Une histoire du Canada
toutefois pouvoir éviter le bombardement de la capitale bosniaque, sarajevo, par les serbes ni le massacre de Musulmans à srbenica en 1995. Le Canada fournit des troupes à la force de l’OnU mais, en dépit de l’ampleur de sa contribution, il est exclu du « groupe de contact » qui s’efforce de guider l’approche occidentale de l’ex-Yougoslavie après 199126. La guerre en Bosnie se solde par une victoire militaire sur le terrain des Croates sur les serbes bosniaques en 1995 et non en ayant recours au mantra de la paix ou du maintien de la paix. C’est un enseignement à tirer : le maintien de la paix à la canadienne ne fonctionne pas lorsqu’il n’y a pas de paix à préserver.
17•nouveaumillénaire,nouvelunivers
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Chose à peine croyable, l’expérience vécue en somalie et au rwanda est encore pire. en janvier 1993, le gouvernement Mulroney a envoyé le régiment aéroporté du Canada en somalie, où le gouvernement et la plupart des traces d’une société organisée ont disparu. Peut-être la mission somalienne était-elle sans espoir dès le départ mais elle ne sera pas facilitée par la torture et le meurtre d’un jeune somalien par des membres du régiment aéroporté, qui enregistrent leurs méfaits sur cassette vidéo.
La nouvelle finit pas éclater au grand-jour et il s’ensuit des enquêtes menées d’abord sous le gouvernement conservateur puis sous le nouveau gouvernement libéral.
L’enquête en somalie est l’illustration parfaite de ce qu’il ne faut pas faire. n’ayant pas mis sur pied la mission en somalie, en toute logique, les libéraux n’ont rien à perdre mais le ministère de la défense se révèle évasif et déroutant. des ministres sont mis en cause et l’affaire somalienne se transforme, aux frais de la population, en un carnaval d’avocats éminemment fascinants pour les médias, qui peuvent dépeindre les méchants en vives couleurs primaires. en fin de compte, cette affaire cause autant de dommages aux politiciens qu’aux militaires. À titre de précaution en vue des élections de 1997, Chrétien met un terme à l’enquête. Les commissaires prédisent des conséquences néfastes à un gouvernement qui a osé les empêcher d’assouvir leur désir d’infini mais jamais ces conséquences ne se concrétisent et la somalie passe à l’histoire comme une tache sur la réputation de l’armée canadienne et le maintien de la paix.
Les politiques étrangères libérales ne sont guère différentes de celles de leurs prédécesseurs conservateurs, qui elles-mêmes ne différaient guère de celles des libéraux sous trudeau. Comme l’a dit Kissinger, le Canada est réputé pour son soutien au maintien de la paix internationale, généralement sous l’égide des nations Unies, autre icône canadienne. Les Canadiens en tirent une certaine fierté sans vraiment comprendre quelles pourraient en être les implications. Mais, à mesure que l’on progresse dans les années 1990 et qu’un échec du maintien de la paix succède à l’autre, les Canadiens commencent à perdre leurs illusions face au maintien de la paix comme politique en pratique.
Le maintien de la paix sort également esquinté du pays africain du rwanda, où une force de casques bleus canadiens, sous les ordres du général roméo dallaire, assiste impuissante à une attaque génocidaire dirigée contre la minorité tutsi de ce pays au printemps 1994. dallaire a fait de son mieux pour éviter la catastrophe ; en réaction, les nations unies non seulement refusent de prendre des mesures mais réduisent les forces déjà déployées sur le terrain. Près d’un million de personnes meurent au rwanda, un point noir indélébile au dossier des nations Unies. en lui-même, le Canada dispose de moyens limités, encore graduellement érodés 474
UnE HIsTOIRE dU Canada
par la réduction des forces armées canadiennes depuis la fin de la guerre froide.
Le gouvernement canadien continue d’agir comme si le maintien de la paix représentait une politique viable en toutes circonstances. aiguillonnée par les médias et des organisations non gouvernementales spécialisées (OnG dans le jargon universel des affaires internationales), la population canadienne est portée à exiger des mesures alors que les journalistes perçoivent crise après crise et s’y intéressent, pour de bonnes raisons parfois et parfois non. C’est ce qui se produit dans l’est du Congo à la fin de l’année
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