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Une histoire du Canada

Une histoire du Canada

Titel: Une histoire du Canada Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Bothwell
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pour Chrétien et vice-versa. au Canada, une légende urbaine prend racine : Chrétien a été peu enthousiaste ou peu empressé envers les états-Unis ou Bush et ce dernier l’a su et en a ressenti de l’amertume37. en réalité, sur le plan idéologique, tous deux ont peu de choses en commun : la philosophie de droite de Bush ne présente aucun attrait pour le premier ministre canadien et, pour les gens de droite comme Bush, l’état-providence modéré du Canada est entièrement dépassé, une gueule de bois au sortir du cauchemar des années 1970. La situation se gâte encore du fait qu’au Canada, les adversaires politiques de Chrétien n’ont que des éloges à faire au dernier modèle de société de droite américain pour remédier au libéralisme malade dont, selon eux, souffre le Canada.
    Bush décide qu’une réaction immédiate et vigoureuse s’impose contre la base d’al Qaida en afghanistan. Les nations Unies autorisant le recours à la force, il n’y a aucune contradiction entre le désir du Canada de venir en aide aux américains et les dispositions de la Charte de l’OnU, comme cela a été le cas au Kosovo. Le Canada dépêche des troupes en afghanistan et maintient sa participation à une patrouille navale de surveillance et d’interdiction dans le golfe Persique. de manière inattendue, la victoire américaine en afghanistan est rapide et un gouvernement pro-américain est installé à Kaboul, la capitale afghane. Mais la victoire est incomplète et le gouvernement mis en place par les américains manque de stabilité.
    tout de suite, l’afghanistan passe au deuxième rang des préoccupations. Bush et ses adjoints se convainquent qu’il faut affirmer la puissance américaine pour modifier une fois pour toutes l’équilibre des pouvoirs et de la politique au Moyen-Orient. C’est sur l’irak, dont l’infâme dictateur, saddam Hussein, s’efforce depuis une décennie d’échapper à la toile de sanctions et de restrictions tissées autour de lui à la fin de la guerre du Golfe en 1991, que se porte leur attention. La stratégie de saddam consiste à diviser les alliés de 1991, échapper aux sanctions et finir par rebâtir son pouvoir en ayant recours à des armes bactériologiques et même nucléaires –
    les armes de destruction massive ou adM. Grâce à une combinaison du facteur chance et d’inspections insistantes de l’OnU portant sur les armes, comme on le saura plus tard, les projets de saddam sont contrecarrés ; mais on pourra dire plus tard que cela n’est pas entièrement évident en 2001 ou 2002. Par ailleurs, il n’existe aucune preuve accablante. et, en dépit des soupçons des américains, il n’existe pas non plus de preuves d’une collusion entre les irakiens et al-Qaida.
     
    17•nouveaumillénaire,nouvelunivers

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    Quoi qu’il en soit, il est manifeste, au milieu de l’année 2002, que Bush a l’intention de déclarer la guerre à l’irak et c’est à cette époque que Chrétien rencontre Bush à detroit. Les comptes rendus publics de cette rencontre sont très précis : Bush a insisté sur la nécessité d’une intervention en irak alors que Chrétien a réitéré sa position, bien connue, à l’effet que l’irak doit représenter un danger manifeste et actuel envers le monde avant que le recours à la force armée s’impose38. en privé, Chrétien dit à Bush que le soutien du Canada envers une guerre en irak se trouverait nettement plus fort si les états-Unis parviennent à obtenir l’appui des nations Unies.
    Mais l’appui des nations Unies ne se concrétise pas, pas plus que celui de Chrétien. L’argumentation officielle américaine en faveur de la guerre, soit que l’irak dispose d’adM et est prêt à s’en servir, est faible et largement mise en doute par les collectivités du renseignement dans le monde occidental. Les efforts diplomatiques au sein de l’OnU ne font rien pour aider la cause des américains ; la détermination de ces derniers à ne pas attendre les rapports définitifs des inspecteurs d’armes de l’OnU pèse lourd dans la balance au détriment des états-Unis. La France prend les choses en mains aux nations Unies mais, comme le dira plus tard un haut diplomate américain, « les Mexicains, les Canadiens et les Chiliens, nos amis les plus proches dans l’hémisphère, n’étaient pas de notre côté39 ».
    Ce sont le renseignement et la diplomatie qui ébranlent la position américaine, mais la

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