Il suffit d'un Amour Tome 2
le champion de Bourgogne, Lionel de Vendôme. Il est vainqueur mais il est blessé et Catherine ne résiste pas à l'envie d'aller le rejoindre dans sa tente.
Là, après un accueil rude, Arnaud se laisse fléchir par cette femme qu'il aime, bien qu'il la croie devenue la maîtresse du duc de Bourgogne. Il est tout près de se laisser aller à son amour quand il s'aperçoit qu'il est tombé dans le piège tendu par Jean de Luxembourg, le chef des armées de Bourgogne.. Arrêté, au mépris des lois de la chevalerie, avec son ami Xaintrailles, il rend Catherine responsable de cette félonie. La jeune femme, douloureusement frappée et persuadée que le duc ignore tout du zèle intempestif de Luxembourg, se rend chez lui pour le mettre au courant.
Philippe se montre dur et méfiant. Il exige qu'elle devienne sur l'heure sa maîtresse et Catherine va s'exécuter, le désespoir au cœur. Mais, à son grand étonnement, elle demeure seule, toute la nuit, dans le grand lit ducal.
Philippe n'est revenu qu'au matin d'une fête donnée aux dames de la ville.
Il se montre tendre, empressé puis, en présence de Catherine et sans permettre qu'elle se lève, fait venir dans sa chambre Arnaud et Xaintrailles pour leur faire ses excuses. Catherine comprend qu'elle est prise au piège.
Arnaud l'a vue dans le lit même du duc et ne doutera plus de ses liens étroits avec le prince. Il s'éloigne plein de mépris, sans même tourner la tête. Pour Catherine tout est fini. Qu'importe même d'accorder à Philippe ce qu'il demande.
— Ce soir, je te ferai chercher, a-t-il dit en la renvoyant à son logis.
Pourquoi pas ? Quittant le palais, Catherine rentre à la maison qu'elle partage, durant son séjour, avec son amie, la comtesse Ermengarde de Châteauvillain...
Il était bien près de midi lorsque Catherine regagna la maison du lainier dans une litière que Jacques de Roussay avait amenée devant l'escalier du palais communal. Fermée d'épais rideaux de cuir, cette litière avait mis la jeune femme à l'abri des curieux. En approchant de son logis, Catherine faisait des vœux pour qu'Ermengarde seule se trouvât dans la maison. Elle craignait les yeux aigus, si malveillants de la jeune Vaugrigneuse. Et surtout, elle aspirait à se retrouver seule avec son amie dont elle avait appris, peu à peu, à priser les conseils. La maison lui parut étrangement silencieuse. Dans le vestibule, elle croisa une servante qui portait un plat de choux fumants. La fille lui adressa une rapide révérence et un regard que Catherine jugea inquiet sans se donner la peine de chercher à comprendre pourquoi. Sans doute était-elle d'un naturel peureux et facilement impressionnable... Haussant les épaules, elle releva sa robe à deux mains et grimpa alertement l'escalier sombre et raide. Sur le petit palier de l'étage, un rayon de soleil traversait le vitrail d'une étroite fenêtre en ogive, répandant sur le dallage blanc une large tache écarlate, lumineuse, qui mettait comme une touche de vie dans tout ce silence. On percevait seulement, venant du rez-de-chaussée, où le lainier et sa famille devaient être à dîner, un vague murmure de conversations, mais à l'étage il n'y avait pas de bruit.
Persuadée qu'aucune des autres dames d'honneur n'était là, Catherine poussa le vantail de chêne qui fermait sa chambre et entra. La pièce, en effet, était vide à l'exception de Garin. Il se tenait debout devant la fenêtre face à la porte et les mains au dos.
— Comment, vous étiez là ? fit Catherine surprise en s'avançant vers lui.
Elle lui avait souri, mais à mesure qu'elle approchait, son sourire s'effaçait. Jamais encore elle n'avait vu à son époux cette expression de rage.
Tous les traits de son visage en étaient bouleversés. Un tic nerveux relevait spasmodiquement le coin de ses lèvres au-dessous du bandeau noir. Pour la première fois, elle eut peur. Le visage de Garin avait quelque chose de démoniaque.
— D'où venez-vous ? demanda-t-il.
Les paroles sifflaient entre ses dents serrées. Dans les plis de sa robe, Catherine ferma les poings pour lutter contre cette terreur insidieuse qui se glissait dans ses veines.
— Je croyais que vous le saviez, fit-elle d'une voix claire. Je viens de chez le duc.
— De chez le duc, vraiment ?
Catherine, pensant que l'assurance était encore la meilleure méthode pour affronter un homme en colère et forte, par ailleurs, de la vérité de ses paroles, riposta avec un léger
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