Une histoire du Canada
King et ses ministres n’éprouvent aucune difficulté à recruter rapidement certains hommes d’affaires parmi les plus talentueux du pays pour les aider à gérer l’effort de guerre (baptisées
« collaborateurs bénévoles », ces recrues comptent même en leurs rangs le très compétent neveu de sir robert Borden, Henry).
avec une telle recette, on ne peut que connaître la réussite, sur le plan national uniquement cependant. La réussite à la guerre dépend des principaux alliés, la Grande-Bretagne et la France, et le ciel au-dessus de leurs têtes paraît bien sombre. en manque de fonds, les Britanniques s’efforcent de faire des économies sur les mandats versés au Canada, comme sur tous les autres mandats payés en dehors de leur propre zone monétaire (la « zone sterling »). La production des industries canadiennes en 1939-12•mondeshosTiles,1930–1945
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1940 est par conséquent restreinte. Beaucoup de chômeurs sont alors attirés par le recrutement dans les forces armées ; mais il reste malgré tout des travailleurs, surtout si l’on compte dans la main-d’œuvre disponible les travailleuses volontaires. Une Force expéditionnaire canadienne part pour la Grande-Bretagne en décembre 1939 et, dès le printemps, elle est presque prête à se déployer aux côtés de l’armée britannique en France.
tout va trop vite pour le gouvernement britannique, toujours dirigé par neville Chamberlain. après avoir conquis la Pologne en septembre 1939, les allemands avalent la norvège et le danemark en avril 1940, repoussant les Britanniques de l’autre côté de la mer du nord. À la suite de la défaite en norvège, Chamberlain doit céder sa place à Winston Churchill le 10 mai 1940, précisément le jour où les allemands déclenchent l’invasion de la France et des Pays-Bas. Cinq semaines plus tard, l’armée britannique est chassée de France et les Français sollicitent la paix. Ce qui reste du gouvernement français, sous la direction d’un ministre de second rang, le général Charles de Gaulle, s’enfuit à Londres, où il s’efforce de soulever la résistance dans l’empire français sous la bannière de la « France libre ».
Pour le moment, toutefois, la Grande-Bretagne est la seule qui s’oppose à l’allemagne, avec le seul soutien de l’empire. Parmi les nations qui constituent l’empire britannique, c’est le Canada qui est le plus proche de la Grande-Bretagne, ainsi que l’allié le plus important sur le plan économique et sur celui du soutien militaire à court terme. il y a là matière à réflexion vu l’état d’avancement de la mobilisation au Canada en juin 1940.
au Canada, le Parlement se réunit alors que s’abat une pluie de catastrophes. il est heureux que King choisisse ce moment pour mettre à profit un de ses talents. À l’encontre de Borden pendant la plus grande partie de la Grande Guerre, King peut compter sur un cabinet exceptionnellement fort, qu’il a encore renforcé en 1940. C’est à C.d. Howe, qui possède la capacité sans égale de prendre rapidement toute sorte de décisions ainsi que les compétences en gestion dont sont souvent dépourvus les hommes politiques, qu’il confie la production de guerre, dont les Britanniques avaient dû s’occuper pendant la Grande Guerre. doué lui aussi, le ministre des Finances, J.L. ilsley est capable d’expliquer et de justifier la décision gouvernementale d’adopter une politique de financement à mesure pour la guerre, qui impose un programme d’impôts élevés et de faible inflation, soutenu par un strict programme de contrôle des salaires et des prix. Ce dernier devient nécessaire à la fin de l’année 1941, alors que les industries de guerre et le recrutement militaire siphonnent les chômeurs19 et qu’il se produit des pénuries de matériaux car les rares approvisionnements sont consacrés à l’effort de guerre. À titre de ministre de la Justice et de ministre de premier plan, Lapointe dirige le fort contingent du Québec, quoique, en 1940-1941, sa santé commence à décliner ; il mourra en novembre 1941.
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avec l’appui de King, Howe et ilsley prennent la décision de risquer le crédit du gouvernement en se lançant dans un vaste programme de production de guerre. Le recrutement dans les forces armées, l’armée de terre, la marine et la force aérienne, est volontaire jusqu’en juin 1940, après quoi il est soutenu par une loi amendée
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