Une histoire du Canada
anglais, Bouchard n’est guère un meilleur choix. dès le départ, il explique que les propositions à l’effet qu’une partie du Québec se sépare de la province pour demeurer au sein du Canada sont absurdes puisque, pour reprendre ses propos, « le Canada n’est pas vraiment un pays ». Le Québec, lui, en est un. Mais si le Québec est « vraiment un 464
UnE HIsTOIRE dU Canada
pays », d’où cela vient-il ? sans doute veut-il dire que c’est davantage qu’une expression géographique mais s’il est justifié de parler de « vrai pays », c’est comme patrie des Québécois – des Québécois francophones. s’il ne s’agit que d’un autre état multiethnique, comme le Canada, avec inversion des majorités, à quoi tout cela rime-t-il ?
il n’est pas nécessaire de répondre à cette question, à tout le moins pendant les quelques années suivantes. Le Québec demeurera au sein du Canada. Les lois canadiennes vont s’y appliquer et les Québécois vont payer leurs impôts et voter aux élections canadiennes. C’est un Québécois qui est premier ministre du Canada et il y a des Québécois à des postes importants dans son cabinet. Jean Chrétien a reçu un choc terrible pendant le référendum. La population canadienne se tourne à présent vers lui pour concocter une stratégie destinée à ce qu’il n’y ait plus jamais de choc semblable.
On décrit généralement la réaction au séparatisme comme le « plan a » ou le « plan B ». Le plan a est celui du compromis, des concessions, des tentatives d’adaptation de la Constitution et des institutions fédérales pour proposer des accommodements aux nationalistes québécois plus modérés.
Le problème afférent à cette option est que la Constitution est virtuellement immuable, dans un avenir prévisible à tout le moins12. Les accords du lac Meech et de Charlottetown l’ont démontré. en 1996, Chrétien parvient à faire adopter par la Chambre des communes une résolution reconnaissant le Québec comme « société distincte », sans que cela ait le moindre effet perceptible dans la province. réunis à Calgary en 1996, les premiers ministres provinciaux font de leur mieux en émettant une déclaration anodine proclamant le droit du Québec de promouvoir son « caractère unique […]
au sein du Canada ». d’autre part, les Canadiens hors Québec témoignent de leur lassitude à la perspective d’une suite incessante de référendums, tenus chaque fois que les séparatistes pourront le faire, à moins ou jusqu’à ce que les séparatistes l’emportent.
Le plan B, par ailleurs, se définit comme de la « fermeté affectueuse ».
il a pour prémisse le fait que le Canada s’est montré par trop accommodant envers les séparatistes québécois, jouant le jeu du référendum selon les règles imposées par les séparatistes eux-mêmes, y compris des questions référendaires libellées pour obscurcir la question de l’indépendance13. Quel autre état souverain tolérerait un vote périodique sur la question de savoir s’il devrait continuer à exister au sein de son territoire actuel ?
La fermeté affectueuse prend différentes formes. Le thème commun en est que les concessions dans l’esprit de l’accord du lac Meech, de celui de Charlottetown ou de la déclaration de Calgary ne mèneront à rien. selon les promoteurs d’une des versions, si le Canada est divisible, le Québec 17•nouveaumillénaire,nouvelunivers
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également. Quoi qu’il en soit, en général, les Canadiens témoignent de l’intérêt envers une question susceptible d’avoir un effet marqué et négatif sur la stabilité de leur devise, sans parler des échanges commerciaux, du transport et des communications en plus de la viabilité et du maintien de la légitimité des institutions politiques en place. Pour prendre un exemple, si les séparatistes l’avaient emporté en 1995, à qui serait revenu le pouvoir de négocier avec eux ?
Pour répondre à ce genre de questions, le gouvernement Chrétien renvoie la question du séparatisme à la Cour suprême du Canada. Une province peut-elle se séparer du Canada et, dans l’affirmative, de quelle façon ? Une déclaration unilatérale d’indépendance par une province – ce que mijotait Parizeau en 199514 – serait-elle légale ? L’idée selon laquelle des Canadiens vivant hors de la province pourraient avoir un intérêt envers la question de la souveraineté du Québec, et leur mot à
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