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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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de vos baïonnettes, le précipiter dans le ravin d’où il est sorti et d’où il menace l’armée, l’Empire, la France.
    Ils s’ébranlent. Ils vont reprendre Plancenoit, il en est sûr. Mais combien d’hommes resteront pour l’attaque principale vers le nord contre Wellington et le plateau du mont Saint-Jean ?
     
    Le jour baisse. L’incendie de Plancenoit éclaire le crépuscule. Un aide de camp blessé murmure qu’on s’y est battu au corps à corps, fusillé à bout portant. Comme à Ligny.
    Il écoute. Il faut jouer le tout pour le tout. Percer le front anglais avec ce qui reste de la Vieille Garde.
    Il va vers ces six mille hommes. Il se place parmi eux. Il donne le signal. La Garde marche, tambours et fanfares au coeur des carrés, aigles déployées. Les fantassins qui doivent l’appuyer crient : « Vive l’Empereur. »
    On monte la pente du plateau Saint-Jean. Napoléon regarde les débris de la ferme de la Haie-Sainte, qui a été conquise peu avant.
    On atteint le sommet de la pente. Et, tout à coup, les habits rouges se dressent dans les blés, tirent par longues salves, jamais interrompues car d’autres Anglais surgissent à leur tour, cachés par les épis ou des haies.
    La Garde hésite, la Garde recule. Les canons anglais la mitraillent. La cavalerie charge.
    Un cri : « Sauve qui peut ! »
    Les régiments voisins de la Garde se défont. Les fuyards s’éparpillent dans la nuit qui vient de tomber. Les Anglais attaquent. Les Prussiens de Zeiten, qui les ont rejoints, chargent. Sous le nombre, tout est enseveli.
     
    Napoléon est à cheval au milieu d’un carré de la Garde qui reste inentamé sous les charges, les boulets, les balles. Il se dresse. C’est maintenant qu’il doit être frappé, c’est maintenant qu’il faut mourir. Il fait avancer son cheval vers les bords du carré.
    Ici sont les meilleurs, le 1 er  bataillon du 1 er  régiment des grenadiers de la Garde. C’est ici, avec eux, que je dois mourir .
    Mais les balles sifflent, abattent des hommes aussitôt remplacés dans le rang, et rien ne m’atteint. Rien. Je suis vaincu et vivant !
    Le carré recule en bon ordre. La fanfare joue.
    Il marche à son pas. Il voit autour de lui cette mer démontée, ces groupes d’hommes qui fuient, se battent pour passer le pont qui, à Genappe, franchit la Dyle.
    Il descend de cheval, le carré s’ouvre. Il veut retenir les fuyards. On l’entraîne. Des voix crient dans la nuit : « Les Prussiens, les Prussiens ! »
    Voilà les uhlans qui dévalent les rues, sabrant, passant trop vite pour me voir, me tuer .
    Napoléon s’éloigne à cheval.
     
    Tout à coup, il ne peut plus. Il ne se soucie pas des quelques cavaliers qui l’entourent. Il descend de cheval. Des aides de camp s’affairent, allument un feu dans une clairière. Il se laisse tomber sur une souche. Il cache son visage. C’est la fin sans la fin.
    Il se redresse. Il se répète qu’il faut conduire jusqu’au bout la partie. Que c’est cela, la vie, qu’il le doit pour les trente mille morts qui sont sûrement tombés dans cette bataille. Combien d’ennemis ? Sans doute à peine moins.
    Jusqu’au bout. Il chevauche sur les routes encombrées de fuyards, avec sa petite escorte. Il murmure : « J’avais en moi l’instinct d’une issue malheureuse. »
    Mon destin s’est accompli .
    Le lundi 19 juin à neuf heures, il arrive à Philippeville.
    Un autre jour. Un autre combat. Vivre, aller jusqu’à l’extrême.
    « Tout n’est point perdu, écrit-il à Joseph. Je suppose qu’il me restera, en réunissant mes forces, cent cinquante mille hommes. Les fédérés et les gardes nationaux qui ont du coeur me fourniront cent mille hommes ; les bataillons de dépôt, cinquante mille. J’aurai donc trois cent mille soldats à opposer de suite à l’ennemi. J’attellerai l’artillerie avec des chevaux de luxe. Je lèverai cent mille conscrits. Je les armerai avec les fusils des royalistes et des mauvaises Gardes nationales. Je ferai lever en masse le Dauphiné, le Lyonnais, la Bourgogne, la Lorraine, la Champagne. J’accablerai l’ennemi. Mais il faut qu’on m’aide et qu’on ne m’étourdisse point. Je vais à Laon. J’y trouverai sans doute du monde. Je n’ai point entendu parler de Grouchy, s’il n’est point pris, comme je le crains, je puis avoir dans trois jours cinquante mille hommes.
    « Écrivez-moi l’effet que cette horrible échauffourée aura produit dans la

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