Une histoire du Canada
encouragements des allemands, l’autriche-Hongrie entre en confrontation avec la serbie, ce 10•explosioneTmarasme,1896–1914
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qui déclenche des réactions en russie, qui soutient la serbie, et en France, qui soutient la russie. À la fin-juillet, les deux camps sont prêts à la guerre, la seule incertitude qui reste étant de savoir si la Grande-Bretagne va se mettre dans le chemin. au bout du compte, le gouvernement britannique ne peut trahir ses engagements envers la France, puisqu’il se rend compte que si l’allemagne l’emporte sur la France, sa position en europe s’en trouvera énormément renforcée, ce qui mettrait la Grande-Bretagne en péril.
Les généraux allemands s’occupent du reste, préparant l’invasion de la France en passant par la Belgique, un pays neutre, que les Britanniques, les Français et tous les autres ont autrefois accepté de laisser à l’écart et de respecter sa neutralité en cas de conflit. dès lors, la Grande-Bretagne peut entrer en guerre pour défendre les droits d’un pays neutre, la Belgique, et c’est ce qu’elle peut dire à l’empire. Le 4 août 1914, la Grande-Bretagne déclare la guerre à l’allemagne.
La nouvelle est bien reçue dans certains milieux canadiens. Comme ailleurs dans le monde occidental, politique et société ne semblent pas faire bon ménage. Ce qui irrite le plus, c’est de voir les politiciens égratigner la surface des problèmes du monde. il y a eu trop de compromis, trop de basses corruptions ; le Canada, et le monde, ont besoin de mesures d’envergure. Le ministre canadien de la défense et de la Milice, le général sir sam Hugues, en ressent le besoin et en entend l’appel. il a craint que ce ne soit pas le cas, qu’au bout du compte, cet homme ne connaisse pas l’heure de son destin.
Lorsque, brièvement, il semble que la paix va prévaloir, il abaisse l’ Union Jack flottant au-dessus de son quartier général. Le 4 août, Hugues le hisse à nouveau tout en haut de sa hampe. Quel sentiment extraordinaire que de se sentir Britannique, après tout.
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Briser le moule
1914-1930
L’art et le patriotisme : Miss Canada encourage un agriculteur à contribuer sur cette affiche du Fonds patriotique canadien, 1919
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En1914eTdenouveauen1939, le Canada part en guerre parce que la Grande-Bretagne part en guerre. tout comme la guerre de 1812, qui est, sur bien des plans, la suite et la résolution de la révolution américaine de 1776, la deuxième Guerre mondiale de 1939–1945 est un prolongement de la Grande Guerre de 1914–1918.
au premier abord, le Canada de 1939 est très différent du Canada de 1914. Les jupes plus courtes, les vêtements plus légers et le rythme de vie plus rapide sont les signes les plus évidents du changement. Pourtant, autour des foules, le panorama n’a pratiquement pas changé. Les victoriens ont bâti pour des siècles et leurs monuments bordent les rues canadiennes.
Les édifices publics les plus répandus et certainement les plus frappants sont encore les églises. Qu’ils soient de style gothique, victorien ou néoclassique, les édifices gouvernementaux en mettent plein la vue, tout comme les temples des affaires, comme les banques et les compagnies d’assurance. Le grand édifice sun Life au carré dominion à Montréal en constitue l’exemple par excellence, solide mais haut, « rappelant la rome impériale », selon un critique1. Leurs monuments peuvent être d’autant plus impressionnants et plus hauts que, derrière les piliers, la pierre et le béton, ils sont supportés par des poutres d’acier et qu’on y accède au moyen d’ascenseurs électriques.
en conséquence, les centres des villes canadiennes sont tout en hauteur et, dans les années 1910 et 1920, des secteurs urbains aussi petits que régina bâtissent leurs « gratte-ciel » de dix étages.
Le centre-ville est toujours le centre-ville, carrefour des affaires, du magasinage et de la finance. d’est en ouest, les centres-villes canadiens sont curieusement familiers, par les styles des édifices ou des paysages de rues mais également par les noms des édifices. Le Canada devient un pays de grandes entreprises. son système bancaire est regroupé en quelques banques, dont les sièges se trouvent, dans les années 1920, à Montréal et toronto, chacun doté de nombreuses succursales (au Québec, un mouvement coopératif, les caisses populaires, varie la formule, mais les banques canadiennes
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