Une histoire du Canada
impressionnants qui, en 1944, font de l’armée canadienne la troisième parmi les alliés occidentaux sur le plan de l’effectif militaire.
Cela dit, elle ne peut se comparer aux deux premières : les états-Unis et la Grande-Bretagne disposent de troupes beaucoup plus nombreuses que le Canada. si l’on s’en tient à l’apport économique, là aussi, le Canada se classe au troisième rang, une fois de plus très loin des deux premiers, avec cinq pour cent peut-être de la production totale de guerre des alliés. Le gouvernement canadien est bien conscient de ces ratios et il faut ajouter, à son crédit, qu’il est plutôt rare qu’il ait recours à l’arme de l’exagération.
La contribution du Canada est suffisante pour attirer l’attention sur lui quand le besoin s’en est fait sentir. dans le Canada de Mackenzie King, la crédibilité et l’influence constituent des ressources qu’il faut rationner et non dissiper.
sur le plan de la politique étrangère, le premier ministre est pratiquement le seul ministre d’une certaine envergure. d’autres ministres, comme Howe, le tsar des munitions, ou ilsley, le ministre des Finances, ont des contacts en dehors du pays, suffisamment pour assurer le fonctionnement harmonieux de leur ministère respectif. ils n’essaient pas de forcer la note ; en fait, Howe résiste aux tentatives de diplomates canadiens de se servir de son approvisionnement en munitions comme outil de négociation pour obliger les principaux alliés, les Britanniques et les américains, à une plus grande reconnaissance envers le Canada. Ce que les alliés font des approvisionnements qu’ils reçoivent les concerne ; de l’avis de Howe, si le Canada se met à dicter ses conditions, il ne restera pas longtemps une importante source d’approvisionnements.
12•mondeshosTiles,1930–1945
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Ce sont les états-Unis qui représentent la principale préoccupation du Canada. Pendant la Grande Guerre, les approvisionnements américains et, au départ, les prêts américains ont joué un rôle essentiel dans le maintien à flots de l’économie canadienne. en 1939, le Canada affiche une grande dépendance à l’égard du charbon et du pétrole américains ; et en 1940, les administrateurs de guerre canadiens s’aperçoivent que leur industrie n’est pas en mesure de produire sans des composants américains, des machines-outils et des moteurs d’avions, par exemple. On épuise les réserves de devises étrangères canadiennes pour payer les approvisionnements américains et les Britanniques, confrontés au même dilemme, ne peuvent être d’aucun secours sur ce plan. C’est à ce moment, en avril 1941, que King profite des bons rapports qu’il entretient avec roosevelt et supervise un accord (la déclaration de Hyde Park, baptisée ainsi en souvenir de la propriété que possède roosevelt à la campagne) en vertu de laquelle les américains, qui se préparent à la guerre, achètent ce dont ils ont besoin au Canada selon les mêmes conditions que s’ils achetaient du matériel de guerre aux états-Unis. Pour l’essentiel, ces achats américains viennent régler les problèmes de devises étrangères du Canada pendant toute la guerre, en plus de créer un précédent sur le plan de l’intégration de la production de guerre canadienne et américaine. simultanément, le Canada peut tirer profit de l’aide américaine aux Britanniques sous forme de composants en fabriquant des approvisionnements destinés au royaume-Uni.
King, ses ministres et leurs fonctionnaires sont contents de voir le déséquilibre canado-américain en matière d’échanges commerciaux et de devises étrangères se régler sur la base du commerce et non d’une aide. On assiste à des échanges commerciaux et non à un don d’argent ni à l’accumulation de la dette envers le grand et puissant créancier voisin.
Le Canada ne se retrouve donc pas endetté envers les états-Unis à la fin de la guerre et son égalité de souveraineté dans ses transactions avec les américains est intacte. Bien sûr, la disparité en matière de population, de richesse et de puissance demeure mais, comme dans le cas du traité des eaux limitrophes de 1909 et de la Commission mixte internationale qui en a découlé, les relations canado-américaines se déroulent d’égal à égal selon des règles convenues qui sont censées s’appliquer de manière impartiale des deux côtés de la frontière.
en ce qui a trait
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