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Une histoire du Canada

Une histoire du Canada

Titel: Une histoire du Canada Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Bothwell
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ralentit et les importations sont en baisse, entraînant dans leur sillage les recettes douanières qui constituent la principale source de revenus du gouvernement. Le gouvernement possède peu d’instruments économiques de son ressort. il n’y a pas de banque centrale ni d’impôt sur le revenu. Les provinces ont leurs propres besoins en matière de revenus. ainsi, le gouvernement fait ce que les gouvernements canadiens ont toujours fait lorsqu’ils font face à un manque de fonds : il demande un prêt au marché financier de Londres. On 11•Briserlemoule,1914–1930
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    le lui accorde mais en le mettant en garde de ne plus compter sur Londres à l’avenir puisque le gouvernement britannique a peu d’argent à consacrer aux colonies. dans le cas du Canada, il existe une solution évidente : new York. C’est le signe que les temps changent et ils changeront encore plus au cours des prochaines années.
    en ce qui a trait aux matières consommables, le Canada a suffisamment de blé et la récolte approche. Le Canada offre du blé à la Grande-Bretagne, qui accepte. Quant aux troupes, les miliciens de partout au pays sont impatients de combattre. rares sont les soldats de métier qui freinent l’enthousiasme des recrues par leurs conseils. Le ministre de la défense, sir sam Hughes, est extrêmement enthousiaste, sa seule crainte étant que la guerre se termine avant que ses troupes puissent se rendre en europe.
    Hughes n’est pas le seul à vouloir faire son effort de guerre. Les recrues envahissent les installations militaires. À edmonton, deux mille hommes défilent à partir du United Services Club derrière un orchestre qui joue « Rule Britannia » ainsi que les hymnes nationaux français et russes7.
    Le même enthousiasme déferle sur le pays – à l’exception, apparemment, des régions francophones du Québec. Les politiciens suivent la foule, désavouant publiquement le sectarisme politique et lançant un appel à l’unité. Cependant, comme toujours, le besoin en matière de compétences politiques et l’art du compromis rétabliront le sectarisme politique en l’espace de quelques mois.
    Hughes assemble rapidement les composantes d’une armée à l’extérieur de la ville de Québec et l’envoie en europe sans aucune préparation ni formation sur le premier navire disponible. Le Corps expéditionnaire canadien (CeC), comme on l’appelle, devient une division du Corps expéditionnaire britannique mais il faudra quelque temps avant que les Canadiens ne débarquent en France. ils doivent apprendre à défiler, à tirer et à creuser. Le Corps de santé doit apprendre à faire face à l’hygiène et à la maladie : les premières pertes du CeC se produisent au camp, en angleterre, loin du champ de bataille.
    À ses débuts, le CeC consiste en une force amatrice dirigée par des commandants amateurs, enthousiastes mais indisciplinés8 (paradoxalement, les quelques officiers de la force permanente dont les compétences techniques sont nécessaires – les transmissions et l’artillerie, par exemple – sont retenus au Canada afin d’aider au fonctionnement de l’organisation militaire). À
    l’arrivée du CeC en Grande-Bretagne, les Britanniques fournissent des officiers de métier pour renforcer ses rangs, en particulier pour les postes d’état-major. Plus le rang est élevé et plus la fonction est technique, plus il est probable que l’officier choisi sera britannique.
     
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    il en va de même pour beaucoup de soldats. Le Canada connaît une immigration britannique importante avant 1914 (en 1911, plus de dix pour cent de la population canadienne est britannique)9. Beaucoup de ces immigrants sont déçus de ce qu’ils trouvent : le Canada n’est pas tout à fait conforme à leurs attentes. Un grand nombre sont des hommes célibataires et, en 1914, beaucoup de célibataires sont sans emploi et, par conséquent, relativement mobiles. La réputation du Canada en tant que terre d’avenir est passablement mise à rude épreuve, en particulier face aux comptes rendus sur les conditions des taudis, qui sont similaires à celles du tiers-monde. On rapporte qu’à Montréal, le taux de mortalité infantile est le même que celui de Calcutta. évidemment, beaucoup de soldats canadiens ne laissent pas grand-chose derrière eux. au sein du premier contingent, qui compte 36 267 soldats – ceux qui quittent à la fin de mars 1915 – 23 211
    sont des immigrants

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