Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.
ligne, puisque, sans cela, une bataille heureuse compromettrait Vienne : alors on ne ferait presque pas de guerre sur le Rhin, et le théâtre se trouverait très éloigné de chez nous.
Il n'y a à ce projet qu'une objection, ce sont les maladies que nos troupes gagnent en été en Italie ; mais cette assertion est fausse : nous avons eu à cette armée vingt mille malades, sur lesquels quatre mille blessés ; des seize mille autres, quatorze mille sont de Mantoue, et deux mille sont du reste de l'armée : ce n'est pas la proportion ordinaire.
Envoyez-nous donc dix mille hommes du Rhin et dix mille de l'Océan, joignez-y quinze cents hommes de cavalerie, quelques compagnies d'artillerie, et je vous promets, avant le mois de mai, de dégager le Rhin, de forcer l'empereur à une guerre d'autant plus désastreuse, qu'elle sera à ses dépens sur son territoire.
Mon armée actuelle, renforcée par les dix mille hommes du Rhin et les dix mille de l'Océan que vous m'avez annoncés, est suffisante pour le Tyrol et l'Italie.
Les dix mille hommes qui assiègent Mantoue, qui seront bientôt douze mille, avec les vingt mille hommes que je vous demande, formeront l'armée du Frioul : avec ces deux armées j'irai à Vienne, ou du moins je me maintiendrai toute la campagne prochaine dans les états de l'empereur, vivant à ses dépens, ruinant ses sujets, en portant la guerre de l'insurrection en Hongrie.
Enfin, citoyens directeurs, je crois que du prompt départ des dix mille hommes du Rhin peut dépendre le sort de l'Italie ; mais que si vous en tirez dix mille autres, et que vous y joigniez dix à quinze mille hommes de l'Océan, vous aurez le droit d'attendre des millions, des succès et une bonne paix. De Trieste à Vienne il y a cent lieues sans places fortes, sans plan de défense arrêté : ce pays-là n'a jamais été le théâtre de la guerre.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Milan, le 18 frimaire an 5 (8 décembre 1796).
Au citoyen Auzou.
J'ai reçu, citoyen, les deux lettres que vous m'avez écrites. Si je ne vous ai pas encore fait dire la raison pour laquelle je vous ai fait arrêter, c'est que j'attendais les installations des nouveaux conseils militaires, qui, étant composés d'officiers, vous donneront des juges plus éclairés et plus dans le cas de vous entendre.
Je me plains de vous, parce que votre service n'a jamais été organisé dans l'armée et ne s'y est jamais fait ; parce que Peschiera n'a jamais été approvisionné ; parce que vous n'avez jamais fourni les moyens nécessaires à vos sous-traitans ; parce qu'enfin vous avez laissé tomber le service à plat dans un moment critique pour l'armée ; enfin parce que vous ne vous êtes jamais trouvé au quartier-général, toutes les fois que votre présence y était nécessaire, c'est-à-dire lorsque l'ennemi était sur le point de nous attaquer.
C'est par votre coupable négligence que nous avons perdu plusieurs centaines de chevaux, que le service de l'artillerie a considérablement souffert, et que la cavalerie, obligée de courir les champs et de fouiller les fermes pour assurer sa subsistance, s'est souvent portée à des excès propres à nous aliéner l'esprit des habitans ; tout cela cependant lorsque votre service a reçu depuis le commencement de la campagne dix-sept à dix-huit cent mille liv., dont vous n'avez certainement pas dépensé le tiers.
Je vous prie de m'envoyer : 1°. un état des consommations journalières des fourrages dans l'armée, ou un relevé des bons pour un des mois passés ; 2°. un état de l'emploi que vous avez fait de l'argent qui vous a été remis ; 3°.un état exact de ce que vous avez remis à chacun de vos sous-traitans ; 4°. enfin s'il arrivait qu'il y en eût parmi eux qui, par leur conduite ou leur incapacité, et quoique ayant reçu des fonds, eussent fait manquer le service, de me les dénoncer.
BONAPARTE.
Au provéditeur-général de la république de Venise.
Je n'ai pas reconnu, monsieur, dans la note que vous m'ayez fait passer, la conduite des troupes françaises sur le territoire de la république de Venise, mais bien celle des troupes de sa majesté l'empereur, qui partout où elles ont passé, se sont portées à des horreurs qui font frémir.
Le style de cinq pages, sur les six que contient la note qu'on vous a envoyée de Verone, est d'un mauvais écolier de rhétorique, auquel on a donné pour thèse de faire une amplification. Eh ! bon Dieu, monsieur le provéditeur,
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