Une histoire du Canada
faire. si l’occasion est assez importante, comme dans le cas de la guerre des Boers et de la Grande Guerre, le Canada est tenu de participer. aucun représentant canadien n’est présent lorsque le cabinet britannique décide d’entrer 278
UnE HIsTOIRE dU Canada
en guerre en août 1914, ni lorsque les ministres britanniques reçoivent des renseignements au sujet de la guerre ou décident d’une politique de guerre.
Les ministres britanniques relèvent de l’électorat britannique et non de l’électorat canadien. Leurs décisions concernent le Canada et, sur le plan juridique, ils représentent le Canada en matière d’affaires étrangères mais ils n’ont pas à diriger la politique canadienne ni à répondre aux conséquences locales des décisions impériales. Ces tâches reviennent à Borden et au cabinet canadien. Borden, qui se trouve à six mille quatre cents kilomètres du siège de l’empire et de la guerre, a ses propres priorités malgré le fait que, pendant l’été et l’automne 1914, les obligations impériales ont pris le relais.
Jusqu’en 1914, les obligations impériales n’ont jamais imposé de tensions ni de coûts importants au Canada. elles le font maintenant et les relations entre la colonie et l’empire prennent la même tournure qu’en 1830.
si la colonie paie en espèces et en nature et que ses ministres assument le risque politique de fournir des hommes et de l’argent sur une base continue et apparemment indéfinie, le gouvernement impérial et sa colonie doivent se consulter et établir la responsabilité.
Le problème réside dans le fait qu’il n’y a pas d’institution, aucune organisation au sein de laquelle la représentation et la responsabilité peuvent être réunies. il y a les vieux problèmes de communication et de distance, sans compter la force de l’habitude, les ministres britanniques n’étant pas habitués de prendre des décisions de concert avec leurs homologues coloniaux. Certains membres du gouvernement britannique se demandent tout haut si, au lieu de partager le pouvoir souverain de la Grande-Bretagne, il ne serait pas plus facile de régler le problème en concédant l’indépendance au Canada et à l’australie20.
Borden se rend en Grande-Bretagne à l’été 1915. au lieu d’y trouver de la détermination et des décisions, il se heurte à l’hésitation, à la confusion et à la désunion. La contribution du Canada – jusqu’ici, plusieurs divisions de combattants – est appréciée mais personne ne peut dire au premier ministre canadien si la guerre sera victorieuse et de quelle manière y parvenir. À son retour au Canada, Borden s’aperçoit que les journaux sont encore une fois sa principale source d’information. irrité, il rédige une lettre en janvier 1916
dans laquelle il compare la position des dominions à un « jouet automate ». il demande : « Cette guerre est-elle menée seulement par le royaume-Uni ou est-ce une guerre menée par l’ensemble de l’empire21 ? »
il n’existe pas de réponse satisfaisante. La politique britannique est instable et les politiciens britanniques sont distraits. entre-temps, Borden connaît ses propres problèmes. au Canada, le recrutement diminue en 11•Briserlemoule,1914–1930
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1916, la controverse entourant les écoles ontariennes atteint de nouveaux niveaux d’âpreté et des scandales concernant la distribution des contrats de guerre frappent le gouvernement. dans ce contexte, Borden n’est pas en position de faire pression pour une représentation plus importante du dominion dans la formulation de la politique de guerre.
Quand elle arrive, la réponse résulte d’un changement politique en Grande-Bretagne et non au Canada. david Lloyd George, un ministre libéral influent du gouvernement britannique et depuis peu ministre des Munitions, destitue son prédécesseur, le libéral H. H. asquith, en décembre 1916. Lloyd George reconnaît depuis un certain temps l’importance des dominions pour l’effort de guerre britannique, sur les plans militaire et économique. Politicien très terre-à-terre embrassant de nouveaux courants de pensée, Lloyd George conçoit sans problème que les dominions puissent être inclus dans la politique britannique. il demande rapidement à leurs chefs, y compris Borden, de venir à Londres afin de discuter de la stratégie de la guerre. Pour diriger les représentants des dominions, Lloyd George crée un cabinet impérial de guerre
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