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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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savez où il gîte en
Paris ! Et vous ne le dites pas !
    — Je l’ai
su, dit Fogacer arquant son sourcil diabolique, mais du diable si je me
ramentois le nom de sa rue ! Ma mémoire n’est plus ce qu’elle fut !
    — Ha !
Fogacer ! huchai-je en me jetant sur lui et en l’empoignant aux épaules,
vous vous jouez de moi ! Parlez ! Tudieu ! Parlez !
    — Sanguienne !
s’écria Fogacer, quelle usance est-ce là ? Et saisissant mes poignets en
riant, il se dégagea avec une souplesse et une force que je n’eusse pas
attendues de lui. Voilà bien l’ingratitude des amants ! Ingratis
servire nefas [54]  !
    — Le
gîte ! Fogacer, le gîte !
    — Mais
comment, ingrat Pollux, meubler mes oublis et rhabiller mes lacunes ?
Ha ! Ma remembrance est plus trouée que fromage où s’est nichée
souris ! Tout ce que je me ramentois, cria-t-il en riant à gueule bec et
en mettant entre lui et moi, comme en jouant, la largeur de la table, c’est que
le heurtoir dudit logis figure le géant Atlas en train de porter le monde.
    — La rue,
Fogacer, la rue !
    — Miroul !
cria Fogacer, selle les chevaux ! Selle-les comme l’éclair, fils ! Et
qu’ils volent !
    — La rue,
Fogacer !
    — La rue
porte tout justement le nom de ces petites figurines en bronze dont on fait des
heurtoirs et qu’on nomme céans des marmousets.
    — La rue
des Marmousets ! criai-je. En la Ville ? En la Cité ? En
l’Université ?
    — En la
Cité ! Mais où courez-vous, Siorac ?
    — Aider
Miroul !
    — Je vous
suis, Siorac ! cria-t-il en se ruant sur mes talons. Un cheval ! Un
cheval aussi pour moi ! Par tous les bons diables de l’impossible Enfer,
poursuivit-il, sa voix sonnant haut et clair dans mon dos, j’ai grand appétit,
démêlant pour vous vos chemins, à vous conduire au plus court en votre Éden,
lequel vous devrait être d’autant cher qu’il n’en est pas d’autres : j’en
donnerais en gage mon âme périssable !

 
CHAPITRE VIII
     
     
    Havre de
grâce ! Quelle liesse m’habitait tandis que Fogacer me précédant, et
Miroul trottant à mon étrier dextre, je descendais sur ma Pompée la Grand’Rue
Saint-Denis dont en ce dimanche toute boutique était fermée et traversai le
pont Notre-Dame désert, lui aussi, de tout charroi pour gagner la cité et en
prolongement de la rue de la Verrerie dont Fogacer au passage me jeta le nom,
la rue des Marmousets. Et encore que le pavé fût quasi vide en ce midi, le
peuple, vu la touffeur, s’étant retiré chacun en sa chacunière, le chemin me
parut infini, mesuré à l’aune de ma griève impatience.
    — Fogacer,
criai-je, la parole blèze et bégayante et le cœur me cognant comme battant de
cloche dans le poitrail, avez-vous jà reconnu le logis dont l’huis porte le
heurtoir que vous avez dit ?
    Il se tourna
vers moi, le bec ouvert, mais ne l’oyant pas, je poussai ma Pompée jusqu’à la hauteur
de sa botte et lui répétai ma question.
    — J’y
fus, dit-il, avant que de vous visiter et c’est tout justement cette maison
devant laquelle vous pouvez voir cette coche de voyage et ces valets qui lui
chargent le toit de quantité de bagues et de paquets.
    À cette vue,
je me crus quasiment pâmé en ma soudaine appréhension. Je démontai et jetai mes
rênes à Miroul et sur mes gambes qui me portaient à peine tant elles
tremblaient, m’avançai à pas chancelants vers la porte, laquelle était ouverte,
laissant passer un continu va-et-vient de valets affairés qu’un majordomo qui avait les yeux fort noirs et le cuir de la face fort tanné, commandait en
provençal. Je m’approchai de ce quidam qui me parut ne m’être pas déconnu, me
nommai et quis de lui de m’annoncer à son maître.
    — Ha !
Monsieur de Siorac ! dit-il, bien je vous ramentois pour vous avoir vu une
ou deux fois à Barbentane ces cinq années passées, et bien sais-je quelles
infinies obligations vous a notre châtellenie, ayant souvent ouï de Madame que
sans vous à cette heure, il n’y resterait âme, bête ou pierre. Je vais vous
annoncer à M. de Montcalm.
    — Mais,
dis-je avec une courtoisie qui me passait à peine la gorge tant elle
était nouée, ne le vais-je point importuner ? N’êtes-vous point sur votre
département ?
    — Ha que
si ! dit le majordomo en levant les bras au ciel, et avec quelle
allégresse, Dieu le sait ! Car cette Paris, ajouta-t-il en oc, est une
villasse qui nous ragoûte peu et ses arrogants manants

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