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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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s'enfonçant dans les entrailles du rocher, la jeune femme l'entendit faire ses adieux à l'Écossais et lui recommander de ne point trop s'attarder en Auvergne en ajoutant :
    — Le temps des combats va reprendre. Le connétable aura besoin de vous bientôt.
    — Soyez tranquille ! Je ne le ferai pas attendre !
    Puis Catherine n'entendit plus rien. Les marches hautes, inégales, faites de grosses pierres à peine taillées, plongeaient presque à pic entre deux murailles rocheuses crevassées par le temps, et la jeune femme devait apporter un soin extrême à chacun de ses pas pour ne pas risquer de tomber. C'était d'autant plus dangereux que le gel, là aussi, avait apporté ses méfaits et que chaque marche était dangereusement glissante. Quand enfin on atteignit le taillis broussailleux qui masquait la fissure où débouchait l'escalier, Catherine poussa un soupir de soulagement. Grâce à Gauthier qui écartait pour elle les épines, elle parvint à franchir sans trop de dommage ce léger obstacle, mais ce fut pour s'apercevoir que le haut mur de rondins aiguisés qui composaient la palissade se dressait presque contre le rocher. Cela formait un boyau étroit et profond.
    De l'œil, Catherine mesura la terrifiante muraille de bois.
    — Comment pourrons-nous franchir ça ? Autant remonter tout de suite. Les pieux sont trop aigus pour les passer avec une échelle de corde.
    — Bien sûr, fit Gauthier paisible. C'est fait exprès pour cela.
    Partant du buisson où débouchait l'escalier, il se mit à compter les pieux en allant vers la droite. Au septième, il s'arrêta. Catherine, étonnée, put le voir empoigner l'énorme tronc d'arbre et peu à peu, au prix d'un effort qui fit saillir les veines de son front, dégager toute la partie inférieure du pieu, tranché en son milieu mais disposé avec assez d'art pour ne pas se distinguer des autres. Par l'étroite porte ainsi ouverte, la pente accentuée qui dévalait jusqu'au ruisseau apparut et aussi les deux ou trois maisonnettes du hameau de Cabanes, sur le coteau d'en face. Juste à cet instant, la lune se montra entre deux épais nuages et plongea jusqu'à la terre un faisceau blafard. L'étendue neigeuse en fut illuminée. Les troncs des arbres et jusqu'aux buissons poudrés à frimas devinrent visibles comme en plein jour. Tapis derrière la palissade, les fugitifs contemplèrent avec désespoir la pente immaculée qui s'étendait devant eux.
    — Nous allons être visibles comme des taches d'encre sur une page blanche, murmura Frère Étienne. Il suffira qu'une des sentinelles tourne la tête de ce côté pour nous repérer et donner l'alarme.
    Personne ne répondit. Le moine avait traduit clairement ce que chacun pensait, mais l'énervement gagnait Catherine.
    — Que faire ? Notre seule chance est de fuir cette nuit, tant que l'investissement n'est pas encore complet. Mais si nous sommes vus, nous sommes pris.

    Comme pour lui donner raison, un bruit de voix se fit entendre, assez proche pour que l'imminence du danger en parût accrue.
    Gauthier passa une tête prudente par l'ouverture, la rentra presque aussitôt.
    — Le premier poste n'est qu'à quelques toises. Une dizaine d'hommes... mais que cela ne nous avancerait pas de mettre hors de combat, fit-il avec une nuance de regret. Le mieux est d'attendre.
    — Quoi ? fit Catherine nerveusement. Le lever du jour?
    — Que la lune se cache. Grâce au ciel, le jour se lève tard en hiver.
    Force fut de demeurer là, dans le froid et la neige. Les quatre compagnons, le cou tendu, l'œil fixé sur le globe livide de la lune, retenaient même leur respiration. C'était comme un fait exprès : d'épais nuages couraient d'un bout à l'autre de l'horizon, mais aucun ne parvenait à engloutir l'astre dénonciateur. Les pieds et les mains de Catherine étaient glacés. La vie confinée qu'elle avait menée tous ces derniers mois l'avait rendue plus vulnérable et elle souffrait plus que les autres de demeurer ainsi immobile dans ce couloir glacial. De temps en temps, Sara, d'une poigne vigoureuse, lui frictionnait le dos, mais le bien-être qu'elle en ressentait n'était que passager d'autant plus que les nerfs s'en mêlaient.
    — Je n'en peux plus, souffla-t-elle à Gauthier. Il faut faire quelque chose... Tant pis, tentons le tout pour le tout ! On n'entend plus rien, peut-être les sentinelles se sont-elles endormies ?
    De nouveau, Gauthier regarda. Juste à cet instant, une violente rafale de vent souleva

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