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Une histoire du Canada

Une histoire du Canada

Titel: Une histoire du Canada Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Bothwell
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britanniques, 10 880 sont nés au Canada, et de ces derniers, 1 245 sont francophones10.
    dès le début, il est clair que le Canada ne s’engage pas dans la guerre en tant que pays uni. Bien sûr, rien ne s’oppose vraiment à son engagement mais l’enthousiasme officiel cache des signes d’inquiétude. La Presse avance que les Canadiens français pourraient s’enrôler dans des unités qui serviront dans l’armée française ou peut-être même ne pas s’enrôler du tout : le Canada servirait mieux l’empire en envoyant du blé et d’autres produits de base. L’hésitation d’un côté est à la mesure des doutes de l’autre.
    À Montréal, la police dissuade même les citoyens de chanter « Ô Canada »
    plutôt que l’hymne officiel « God Save the King ».
    anglophones et francophones ont des opinions divergentes. il y a toujours les préjugés : la crainte de l’autre langue ou de la religion catholique ou, inversement, des protestants. dans les provinces anglophones, on conteste l’usage du français comme langue de l’enseignement, qu’on a supprimé dans l’Ouest et qu’on remet en question en Ontario, où l’enseignement du français a été banni par le gouvernement provincial dans les systèmes scolaires autant publics que confessionnels. L’initiative du gouvernement, qui reçoit l’appui de la hiérarchie catholique anglophone de l’Ontario, est contrôlée par des brigades d’inspecteurs scolaires11. Or, comment les soldats canadiens-français peuvent-ils se battre pour la justice à l’étranger si elle leur est refusée dans leur pays ?
    Le gouvernement fédéral ne peut pas changer grand-chose en ce qui concerne les écoles et la langue ; la dernière fois qu’il s’y est essayé, au Manitoba en 1896, il a essuyé un revers. Borden montre peu d’intérêt pour cette question et encore moins pour ce que le faible contingent canadien-français peut lui dire dans son cabinet. Le gouvernement de l’Ontario –
    conservateur, comme Borden, et fort de puissants sympathisants au sein de son cabinet – refuse de bouger. Par conséquent, Borden ne fait rien.
     
    11•Briserlemoule,1914–1930
    269
    La question des « écoles de l’Ontario » inspire une certaine animosité dans la relation entre les francophones et les anglophones durant la Grande Guerre et n’encourage en rien le recrutement des Canadiens français au cours de ce conflit. Pourtant, l’antipathie des Canadiens français pour les aventures militaires outre-mer est déjà bien établie – les antécédents de la guerre d’afrique du sud et de la controverse navale de 1909-1913 l’ont établi assez clairement. depuis longtemps, les opinions diffèrent à l’égard de certaines grandes questions d’intérêt public – la langue et les écoles dans l’Ouest ainsi que la rébellion de riel en sont des exemples évidents.
    il existe également une forte tradition de réconciliation et de compromis dans le régime politique national, en particulier dans les deux grands partis politiques, conservateur et libéral. Laurier est pratiquement l’incarnation parfaite de la tradition, se faufilant entre les obstacles, équilibrant les intérêts et les préjugés, cédant lorsqu’il le faut, approuvant et progressant. des villes comme Montréal et Québec ont leur propre version à petite échelle du régime national et les élites politiques et commerciales des deux langues sont en bons termes, ne pouvant faire autrement. À Montréal, avant 1914, le maire est tantôt anglophone tantôt francophone. après 1914, même si le mandat de maire passe aux mains des Canadiens français de façon permanente, les anglophones demeurent un aspect important de la politique municipale.
    sur la grande question de l’empire, les opinions divergent. Les Canadiens français ne sont pas des républicains. Les Canadiens français notables acceptent les titres de chevalier qui pleuvent sur les Canadiens influents et participent avec enthousiasme au folklore de la monarchie –
    l’apparat, les défilés et les cérémonies, et l’adoration portée aux membres de la royauté. À ceci s’ajoutent les cérémonies parallèles de l’église tout aussi hautes en couleur qui sont aussi plus fréquentes et, par conséquent, probablement plus exigeantes sur le plan quotidien. L’église catholique n’est aucunement une force subversive et sa hiérarchie ne remet jamais en question, du moins en public, les pouvoirs en place – dont

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