Une histoire du Canada
autres compétences nord-américaines, la taxe sur l’essence leur procure une nouvelle source de revenu lucrative, mais cet argent servira aux routes. en ce qui concerne les provinces, la moralité aussi a un prix. Malgré le caractère honorable et bien intentionné de la prohibition, la taxe sur les boissons alcoolisées apaise surtout les consciences politiques.
Le péché s’avère profitable, et non seulement pour les pécheurs. Malgré tout, même avec les taxes sur l’essence et l’alcool, la province la plus riche et la plus diversifiée, l’Ontario, accuse un déficit régulier et doit emprunter34.
L’Ontario conservatrice et le Québec libéral attendent la même chose de Mackenzie King : de l’argent, un objectif commun à toutes les provinces. L’Ontario est à l’origine de la demande à l’effet qu’Ottawa quitte le champ d’imposition sur lequel il a empiété en 191735. Ottawa refuse. La guerre a entraîné une dette d’un milliard de dollars et le gouvernement fédéral doit l’assumer seul. s’ensuivent des négociations houleuses et sans fin. Le gouvernement fédéral caresse ses propres espoirs, cherchant un moyen de modifier la constitution canadienne, l’acte de l’amérique du nord britannique, au Canada. Les provinces ont bien d’autres choses en tête et finalement, ni King ni Lapointe, alors ministre de la Justice, ne peuvent trouver de proposition acceptable.
en bout du compte, King accorde aux provinces ce de quoi elles se contenteront. Les Prairies ont leurs ressources naturelles, comme toutes les autres provinces, en plus de certains octrois supplémentaires. il se concilie les bonnes grâces de l’Ontario et du Québec par des concessions en matière d’énergie hydroélectrique. Les Maritimes obtiennent une commission royale, la ventilation de leurs griefs, quelques futilités relatives au chemin de fer interprovincial et d’autres octrois.
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Le souhait de Mackenzie King quant à une formule visant à modifier la constitution tient à des motifs qui vont au-delà de ses raisons rhétoriques habituelles. il est conscient que le statut du Canada sur le plan des affaires extérieures connaîtra des changements. en 1926, les Britanniques accordent l’indépendance aux dominions et ceux-ci promettent de s’harmoniser au principe avec une législation officielle.
il s’agit d’un changement radical par rapport à la situation lors du départ de Borden en 1920. La résolution iX de la Conférence impériale de guerre de 1917 a prévu l’égalité entre les nations de l’empire britannique mais a également promis la tenue d’une grande conférence constitutionnelle à la fin de la guerre sans pour autant faire de promesses quant au dénouement de cette conférence. il est vrai que le Canada devient un membre distinct de la société des nations avec l’australie, la nouvelle-Zélande, l’afrique du sud et l’inde (bien que l’inde ne soit guère indépendante de la Grande-Bretagne). dans l’ensemble, la délégation canadienne à la société coopère avec son homologue britannique mais reçoit ses directives d’Ottawa et non de Londres.
néanmoins, l’unioniste Borden et les gouvernements de Meighen s’efforcent du mieux qu’ils peuvent de placer le Canada au sein d’une politique étrangère impériale qui, selon eux, convient aux traditions du Canada. ils croient également que le Canada aura plus de poids sur le plan international en faisant partie d’une grande puissance impériale plutôt qu’en tant qu’ancienne colonie isolée au nord des états-Unis dans un hémisphère mal connu. Leur politique est mise à l’épreuve lors d’une Conférence impériale en 1921. sir Lloyd George est toujours premier ministre et son gouvernement, comme celui de Meighen, est une continuation précaire de sa coalition de temps de guerre. Lloyd George veut que la Conférence impériale ratifie sa décision sur la poursuite de l’alliance britannique avec le Japon, qui arrive à échéance. Une telle décision est très importante pour l’australie et la nouvelle-Zélande, qui ont besoin de la protection que leur procure l’alliance, et elle dispenserait la Grande-Bretagne de certaines dépenses liées à la protection des dominions du Pacifique. toutefois, en prenant cette décision, Lloyd George ignore les signes d’hostilité que montrent les états-Unis, dont les gouvernements ont demandé, à juste titre, contre qui
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