Une histoire du Canada
au Canada, ou aux états-Unis, et dans d’autres pays développés, commencent à se déplacer vers le tiers monde, où les salaires sont plus bas, ou à tout le moins vers la partie du tiers monde affichant une stabilité politique et économique suffisante (assez « libre » de l’ingérence de l’état) pour garantir les investissements. Les universitaires du Canada et d’autres pays échangent des idées profondes quant à savoir si la stabilité précède la démocratie ou si la prospérité est une condition préalable essentielle à l’admission au sein du club démocratique. Les banquiers et les établissements de crédit internationaux se démènent pour imposer une doctrine appelée « consensus de Washington », conçue par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, tous deux situés à Washington, selon laquelle la première liberté, celle qui précède et sous-tend toutes les autres, est économique35. À défaut de prospérité, selon cette profession de foi, il ne peut y avoir de démocratie et sans liberté économique, la liberté d’investir, il ne peut y avoir de liberté politique.
au Canada, il n’existe pas d’opposition organisée contre la mondialisation en dépit du fait que le commerce figure bien dans le 17•nouveaumillénaire,nouvelunivers
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programme politique, surtout lorsqu’il s’avère que le « libre-échange »
avec les états-Unis n’a rien d’absolu. La question du bois résineux, qui pose problème depuis 1980, ne cesse de refaire surface. Le Canada tente à plusieurs reprises d’obtenir le libre accès au marché états-unien pour son bois résineux et se heurte sans cesse à une puissante coalition du bois d’œuvre américain tirant les ficelles du Congrès et du régime juridique complexe américain. (tous les régimes juridiques sont complexes jusqu’à un certain point et nous ne voulons pas dire ici que le régime américain est nécessairement pire que les autres.) dans ce qui ne constitue que la plus récente manifestation de l’éternel problème du bois d’œuvre, le nouveau gouvernement conservateur marque son accession au pouvoir en 2006 par la conclusion d’une entente à propos du plus récent différend sur le bois d’œuvre de résineux.
L’éTERnELLE FROnTièRE
La matinée du 11 septembre 2001 renferme la promesse d’une journée splendide, chaude, ensoleillée et sans nuages sur tout l’est de l’amérique du nord. vers les neuf heures, les lève-tard sont avisés par leur station de radio de se brancher sur l’une des chaînes de nouvelles à la télévision, car on parle d’un avion qui se serait écrasé sur l’une des deux tours du World trade Center à new York. Les téléspectateurs horrifiés assistent ensuite à l’écrasement d’un autre avion sur l’autre tour. Quelques minutes plus tard, un autre avion s’écrase, sur le Pentagone cette fois. il s’agit sans le moindre doute d’une attaque concertée et il ne faut pas attendre longtemps avant que l’on identifie les coupables probables, un groupe de terroristes islamistes, al-Qaida, le groupe auquel appartenait ahmed ressam.
Le gouvernement américain ne tarde pas à fermer l’espace aérien américain pour parer à une autre attaque. il demande au Canada d’accueillir les vols transatlantiques qui ne peuvent être renvoyés vers l’europe ou l’asie. au cours de cette période, quelque trente-trois mille passagers aériens atterrissent au Canada, où ils bénéficient de l’hospitalité de la population avant de pouvoir rentrer chez eux. Comme presque partout ailleurs dans le monde, la réaction canadienne à cette agression déborde de sympathie mais, à l’encontre du reste du monde, le Canada est en mesure d’intervenir sur le champ de façon pratique pour porter secours. Le 14 septembre, on organise un service commémoratif sur la colline du Parlement, auquel assistent 100 000 personnes.
Le 12 septembre, le président américain, George W. Bush, téléphone à Jean Chrétien pour le remercier de ses efforts mais lorsqu’il 480
UnE HIsTOIRE dU Canada
prend la parole devant le Congrès quelques jours plus tard, Bush omet de mentionner le Canada parmi la liste des pays qu’il remercie. Les Canadiens en sont surpris et certains en ressentent de l’amertume36.
Ce n’est pas un heureux présage pour les relations canado-américaines en temps de crise. Certaines rumeurs circulent à l’effet que Bush n’a aucune considération
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