proximité.
    Le soir, ils arrivèrent au castrum Vitrolla dont
les murailles et la tour se dressaient au sommet d’un plateau rocheux. Le
château fortifié appartenait à la maison des Baux, aussi passèrent-ils la nuit
dans un petit ermitage fortifié dépendant des abbés de Saint-Victor de
Marseille.
    Le lendemain, ils repartirent pour le castrum de
Sallone par un chemin longeant le grand étang. Vers midi, tandis qu’ils se
trouvaient dans un endroit isolé, Nedjm Arslan proposa de montrer ce qu’il
savait faire. Ayant creusé un trou sous un rocher, il l’emplit de poudre noire
et y planta un long morceau de coton imprégné de soufre. Après l’avoir couvert
de grosses pierres, il demanda à ses compagnons de s’éloigner d’une centaine de
toises et d’attacher solidement les montures, puis il battit le briquet et
s’enfuit en courant.
    La déflagration fut plus forte que celle du
tonnerre du plus puissant orage qu’ils aient jamais entendu. Dans la fumée, ils
virent le rocher se soulever d’une dizaine de cannes pour retomber ensuite en
se brisant dans un fracas épouvantable.
    Persuadés d’une intervention diabolique, Hugues de
Fer, Locksley et Bartolomeo tombèrent à genoux pour prier. Anna Maria resta
seulement pétrifiée, tout comme Ibn Rushd, tandis que Guilhem s’était jeté à
plat ventre en se protégeant la tête de ses bras.
    Pendant ce temps, les chevaux et les mules
tentaient de fuir et de rompre leurs licols en hennissant.
    — C’est fini ! cria Nedjm Arslan en
revenant vers eux, regrettant maintenant d’avoir mis tant de poudre pour les
impressionner.
    Malgré cela, ils ne bougeaient pas et ce ne fut
que lorsqu’un cheval rompit sa longe que Guilhem se leva pour calmer les bêtes.
    — Comment est-ce possible ? balbutia
enfin Fer. Comment faites-vous ? Est-ce l’œuvre du démon ?
    Non, répondit le Perse en s’efforçant de sourire,
car il voyait à quel point le viguier craignait une sorcellerie. J’ai appris à
faire cette poudre grâce à un voyageur qui revenait de Chine. Ce n’est qu’un
mélange de soufre et de fleur de roche. C’est une sorte d’amalgame, mais il
peut briser portes et murailles.
    — Vous pourriez surtout tuer Roncelin !
s’inquiéta Ibn Rushd.
    Pour briser une porte, il faut en mettre très peu,
mais vous avez raison, je ne sais pas encore très bien me servir de ce mélange.
    Robert de Locksley et Hugues de Fer se rendirent à
l’endroit où il avait mis la poudre. Il n’y avait plus qu’un profond trou
calciné noirâtre qui ressemblait à une porte des enfers. Le viguier se signa à
nouveau, peu convaincu de l’absence de maléfice.
    Ils repartirent en silence, n’ayant aucune envie
de parler et leurs oreilles encore douloureuses. À la halte suivante Bartolomeo
et Anna Maria tracèrent une nouvelle fois sur le sol un plan sommaire du
château des Baux. Si les chevaliers, les familiers et les hauts serviteurs tel
le bayle étaient dans le logis aux arcades, les autres, c’est-à-dire les valets
d’armes et les domestiques, étaient serrés dans deux édifices mitoyens
quasiment sans ouvertures hormis des archères, expliquèrent-ils. Il y avait là
des bouges et des cabinets où s’entassaient une centaine d’hommes et une
vingtaine de familles. Devant le bâtiment le plus éloigné, une seconde cour
intérieure permettait d’accéder à une tour de guet. De là, un escalier le long
de la muraille descendait jusqu’à la salle basse du donjon. Il y avait aussi
une forge dans cette cour où un artisan fabriquait les cottes de mailles, les
pointes de lance et les carreaux d’arbalètes.
    De l’autre côté de la cour aux arcades se
dressaient un four à pain et une salle en contrebas pour les

Weitere Kostenlose Bücher