Une histoire du Canada
l’ensemble du Canada, de ne pas promulguer une loi sur la conscription. au cours de ce plébiscite, en gros, les Canadiens français optent pour le « non » et les Canadiens anglais pour le « yes ». On note bien sûr des exceptions. dans la petite ville de shawinigan, au Québec, un Canadien français unilingue, qui porte le nom plutôt inhabituel de Wellie (en mémoire de Wellington) Chrétien vote « oui ». Wellie Chrétien est un anti-conformiste et il y a sans conteste dans l’ensemble du Canada beaucoup de gens comme lui, répartis dans les deux camps. Un autre Canadien français de tout premier plan, le ministre de la Justice Louis saint-Laurent vote « oui » lui aussi et il se propose d’assumer les conséquences de sa prise de position. Quand le premier ministre dépose un projet de loi visant à légaliser la conscription pour le service outre-mer, il le soutient. Un des autres ministres originaires du Québec remet sa démission tandis que les autres se dérobent, l’air embarrassé. À leur intention, King a préparé une réponse qui fera partie des classiques de l’héritage politique canadien : « la conscription si nécessaire mais pas nécessairement la conscription ». La loi figure déjà dans les textes mais on ne l’appliquera pas – pas encore du moins.
La raison en est simple : pour le moment, il n’y a pas besoin de renforts. L’aviation royale du Canada subit de lourdes pertes dans certaines 12•mondeshosTiles,1930–1945
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catégories, surtout pendant la campagne de bombardements de l’allemagne, et la marine prend part elle aussi à de violents combats. La grande crainte est ce qui se produira quand l’armée de terre y prendra part à son tour.
Cependant, jusqu’en 1943, si l’on excepte Hong Kong et une sanglante incursion manquée vers la ville côtière française de dieppe, l’armée canadienne ne fait pas directement face à l’ennemi. son principal ennemi est l’ennui, de sorte que le gouvernement canadien fait des pieds et des mains pour qu’elle prenne part à l’invasion de la sicile par les alliés en juillet 1943. au prix d’une division de l’armée, une partie des troupes demeurant en Grande-Bretagne pendant que l’autre part pour la Méditerranée, c’est ce qui est fait.
il est un autre élément dont il faut absolument tenir compte. Les horribles pertes subies pendant la Grande Guerre rendent les généraux britanniques de la nouvelle génération, des hommes qui occupaient de simples postes de gradés pendant la guerre précédente, extrêmement prudents lorsqu’il s’agit de mettre la vie de leurs soldats en péril. Mis au service du commandement général britannique, les généraux canadiens retiennent la leçon et, s’ils ne le font pas, ils sont démis de leurs fonctions, comme le général qui commande l’armée canadienne en Grande-Bretagne à la fin de l’année 1943. Les Britanniques soutiennent qu’il serait dangereux de le garder en poste, ce à quoi le ministre canadien de la défense acquiesce.
si la campagne d’italie, à laquelle les Canadiens prennent part entre l’été 1943 et l’hiver 1945, est sanglante, de façon plus générale, elle ne résout rien. L’italie est une question secondaire. Les allemands parviennent à organiser une défense efficace et un retrait très graduel par le nord. il y a énormément de terrain peu propice sur lequel obliger les alliés à se battre.
si les Canadiens se distinguent pendant ces combats, ils se trouvent très loin du centre de l’action.
Celui-ci se trouve en France, en normandie, où les alliés – les états-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada – débarquent le 6 juin 1944.
Les alliés profitent de la supériorité écrasante de leur force aérienne ; et à mesure que le temps passe, ils peuvent tirer profit de leurs avantages sur le plan du matériel. Les allemands disposent d’une excellente armée pour les repousser mais elle est malgré tout insuffisante et ils ont pour handicap la folle manie d’Hitler de s’occuper de la direction des combats. Les Canadiens et leurs voisins britanniques tiennent tête aux allemands mais tout juste jusqu’à ce qu’une offensive américaine déborde les allemands et ouvre la voie vers Paris au début du mois d’août.
Les batailles de normandie durent neuf semaines et, pour l’armée canadienne, elles se révèlent extrêmement coûteuses en pertes humaines.
alors qu’il n’y avait auparavant pas de crise
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