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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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l’équipe des serfs qui travaillaient pour le seigneur contre
rétribution. Les terres du seigneur devaient être moissonnées même s’il n’était
plus de ce monde car son successeur exigerait un décompte rigoureux des tâches
accomplies et des salaires versés pour qu’elles le soient. Au crépuscule, après
avoir gagné son pain quotidien, Gwenda retournait travailler sur une autre
parcelle appartenant à Wulfric et y restait jusqu’à la nuit tombée, voire plus
tard si la lune se montrait.
    Elle n’avait pas informé Wulfric de ses agissements, mais
dans un village de deux cents âmes, les secrets étaient vite éventés. La veuve
Huberts avait tenté de lui faire entendre raison. « Qu’espères-tu ?
lui avait-elle demandé avec douceur. Tu sais bien qu’il épousera Annet quoi
qu’il arrive. Rien de ce que tu feras ne l’en empêchera.
    — Je veux juste qu’il prouve au monde qu’il est capable
de rentrer sa récolte en temps voulu, répondit Gwenda. Il le mérite. Il est
honnête et il a bon cœur. Il se tue à la tâche.
    Je veux qu’il soit heureux, même si ce doit être avec cette
chienne ! »
    Les parcelles seigneuriales sur lesquelles elle récoltait
aujourd’hui des pois et des haricots primeurs en compagnie d’autres serfs
jouxtaient celle où Wulfric, torse nu, creusait un fossé pour drainer l’eau qui
stagnait encore dans les sillons après les fortes pluies du début du mois de
juin. Elle regardait son dos puissant se courber sur sa bêche tandis qu’il
l’enfonçait sans relâche dans le sol. Ses mouvements avaient la détermination
inlassable d’une meule à grain. Seule la sueur sur sa peau trahissait son
effort. À midi, Annet, un ruban vert dans les cheveux, vint lui apporter une
cruche de bière et un casse-croûte au fromage enveloppé dans un chiffon.
    Nathan le Bailli sonna l’arrêt du travail à l’aide d’une
cloche et tout le monde gagna le bout du champ pour se réfugier à l’ombre des
frondaisons de la forêt toute proche. Nathan fit donner du cidre, du pain et
des oignons à ceux des journaliers dont le salaire incluait un repas. Adossée
au tronc d’un charme, Gwenda se mit à suivre des yeux les moindres faits et
gestes de Wulfric et d’Annet avec la fascination du condamné à mort qui regarde
s’élever l’échafaud.
    Au début, Annet usa de son charme selon sa bonne habitude,
tantôt opinant du bonnet et papillotant des paupières, tantôt donnant une
petite tape espiègle à son compagnon pour le punir d’une phrase qui lui avait
déplu. Puis, se faisant sérieuse, elle se mit à débiter un discours avec
insistance, sans tenir compte de ses protestations. Surprenant les regards
qu’ils lui jetaient, Gwenda en conclut qu’ils parlaient d’elle. Annet devait
avoir découvert qu’elle travaillait sur les parcelles de Wulfric. Elle repartit
d’ailleurs assez vite, irritée semblait-il. Wulfric s’enfonça dans une solitude
pensive.
    Le repas terminé, les travailleurs achevèrent leur temps de
pause chacun à sa façon : les plus âgés s’étendirent à même le sol pour
somnoler un moment, les jeunes se regroupèrent pour causer. Wulfric en profita
pour venir s’accroupir à côté de Gwenda.
    « Tu sarcles mes parcelles », dit-il.
    Gwenda contre-attaqua, bien décidée à ne pas lui présenter
d’excuses. « Annet te l’a reproché ? Tu dois en avoir pris pour ton
grade.
    — Elle ne veut pas que tu travailles pour moi.
    — Qu’est-ce qu’elle veut ? Que je replante les
mauvaises herbes ? »
    Il promena les yeux autour de lui et répondit en baissant
inutilement la voix, car tout le monde alentour se doutait bien de quoi ils
parlaient. « Je sais que tes intentions sont bonnes et je t’en remercie,
mais tu me crées des problèmes. »
    Wulfric sentait la terre et la sueur et Gwenda prenait
plaisir à sa présence. « Tu n’y arriveras jamais tout seul, et ce n’est
pas Annet qui te donnera un coup de main.
    — Ne la critique pas, tu seras gentille. D’ailleurs, ne
parle pas d’elle du tout.
    — Tu as raison. Mais je te le répète : tout seul,
tu ne rentreras jamais ta récolte ! »
    Il soupira. « Si seulement le soleil pouvait se
montrer ! » Par réflexe de paysan, il leva les yeux vers le ciel. De
gros nuages s’amassaient à l’horizon. Ce temps frais et humide ne présageait
pas une bonne moisson.
    « Laisse-moi faire ! insista Gwenda, d’une voix
presque suppliante. Dis à Annet que tu

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