Une histoire du Canada
Parfois, les politiciens ont le courage de congédier un ou deux généraux mais ce n’est pas une tâche facile parce que les commandants militaires sont devenus des figures iconiques, des symboles d’espoir, de compétence et de bravoure. il n’y a que deux commandants du CeB, sir John French et sir douglas Haig. Haig, qui commande les armées de l’empire britannique en France de 1915 à 1919, dirige la désastreuse bataille de la somme en 1916, l’aussi désastreuse offensive des Flandres en 1917 et la quasi-défaite de l’armée britannique à amiens en 1918. sa gestion de la guerre se mesure en millions de morts et de blessés chez les Britanniques, y compris plus de 200 000 Canadiens (56 000 morts, 150 000 blessés).
irrités par les actions de généraux, les politiciens n’ont rien de mieux à offrir. après tout, ce sont eux qui établissent les objectifs militaires et l’incompatibilité absolue des objectifs des belligérants est ce qui détermine la durée de la guerre. Les alliés – la Grande-Bretagne, la France et l’empire russe – conviennent au début de ne pas signer de paix séparée et, remarquablement, tiennent leur promesse. ils prétendent se battre pour la justice et la primauté du droit ; en pratique, ils se battent afin d’empêcher l’hégémonie allemande en europe. Bien que les alliés n’en connaissent pas les détails, il s’agit effectivement de l’objectif des allemands.
Comme la guerre se révèle beaucoup plus chère sur le plan du patrimoine et des vies que ce à quoi les combattants s’attendaient, il devient nécessaire de faire appel aux valeurs transcendantales du sacrifice de la population civile. Les fruits de la victoire s’accumulent tandis que les périls de la défaite augmentent. Les propagandistes ne laissent pas à l’imagination la vilenie de l’ennemi, ils la cultivent. Les Canadiens apprennent, par le 11•Briserlemoule,1914–1930
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biais des journaux et de la propagande officielle, que les allemands (appelés les Huns en relation avec les barbares d’autrefois) traversent la Belgique et la France en se livrant au pillage et au viol. Les affiches de guerre illustrent la barbarie bestiale des soldats allemands ; les politiciens et les publicistes déclament le message sur la scène publique tandis que, dans les églises, les ministres du culte et les prêtres l’amplifient. au fil des mois et des années, en raison du ton perçant de la rhétorique, il est de plus en plus difficile d’arriver à une paix de compromis et effectivement, elle n’a pas lieu. La guerre devra être gagnée ou perdue sur le champ de bataille et au front intérieur, non grâce à la diplomatie.
Le front intérieur peut constituer un point faible. en russie, un gouvernement faible et un régime politique chaotique, combinés à la perturbation de l’économie et à la défaite militaire, minent les bases du régime impérial. en mars 1917, l’empereur russe est renversé et remplacé par une alliance précaire de politiciens bourgeois et de militants travaillistes.
ils sont à leur tour renversés en novembre par la faction bolchevique radicale du Parti socialiste démocratique russe sous vladimir ilitch Lénine, qui se proclame représentant des travailleurs et des paysans. en mars 1918, Lénine et les bolcheviques retirent la russie de la guerre, acceptant toutes les conditions des allemands. Ces derniers exigent des conditions sévères et, par le fait même, montrent au reste du monde ce à quoi ressemblerait une paix dictée par les allemands. Cependant, les russes et les bolcheviques ont prouvé qu’il est possible de mettre un terme à la guerre et d’y survivre et, dans le contexte de 1917-1918, leur exemple est contagieux.
AcciDEnT ET pRécéDEnT :
LE cAnADA ET L’EmpiRE BRiTAnniqUE
avant 1914, le Canada n’a pas, et ne peut pas avoir, de politique étrangère. en tant que colonie de l’empire britannique, il jouit d’une autonomie interne, y compris la capacité de légiférer sur ses propres taxes, notamment les tarifs. il applique sa propre politique commerciale étrangère, en tant que prolongement de cette autonomie tarifaire, négociant et appliquant des accords commerciaux (toujours signés par une autorité britannique) avec divers pays, notamment la France et les états-Unis. Mais pour ce qui est de la politique de défense et des autres aspects de la politique étrangère, le Canada accepte ce que la Grande-Bretagne choisit de
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