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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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mes hardes et les remettrai dès qu'il sera possible. Pour l'heure, allons...
    Avant de quitter cette chambre où elle avait connu ses dernières heures de bonheur et un si douloureux calvaire, Catherine l'enveloppa d'un ultime regard. Les murs austères lui semblaient garder le reflet du sourire d'Arnaud, l'écho du rire de Michel. Elle découvrait qu'ils lui étaient devenus chers et elle sentit sa gorge se serrer. Mais elle refusa de laisser l'émotion s'emparer d'elle. En ce moment, il lui fallait tout son courage et tout son sang-froid. Résolument, elle tourna le dos à ce décor familier, appuya sa main sur la dague qu'elle avait passée à sa ceinture. C'était la dague à l'épervier ; celle avec laquelle Arnaud avait tué Marie de Comborn et pour Catherine l'objet le plus précieux qu'elle possédât. Auprès de ces quelques pouces d'acier bleu tant de fois réchauffés par la main de son époux, le diamant noir lui-même n'était qu'un caillou sans valeur et elle eût, sans hésiter, sacrifié l'un à l'autre.
    Dans la cour, elle trouva Kennedy qui l'attendait, une lanterne sourde à la main. Gauthier et Frère Etienne se tenaient auprès de lui.

    Sans un mot, le Normand déchargea Sara du ballot de vêtements qu'elle portait, puis la petite troupe se mit en route. L'un derrière l'autre, on se dirigea vers l'enceinte. Le froid avait augmenté dans la nuit et mordait cruellement. De temps en temps, une rafale de vent soufflait, soulevant des tourbillons blancs qui obligeaient à n'avancer que courbés tant que l'on fut au centre de la vaste cour. Mais, à mesure que l'on approchait des murailles, les tourbillons d'air, freinés, perdaient de leur brutalité. De temps en temps, le mugissement d'une bête ou le cri d'un marmot perçait le silence, ou encore le ronflement d'un des réfugiés qui dormaient à même le sol, roulés dans des couvertures près des feux que nul n'avait besoin d'attiser.
    Malgré l'épaisseur du manteau de cheval, Catherine grelottait quand on atteignit la tour indiquée par Cabriac. Celui-ci les attendait à l'intérieur, battant la semelle et se frappant les flancs pour lutter contre le froid. Sous ces voûtes basses où l'eau suintante gelait en plaques noires et luisantes, c'était une chape de glace qui tombait sur les épaules.
    — Il faut faire vite, dit Cabriac. La lune va bientôt se lever et vous serez visibles comme en plein jour sur cette neige. Le Castillan doit avoir des guetteurs partout.
    — Mais, objecta Catherine, comment passerons- nous la palissade qui double le rocher ?
    — Cela me regarde, fit Gauthier. Venez, dame Catherine. Messire le sénéchal a raison. Nous n'avons que trop perdu de temps.
    Il prenait déjà son bras pour l'entraîner vers le trou noir de l'escalier que Cabriac, en soulevant une trappe cachée sous de la paille pourrie, venait de découvrir. Mais Catherine résista et, se tournant vers Kennedy, elle lui tendit la main, spontanément.
    — Grand merci pour tout, messire Hugh. Merci pour votre amitié, pour la protection que vous m'avez donnée. Je n'oublierai jamais les jours vécus ici. Grâce à vous... ils ont perdu un peu de leur cruauté. Et j'espère vous revoir bientôt, chez la reine Yolande.

    Dans la lumière incertaine de la lanterne, elle vit s'éclairer le large visage de l'Écossais, briller ses dents blanches.
    — Si cela ne dépend que de moi, Dame Catherine, ce sera dans peu de temps. Mais nul ne sait ce que sera son lendemain, de nos jours.
    Aussi, comme il se peut que jamais, en ce monde, je ne vous revoie...
    Laissant sa phrase en suspens, il empoigna la jeune femme aux épaules, la serra contre lui, l'embrassa avidement avant que, le souffle coupé, elle ait pu se défendre, la lâcha aussi brusquement puis se mit à rire avec la gaieté d'un enfant qui vient de réussir une bonne plaisanterie et acheva la phrase commencée.
    — ... du moins mourrais-je sans regret ! Pardonnez- moi, Catherine, cela ne se reproduira plus... mais j'en avais tellement envie
    !
    C'était si franchement avoué que Catherine se contenta de sourire.
    Elle était sensible, peut-être plus qu'elle l'aurait voulu, à la chaleur de cette rude tendresse, mais Gauthier avait pâli. De nouveau, sa main s'abattit sur le bras de la jeune femme.
    — Venez, dame Catherine ! dit-il rudement.
    Il levait la lanterne, s'engageait déjà dans l'escalier étroit. Cette fois, Catherine le suivit. Sara vint après et Frère Étienne ferma la marche.
    En

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