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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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vers Bayonne. Après avoir fait venir le prince des Asturies chez son père, Napoléon l’accuse d’avoir fomenté l’émeute. Charles IV approuve.
    — Le sang de mes sujets a coulé, hurle-t-il, et celui des soldats de mon grand ami Napoléon ! Tu as eu part à ce carnage !
    La reine, telle une furie, injurie ensuite copieusement son fils, le traite de bâtard, et demande qu’ « on le fasse monter à l’échafaud ». Napoléon n’en réclame pas tant :
    — Si d’ici à minuit, déclare-t-il à « Ferdinand VII » vous n’avez pas reconnu votre père pour roi légitime et ne le mandez à Madrid, vous serez traité par moi comme un rebelle.
    Ferdinand, épouvanté, cède enfin. Il n’est plus qu’un prisonnier qui ira demeurer derrière les grillesdorées du château de Valençay, avec Talleyrand comme geôlier.
    — Vous pourriez y amener Mme de Talleyrand avec quatre ou cinq dames, recommande Napoléon à son vice Grand Électeur. Si le prince des Asturies s’attachait à quelque jolie femme, cela n’aurait aucun inconvénient.
    Quant à Charles IV, à Marie-Louise et à l’inévitable Godoy, ils s’installent tous les trois à Compiègne, puis à Marseille, et enfin à Rome.
    Napoléon ne voit pas encore que l’affaire a été mal engagée. Il considère la question comme réglée, et demeure à Marracq. Le rideau descendu sur les tragiques journées de Bayonne, il se montre d’une humeur charmante, se livrant avec Joséphine à des gamineries de jeune marié. Il prend des bains de mer. Chacun de ceux-ci est obligatoirement accompagné « d’une reconnaissance aquatique, pour prévenir quelque surprise anglaise ». Pendant tout le temps que Napoléon barbote, un détachement de cavalerie de la Garde « éclaire la mer en s’y avançant aussi loin qu’il est possible de le faire sans trop de péril ». Revenu sur la plage, l’Empereur poursuit sa femme, la pousse sous les vagues et lui prend ses chaussures qu’il jette au loin. Joséphine rit, heureuse... et se croit revenue à l’époque du Consulat.
    Le 7 juin, Napoléon accueille le nouveau roi d’Espagne qui, très sérieusement, va se proclamer « Don José primero, par la grâce de Dieu, roi de Castille, d’Aragon, des Deux-Siciles, de Jérusalem et de Navarre... » Joseph n’oublie pas de rappeler sa souveraineté sur les îles Canaries, les Indes orientales et occidentales, et, continuant sur sa lancée, s’intitule également « archiduc d’Autriche, duc de Bourgogne, de Brabant, de Milan et comte de Habsbourg »... Enfin, il trouve tout naturel de recevoir de son prédécesseur Ferdinand ces lignes de félicitation : « Je prie Votre Majesté Catholique d’agréer le serment que je lui dois, ainsi que celui des Espagnols qui sont auprès de moi. » La veulerie du prédécesseur n’a d’égale que l’inconscience du successeur...
    Tout aussi inconséquent, Murat, quelques semaines plus tard, pourra à son tour écrire : « Joachim-Napoléon par la grâce de Dieu et la Constitution de l’État, roi des Deux-Siciles, grand amiral de l’Empire, au très haut, très excellent, très puissant et très magnanime prince Napoléon, par la grâce de Dieu, empereur des Français, roi d’Italie, protecteur de la Confédération du Rhin, notre très cher et aimé bon frère, beau-frère, allié et confédéré ».
    — Voyez, ils chargeront tant l’âne qu’ils l’écraseront sous le bât, dira sa mère, l’humble paysanne Jeanne Loubières, épouse du cabaretier Murat. Exclamation qui est, en quelque sorte, le pendant du fameux pourvou qué ça doure de Madame Mère...
    Cependant, cent vingt députés doivent se réunir à Bayonne afin de proclamer roi de toutes les Espagnes don José primero, or, quatre-vingts représentants manquent à l’appel. Il en faudrait plus que cela pour décourager l’Empereur ! Il pense déjà, par l’Espagne, pouvoir passer au Maroc, et de là, occuper Alger et Tunis. Il ne se doute pas que, pour les prêtres espagnols, Buonaparte est l’homme de la Révolution, l’Antéchrist en personne, celui qui a osé toucher à leurs souverains, c’est-à-dire à leurs dieux. Dès que l’on apprend les détails du guet-apens, toute l’Espagne prend feu.
    Nullement inquiet, l’Empereur explique placidement au tsar : « J’envoie à Votre Majesté la constitution que la Junte espagnole vient d’arrêter. Les désordres de ce pays étaient arrivés à un degré difficile à

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