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Emile Zola

Emile Zola

Titel: Emile Zola Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edmond Lepelletier
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mauvais vouloir patronal.
       Rien n'est plus rare que de trouver une place nous convenant, à nous qui sortons des lycées, disait Zola, devançant les virulentes  apostrophes de Jules Vallès à l'enseignement classique, mais avec plus de force de raisonnement, et moins d'épithètes criardes. Inaptes dans la pratique, chevauchant sur des mots, sur des chiffres et des lignes, nous ignorons par excellence les menus détails de la vie, les combinaisons, pourtant si simples, qui peuvent se présenter dans un milieu social. Il nous faut un apprentissage plus ou moins long, partant un surnumérariat plein d'ennuis et vide de gain...
    Il raconte, à l'appui, l'une de ses démarches, entre mille, avec une verve âpre et sobre, sans inutiles anathèmes aux employeurs méticuleux et rébarbatifs.
       ... J'adresse une demande à une administration. On me répond de passer chez le chef. J'entre, je trouve un monsieur tout de noir habillé, courbé sur un bureau plus ou moins encombré. Il continue d'écrire, sans plus se douter de mon existence que de celle du merle blanc. Enfin, après un long temps il lève la tête, me regarde de travers, et d'une voix brusque : «Que voulez-vous ?» Je lui dis mon nom, la demande que j'ai faite, et l'invitation que j'ai reçue de me rendre auprès de lui. Alors commence une série de questions et de tirades, toujours les mêmes, et qui sont à peu près celles-ci : si j'ai une belle écriture ? si je connais la tenue des livres ? dans quelle administration j'ai déjà servi ? à quoi je suis apte ? etc., etc., puis :  qu'il est accablé de demandes, qu'il n'y a pas de vacances dans ses   bureaux, que tout est plein, et qu'il faut se résigner à chercher autre part.
     Et moi, le coeur gros, je m'enfuis au plus vite, triste de n'avoir pu réussir, content de n'être pas dans cette infâme baraque.
       (Lettre à Baille, 1er mai 1861.
    Au fond, il n'était pas fâché d'être ainsi éconduit. Il cherchait «une position», par sentiment du devoir, par désir de soulager sa mère et de se disculper du reproche de paresse et de vie désoeuvrée, mais il se sentait presque heureux d'avoir échoué. Il s'évadait, d'un pied léger, comme d'un piège, de ces bureaux où il avait failli être capturé. Il éprouvait, dans la rue, le soulagement d'un homme qui s'est tiré d'un endroit dangereux.
    En règle avec sa conscience, puisqu'il avait cherché un emploi et n'en avait pas trouvé, l'Évangile a tort en matière de places, il remontait, presque gaîment, à son belvédère. Il le trouvait moins glacial, et il se remettait, avec entrain et bonne humeur, à son poème commencé, qui lui paraissait plus chaud.
    Il voulait être poète, rien que poète, pour le moment. Il proclamait fièrement qu'il aimait la poésie pour la poésie, et non pour le laurier.
    Il considérait ses vers comme des amis qui pensaient pour lui. Il les aimait pour eux, pour ce qu'ils lui disaient. La versification devenait un culte, dont il se consacrait prêtre. Poésie et divinité étaient synonymes à ses yeux d'alors. Il admettait, toutefois, que, comme le prêtre de l'autel, le poète devait vivre de sa poésie.
    Il ne voulait pas faire une oeuvre en vue de la vendre, mais, une fois faite, il trouverait bien que l'oeuvre fût vendue par le poète au libraire, et par celui-ci au public.
    Il a gardé ces justes principes, toute sa vie, et les a fortement exposés, plus tard, dans son article fameux sur l'Argent dans la littérature.
    Avec philosophie, toutefois, il se disait alors qu'il ne deviendrait jamais millionnaire, que l'argent n'était pas son élément, et qu'il ne désirait que la tranquillité et la modeste aisance. Il ne pressentait pas le formidable champ de prose, qu'il devait si vigoureusement labourer, et d'où, pour lui, lèverait toute une moisson légitime de gloire et d'argent.
    Il était donc, à cette époque de sa vie, tout à la poésie. Il ne multipliait pas les oeuvres et n'abattait point les alexandrins, comme un bûcheron les branches. Sa plume frêle n'avait rien d'une cognée.
       Il est peu de poètes assez sages pour consentir à n'être poètes que pour eux, et pourtant c'est le seul moyen de conserver sa poésie fraîche et gracieuse. Je hais l'écriture, écrivait-il à Baille. Mon rêve, une fois sur le papier, n'est plus à mes yeux qu'une rapsodie. Ah ! qu'il est préférable de se coucher sur la mousse, et là, de dérouler tout un poème par la pensée,

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