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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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les finances. Avant tout, ne pas imiter Louis XIV qui s’est ruiné parce qu’il ne savait pas compter « et faire un budget » :
    Le budget est ma loi, écrit l’Empereur, il faut s’y conformer parce que les finances, de toutes les branches de l’administration, sont la première de mes affaires.
    Sans trop de grincements, le budget de six cent quatre-vingt-quatre millions, en 1806, sera peu à peu doublé. Sans doute de lourds tributs imposés aux vaincus viendront-ils sans cesse apporter de l’or au Trésor, mais encore Napoléon créera des contributions indirectes, que tous les régimes qui lui succéderont se garderont bien de supprimer :
    Je veux faire le bien de mon peuple, déclare-t-il, je ne serai point arrêté par les murmures des contribuables ; je vis pour la postérité ; il faut à la France de grandes contributions ; elles seront établies... Je veux préparer à mes successeurs des ressources sûres qui puissent leur tenir lieu des moyens extraordinaires que j’ai su me créer.
    Un an plus tard, on peut constater le résultat : le numéraire, abondant et même surabondant, encombre les caisses et on lui préfère les billets !
    À quelle tâche ne s’attellera-t-il pas ? Le Code de procédure civile, le Code commercial, l’Université, l’Enseignement. Comme au temps du consulat, il préside toujours les séances du Conseil d’État avec un infini plaisir.
    — Savez-vous pourquoi je laisse tant discuter au Conseil d’État ? a-t-il demandé un jour à Roederer. C’est que je suis le plus fort du Conseil dans la discussion. Je me laisse attaquer parce que je sais me défendre.
    « J’ai assisté à des séances du Conseil présidées pendant sept heures consécutives par l’Empereur, rapporte Trémont. Son influence stimulante, la prodigieuse pénétration de son esprit analytique, la lucidité avec laquelle il résumait les questions les plus compliquées, le soin qu’il apportait, non pas même à supporter, mais à provoquer la contradiction, l’art d’augmenter le dévouement par une familiarité qui savait traiter à propos des inférieurs comme des égaux, produisaient un entraînement égal à celui qu’il exerçait sur l’armée. On s’épuisait de travail, comme on mourait sur le champ de bataille. »
    Il jauge impitoyablement ses interlocuteurs. « Il n’y avait pas moyen de déguiser le vide des idées sous l’éloquence des paroles, a dit l’un d’eux. Il fallait posséder la matière et avoir dans l’esprit une abondante provision de faits. »
    Parfois cependant il manifeste quelques signes de fatigue.
    — C’est singulier, confie-t-il à Molé, comme la constitution se modifie en avançant en âge, sans que pour cela les forces diminuent, ni la santé s’altère. Nos aptitudes changent, et nos projets doivent s’en ressentir. Autrefois je disais à Montesquiou plusieurs fois dans la journée : « Montesquiou, apportez-moi un verre de limonade. » Maintenant, c’est une tasse de café, ou un verre de vin de Madère que je demande et dont je sens le besoin. Ah ! croyez-moi, Monsieur Molé, à partir de trente ans on commence à être moins propre à faire la guerre. Alexandre est mort avant de pressentir le déclin.
    Le déclin ? Il n’y pense pas sérieusement... Et les membres du Conseil l’entendent dire au début de 1806 :
    — Un beau matin, j’en suis persuadé, on verra ressusciter l’Empire d’Occident parce que les peuples fatigués se précipiteront sous le joug de la nation la mieux gouvernée.

    La même semaine où parvenait à Paris la nouvelle de la victoire d’Austerlitz, une dépêche annonçait le débarquement à Naples d’un corps de troupes anglo-russes. Telle était la réponse de la reine Caroline – le roi Nasone ne comptait pas... —-aux victoires napoléoniennes en Autriche. Un traité de neutralité liait pourtant Naples à la France. Aussitôt Napoléon prend des mesures et, le 25 décembre, annonce au public : « Le général Saint-Cyr marche à grandes journées sur Naples pour punir la trahison de la reine et précipiter du trône cette femme criminelle, qui, avec tant d’impudeur, a violé tout ce qui est sacré parmi les hommes. »
    L’Empereur se rend le 24 février à l’Opéra. On applaudit longuement le vers :
    Et quel temps fut jamais si fertile en miracles ?
    Quelques instants plus tard, la représentation est interrompue, et Talma vient annoncer sur la scène même que

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