Une histoire du Canada
Canada », explique gentiment riel, mais il a opté pour le mauvais geste. C’est une chose que de mener une rébellion armée mais sans effusion de sang ; c’en est une autre que d’assassiner scott de façon quasi judiciaire.
La mort inopinée de scott réveille les démons en Ontario. anglais, protestant et orangiste, on peut l’ériger en symbole, en martyr même, de la liberté anglo-protestante contre riel, un catholique et un Français2. On a déjà monté une expédition militaire constituée de troupes impériales et coloniales sous les ordres d’un officier britannique, le colonel Garnet Wolseley. riel a fourni un cri de guerre à la portion canadienne de l’expédition. Mais quand, en août 1870, au terme d’un très long voyage en bateau à vapeur et canoë 9•expansioneTdésillusion,1867–1896
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depuis le Canada central – il n’existe aucun chemin de fer au nord ni à l’ouest de la baie Georgienne –, Wolseley arrive au vieux fort de la baie d’Hudson à rivière-rouge, riel prend la fuite aux états-Unis.
en conséquence de la rébellion de la rivière-rouge, le Manitoba devient une province (à l’origine, un minuscule rectangle au sud du lac Winnipeg) dans le cadre d’une entente conclue à la hâte entre Macdonald et les habitants de la rivière-rouge. Comme les autres provinces canadiennes, le Manitoba a son propre gouvernement et sa propre assemblée législative élue, qui est autonome et représentative de la politique et de la fierté locales. À l’encontre des provinces plus anciennes, il dépend entièrement des subventions du gouvernement du dominion, ce qui confère à ce dernier une certaine utilité, de l’avis de Macdonald. Le Manitoba devient ainsi la cinquième province canadienne.
Comme premier ministre, Macdonald a suffisamment de problèmes.
il lui faut créer des institutions répondant aux aspirations transcontinentales du Canada et certaines de ses premières démarches ne peuvent guère être qualifiées de fructueuses. La politique bancaire entraîne la démission de deux ministres des Finances ; ce n’est que le troisième, sir Francis Hincks, qui parvient à faire adopter la Loi sur les banques , qui favorise, de manière trop évidente toutefois, la Banque de Montréal et la communauté financière montréalaise par rapport aux autres centres bancaires régionaux comme Halifax et toronto.
en manque de fonds, le gouvernement fait de son mieux pour lever des impôts, en respectant les limites du tarif fiscal, mais il lui faut malgré tout emprunter pour mener à bien ses projets incontournables. L’expansion territoriale coûte cher : il faut commencer par acheter la terre de rupert, puis la Colombie-Britannique, persuadée de se joindre au Canada en 1871 grâce à une promesse de liaison transcontinentale avec le reste du pays. Macdonald propose la construction d’un chemin de fer dans les dix années qui suivent, à la grande surprise et à l’immense plaisir des Britanno-Colombiens à l’origine. Ces derniers savent, et Macdonald le sait aussi, que cela va coûter énormément d’argent. vaste en superficie mais avec une minuscule population, la Colombie-Britannique devient la sixième province du Canada.
Puis, c’est au tour de l’Île-du-Prince-édouard qui, dans les années 1870, est beaucoup plus peuplée que la Colombie-Britannique, en plus d’avoir une pêcherie et un chemin de fer. ne pouvant se permettre d’avoir leur chemin de fer, les insulaires se mettent à chercher des façons de le payer. sans doute le Canada n’est-il pas très riche, mais il l’est davantage que l’Île et, sous les chauds rayons de l’approbation impériale, l’Île-du-Prince-édouard se joint au Canada en 1873, devenant ainsi sa septième province.
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UnE HIsTOIRE dU Canada
Macdonald dispose de tous les éléments pour bâtir un pays. il lui faut à présent les mettre ensemble. il ne peut guère compter sur de l’aide extérieure : dirigé par William ewart Gladstone, grand adepte de l’économie, le gouvernement britannique ne souhaite nullement qu’on lui rappelle ce que le Canada lui a déjà coûté. dans le cadre de son propre programme économique, Gladstone retire du Canada les garnisons britanniques qui y restaient, n’y laissant que deux bases navales, à Halifax et esquimalt, dans l’île de vancouver. Cela revient à admettre que la Grande-Bretagne a peu d’espoir d’organiser la défense en règle du territoire
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