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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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français ayant dû servir à transporter des ouvriers du S. T. O. (service du travail obligatoire), qui les ont saccagés et couverts d’inscriptions hostiles. Il cherche en vain une boulangerie. Fatigué, il revient à la gare et trouve un nouveau gîte : dans la cabine d’un camion arrimé sur un wagon plat et recouvert d’une bâche. Il s’endort aussitôt et les secousses du départ le réveillent à peine.
    « Combien de temps dure ce voyage jusqu’à la gare – je ne la connaîtrai qu’après – d’Oranienburg ? Je ne sais. Il fait noir et j’entends des voix, des voix allemandes qui gueulent parmi d’autres, françaises celles-là. Est-ce que je rêve ou quoi ? C’est bien du français que j’entends, confus, mais je ne me trompe pas… En descendant de ma plate-forme, avec précaution quand même et en me rajustant, toutes sortes d’idées m’envahissent… J’entends mieux les voix françaises…
    « Ce sont peut-être des travailleurs français qui arrivent ou bien qui repartent ? L’idée de manger, de manger une soupe chaude revient plus forte à cet instant… Il faut que j’aille voir et rien n’aurait pu me retenir ! Et puis parler avec quelqu’un de son pays sur cette terre ennemie…
    « Il n’y a qu’un train qui semble me séparer du quai d’où émane tout ce remue-ménage. La nuit est épaisse, et seules quelques lueurs bleutées rayent l’obscurité. Sans plus attendre, je passe sur les tampons entre deux wagons. Mais à peine ai-je posé les pieds sur le quai qui m’attire que je me sens happé par une poigne solide qui m’envoie brutalement, suivi d’un “Los !” tonitruant, rejoindre la foule de mes compatriotes. Je m’aperçois alors que je viens de franchir une ligne de sentinelles adossées tout au long du train qui me les cachait. Quelques faibles éclairs de lampes électriques permettent de les situer… Même à ce moment-là je suis loin de me douter dans quel guêpier mon imprudence m’a conduit…
    « En jouant un peu le “perturbé” qui a perdu toute mémoire, en questionnant les voisins qui veulent bien répondre à un “dingue”, j’apprends que “nous” venons de Compiègne, que “nous” sommes environ un millier, que, durant le trajet, plusieurs compagnons de route sont morts d’épuisement et que d’autres ont été tués en tentant de s’évader… »
    Roger Espitalié, P. G. évadé, s’est ainsi jeté dans la gueule du loup. Il le comprend vite sur la route qui le conduit à Sachsenhausen, au milieu de ses compagnons d’infortune. Il déchire les photos et papiers qu’il porte. Pour éviter tout ennui supplémentaire à ses parents qui ont été obligés de quitter Paris, il décide de choisir un faux état civil. C’est sous l’identité de Lucien Vandart, soi-disant Belge, qu’il est immatriculé dans ce convoi des « 66 000 » avec le numéro 66 814… et qu’il s’évadera à nouveau quelques mois plus tard du kommando de Lichterfelde !
    Les nazis ont traité en 1945 quelques-uns des derniers militaires français capturés comme ils ont traité dès 1941 les prisonniers de guerre soviétiques. Charles Deléglise, dont le poste d’électricien au camp de Sachsenhausen entraînait pour lui des facilités exceptionnelles de circulation, est un des rares pouvant témoigner à ce sujet :
    « Avec mon ami Ernst Brehmer, nous avons aperçu un jour une bande de soldats que j’ai aussitôt reconnu grâce à leurs uniformes français. Il y avait surtout des Nord-Africains au teint basané et du personnel d’encadrement français. Contrairement aux autres groupes d’arrivants, qui restaient en attente sur la place d’appel près de la grande porte, ceux-là ont été aussitôt parqués dans les douches. Je n’ai pas pu leur parler. Il y avait trop de S. S. autour d’eux. J’ai demandé à mon ami Ernst de se renseigner auprès de ses camarades allemands qui disposaient de filières particulières d’information. Il m’a confirmé par la suite que c’était bien des Français capturés durant la dernière offensive de von Rundstedt dans les Ardennes. Il m’a dit qu’ils avaient dû être gazés… En tout cas, ils ont disparu et nous ne les avons jamais revus. »
    Lucien Marchelidon, quittant Sachsenhausen pour Buchenwald en janvier 1945, est également surpris de découvrir dans une cour extérieure du camp 150 prisonniers militaires français d’origine nord-africaine avec quelques

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