Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
Vom Netzwerk:
pays, j’ai fait quelques économies... » Tandis qu’un autre, plus atrabilaire, trace ces lignes : « Ma santé dépérit, l’ennui me galope : mal logé, point de draps, plus de chemise, plus d’habit, plus de bottes, mal nourri... »
    Hivernera-t-on à Moscou ? Telle est la question que tous se posent. En attendant qu’une décision soit prise, on fait l’acquisition de fourrures. « Pour que mes os ne gèlent pas cet hiver, écrit le colonel Parguez à son épouse, j’ai rôdé autour des soldats et je suis parvenu à acheter à assez bon compte une fourrure chaude avec laquelle je vais faire doubler mon vieux garick en totalité. J’ai fait construire par un soldat de grosses bottes d’ours... »
    Pour le « grand homme », il demeurait assurément assez de maisons et d’édifices publics ou même d’approvisionnement pour que les cent mille hommes de l’armée pussent vivre de leur conquête. Napoléon s’obstine à croire à la paix puisqu’il occupe la capitale russe, et, le 20 septembre, écrit au tsar : «  A mon frère, l’empereur Alexandre. La belle et superbe ville de Moscou n’existe plus. Rostoptchine l’a fait brûler. Quatre cents incendiaires ont été arrêtés sur le fait ; tous ont déclaré qu’ils mettaient le feu par les ordres de ce gouverneur et du directeur de la police : ils ont été fusillés. Le feu paraît enfin avoir cessé... Les incendies autorisent le pillage auquel le soldat se livre pour disputer les débris aux flammes. Si je supposais que de pareilles choses fussent faites par ordre de Votre Majesté, je ne lui écrirais pas cette lettre ; mais je tiens pour impossible qu’avec ses principes, son coeur, la justesse de ses idées, elle ait autorisé de pareils excès, indignes d’un grand souverain et d’une grande nation. Dans le temps qu’on emportait les pompes de Moscou, on laissait cent cinquante pièces de canon de campagne, soixante mille fusils neufs, un million six cent mille cartouches d’infanterie, plus quatre cents milliers de poudre, trois cent milliers de salpêtre, autant de soufre... J’ai fait la guerre à Votre Majesté sans animosité : un billet d’Elle avant ou après la dernière bataille eût arrêté ma marche, et j’eusse pu être à même de lui sacrifier l’avantage d’entrer dans Moscou. Si Votre Majesté me conserve encore quelque reste de ses anciens sentiments, Elle prendra en bonne part cette lettre. Toutefois, Elle ne peut que me savoir gré de lui avoir rendu compte de ce qui se passe dans Moscou. »
    Mais le Tsar ne souhaite point la paix : il attend l’arrivée du « général Hiver ». En apprenant l’incendie de Moscou « les larmes jaillissent de ses yeux ». À l’émigré Michaud, venu lui apporter ce même 20 septembre l’affreuse nouvelle, il répond :
    — Napoléon ou moi, lui ou moi. Maintenant nous ne pouvons plus régner ensemble. J’ai appris à le reconnaître. Il ne me trompera plus.
    Sa soeur Catherine – l’épouse du duc d’Oldenburg – lui avait recommandé : « Pas de paix et vous aurez l’espoir de regagner votre honneur. » « Soyez assurée, lui affirme le tsar, que ma décision de combattre est plus inébranlable que jamais. Je préférerais ne plus être ce que je suis plutôt que de composer avec le monstre qui a fait le malheur du monde entier. » Mais la grande-duchesse montre toujours son inquiétude et Alexandre lui adresse un véritable examen de conscience : « Servi aussi mal que je le suis, manquant dans tous les domaines d’instruments appropriés aux leviers d’une gigantesque machine dans une situation aussi critique, ayant devant moi un adversaire infernal qui unit à la plus effroyable sauvagerie le plus remarquable talent et qui dispose des forces de l’Europe tout entière et d’un nombre d’hommes de génie, formés pendant vingt ans de révolution et de guerre, qu’y a-t-il d’étonnant à ce que j’essuie des échecs ? »
    Onze jours passent et Alexandre dédaigne toujours de répondre à l’ancien ami de Tilsit. Napoléon commence à considérer ce silence comme un affront. Le voici violemment irrité. Au début du mois d’octobre, après une nuit d’inquiétude et de colère, l’Empereur se lève tout animé par une nouvelle idée. Il appelle ses maréchaux.
    — Entrez ! s’écrie-t-il dès qu’il les aperçoit. Écoutez le nouveau plan que je viens de concevoir. Prince Eugène, lisez !
    Sans enthousiasme,

Weitere Kostenlose Bücher