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Une histoire du Canada

Une histoire du Canada

Titel: Une histoire du Canada Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Bothwell
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considération ultime semble être l’opinion publique, au Canada en général mais surtout au Québec. nulle part au Canada, l’opinion publique ne soutient-elle l’adhésion à la guerre dans le cadre d’une « coalition de la volonté » de fabrication américaine, mais c’est particulièrement le cas au Québec.
    L’importance du Québec tient à deux choses : l’histoire et la politique. trois fois en quarante ans, le Canada est parti en guerre alors que le Québec manquait ou en venait à manquer d’enthousiasme. en 1917, puis en 1942, le gouvernement a imposé la conscription pour le service outre-mer en forçant la main au Québec et, dans la version nationaliste de l’histoire du Québec, ces faits sont consignés avec amour et on y revient sans cesse.
    Certes, la guerre de Corée n’a pas donné lieu au même genre de conflit et on peut affirmer que les opérations de maintien de la paix de l’OnU à la fin du vingtième siècle n’ont pas réveillé les vieux démons anglais-français.
    Mais l’irak, oui. dans un certain sens, c’est surprenant car, pour compenser l’influence canadienne-anglaise, les nationalistes et séparatistes québécois ont reporté en grande partie leur affinité envers les états-Unis des années 1970 jusque dans les années 1990. Les états-Unis, ils savent s’y prendre, soutiennent-ils, alors que le Canada anglais n’en est qu’une pâle copie. Cette perception des états-Unis semble s’être nettement inversée, et soudainement, entre 2001 et 2003. Les analystes ne s’entendent pas 482
    UnE HIsTOIRE dU Canada
    sur la cause exacte de cet état de fait mais l’explication la plus plausible semble être que la tradition d’anti-militarisme du Québec a été confrontée récemment à l’image de faiseur de guerre des états-Unis et les Québécois ne l’apprécient pas40. Un sondage d’opinion publié en novembre 2004
    établit une comparaison entre les opinions des citoyens de divers pays, dont le Canada, mais aussi le Québec, à l’égard des états-Unis : les conclusions en sont que 79 pour cent des Canadiens anglais semblent apprécier les américains mais que cette proportion tombe à 52 pour cent au Québec, un niveau semblable à celui que l’on trouve en espagne.
    Ce revirement de l’opinion publique au Québec trouve son illustration dans une énorme manifestation anti-guerre tenue à Montréal en mars 2003 alors qu’une foule évaluée entre 150 000 et 250 000 personnes envahit les rues pour manifester sa désapprobation à l’endroit de la politique américaine. À toronto, une manifestation comparable n’attire qu’entre 10 000 et 30 000 personnes. Cela ne signifie pas que l’opinion publique canadienne-anglaise soit favorable à la guerre en irak ; tous les sondages indiquent que ce n’est pas le cas, même en alberta, considérée comme la partie la plus pro-américaine et à droite du pays. d’après un sondage réalisé en mars 2003, plus de 50 pour cent des Québécois ont une opinion défavorable du gouvernement états-unien comparativement à 21,1 pour cent dans le reste du Canada. en ce qui a trait aux « américains en général », 24,3 pour cent des Québécois ne leur sont « pas du tout favorables » comparativement à 8,9 pour cent dans le reste du pays (et 5,9 pour cent dans les Prairies)41.
    en ce qui concerne la guerre en particulier, seuls 7,6 pour cent des Québécois sont disposés à suivre les états-Unis en irak sans l’aval de l’OnU
    (ce qui va finir par se produire). Pour le reste du Canada, ce chiffre est de 20 pour cent ; selon la région, il s’agit de 22,7 pour cent dans les Prairies, de 16,5 pour cent en Colombie-Britannique, de 17,8 pour cent dans les provinces de l’atlantique et de 20,4 pour cent en Ontario. si la guerre en irak est autorisée par les nations Unies, 59,6 pour cent du reste du Canada serait favorable à une participation canadienne ; mais au Québec, cette proportion tombe à 42,4 pour cent, tandis que 50 pour cent maintiennent leur opposition. C’est cette politique que le gouvernement Chrétien soutient en public, de sorte que la décision de Bush de se passer de l’aval de l’OnU pour aller de l’avant évite au gouvernement de se trouver confronté à beaucoup d’agitation politique en raison de la dissension probable du Québec.
    Pour n’importe quel politicien doté d’un bon sens de l’histoire, un point intéressant et important est la convergence de deux des

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