Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
dans leur fuite ; leur tua six cents hommes, et prit des magasins de subsistances, de munitions et d'armes ; parmi ces derniers se trouvèrent mille fusils anglais. L'adjudant-commandant Carrion de Nizas, à la tête d'une colon de d'infanterie, s'est conduit d'une manière brillante ; le colonel Burthe, du quatrième de hussards, et le chef de bataillon Camus, du vingt-huitième d'infanterie légère, se sont distingués.
Ces opérations se faisaient entre le 20 et le 26 janvier.
Le 26, on commença à attaquer sérieusement la ville, et l'on démasqua les batteries. Le 27 à midi, la brèche se trouva praticable sur plusieurs points de l'enceinte. Les troupes se logèrent dans le couvent de San-Ingracia. La division Grandjean occupa une trentaine de maisons dans la ville. Le colonel Chlopiscki et les soldats de la Vistule, se distinguèrent. Dans le même moment, le général de division Merlot, dans une attaque sur la gauche, s'empara de tout le front de défense de l'ennemi.
Le capitaine Guetteman, à la tête des travailleurs et de trente-six grenadiers du quarante-quatrième, est monté à la brèche avec une hardiesse rare. M. Bobieski, officier des voltigeurs de la Vistule, jeune homme âgé de dix-sept ans, et déjà couvert de sept blessures, s'est présenté le premier à la brèche. Le chef de bataillon Lejeune, aide-de-camp du prince de Neufchâtel, s'est conduit avec distinction, et a reçu deux blessures légères. Le chef de bataillon Haxo a aussi été légèrement blessé et s'est également distingué.
Le 30, les couvens de Sainte-Monique et des Grands-Augustins furent enlevés.
Soixante maisons furent prises à la sape. Les sapeurs du quatorzième régiment de ligue se distinguèrent.
Le premier février, le général Lacoste fut atteint d'une balle, et mourut sur le champ d'honneur. C'était un officier aussi brave qu'instruit. Sa perte a été sensible à toute l'armée, et plus particulièrement encore à l'empereur. Le colonel Rogniat lui succéda dans le commandement de l'arme du génie et dans la direction du siège.
L'ennemi défendait chaque maison. Trois attaques de mines étaient conduites de front, et tous les jours trois ou quatre mines faisaient sauter plusieurs maisons, et permettaient aux troupes de se loger dans plusieurs autres.
C'est ainsi qu'on arriva jusqu'au Corso (grande rue de Sarragosse), qu'on se logea sur les quais, et que l'on s'empara de la maison des écoles et de celle de l'université. L'ennemi tentait d'opposer mineurs à mineurs ; mais peu habiles dans ce genre d'opérations, ses mineurs étaient sur-le-champ découverts et étouffés.
Cette manière de conduire le siège rendait sa marche lente, mais certaine et moins coûteuse pour l'armée. Pendant que trois compagnies de mineurs, et huit compagnies de sapeurs sont seules occupées à cette guerre souterraine, dont les résultats sont si terribles, le feu est presque constamment entretenu dans la ville par les mortiers qui lancent, des bombes remplies de cloches à feu.
Il n'y avait que dix jours que l'attaque avait commencé, et déjà on présageait la prochaine reddition de la ville. On s'était emparé de plus du tiers des maisons et on s'y était logé. L'église où se trouvait l'image de Notre-Dame del Pifar, qui par tant de miracles avait promis de la défendre, était écrasée par les bombes, et n'était plus habitable.
Le duc de Montebello jugea alors nécessaire de s'emparer du faubourg de la rive gauche, pour occuper tout le diamètre de la ville, et croiser son feu. Le général de division Gazan enleva la caserne des Suisses, par une attaque prompte et brillante. Le 17, une batterie de cinquante pièces de canon qu'on avait établie, joua dès le matin. A trois heures après midi, un bataillon du vingt-huitième attaqua un énorme couvent dont les murs en briques avaient trois à quatre pieds d'épaisseur, et s'en empara. Sept mille ennemis défendaient le faubourg. Le général Gazan se porta rapidement sur le pont par où les insurgés avaient leur retraite dans la ville. Il en tua un grand nombre, et fit quatre mille prisonniers, au nombre desquels se trouvaient deux généraux, douze colonels, dix-neuf lieutenans-colonels et deux cent trente officiers. Il prit six drapeaux et trente pièces de canon. Presque toutes les troupes de ligne de la place occupaient ce point important qui était menacé depuis le 10.
Au même instant, le duc d'Abrantès traversait le Corso par plusieurs
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