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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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déjà estompe les choses, au pied de la colline, au-delà des champs, Paris leur apparaît dans un vaste embrasement rouge, des fumées opaques évoluent lourdement sur la ville, des panaches funèbres qui montent très haut dans le ciel pur, et puis s’étalent comme un immense linceul noir…
    Et à travers ces nuées qui roulent pesamment, fusent des jets de flammes ; dans la nuit qui vient, les flammes dardent des fusées écarlates d’où montent des millions d’étincelles qui s’élancent et fusent, imprécations de feu jetées au ciel impassible… Une rumeur sourde, un grondement qui ne s’éteint jamais, une clameur faite de centaines et de milliers de clameurs, plaintes, cris, vociférations, menaces, prières, hurlements, toutes les voix de l’horreur, toutes les voix de l’épouvante, toutes les voix de la fureur… c’est la rumeur qui monte de Paris. Et les mugissements inapaisables des cloches. Et, trouant la rumeur géante, déchirant le hululement des cloches, c’est le bruit des explosions, c’est le crépitement des arquebusades. Que de fumées rouges dans le crépuscule ! que de plaintes ! que de cris de souffrance ! C’est une angoisse exorbitante ; c’est un râle de capitale qui agonise ! C’est le tragique décor de l’infamie se noyant dans le sang ! Et là-bas !… ce ruban rouge qui sort de Paris !… Est-ce le soleil à son couchant qui donne à la Seine ces teintes pourpres ?… Non !… La Seine est rouge de sang ! Et elle coule, comme le sang peut couler d’une insondable blessure qui a ouvert le flanc d’une bête énorme !…
    Voilà ce qu’ont vu Pardaillan et Montmorency du haut de la colline…
    Ils ont vu cela dans un regard qui a eu la durée d’un éclair… ce formidable ensemble de hideur surhumaine est violemment entré dans les yeux sans qu’ils l’aient cherché… mais dussent-ils vivre mille ans, jamais cela ne pourra sortir de leur mémoire… comme jamais cela ne pourra sortir de la mémoire de l’humanité. Jamais !…
    A peine a-t-il sauté à terre que Pardaillan ayant constaté qu’on ne le poursuit pas, s’est élancé, a ouvert la voiture ; Loïse en est descendue ; Jeanne de Piennes demeure à sa place, indifférente ; la pauvre folle sourit à son rêve sans avoir rien vu du cauchemar effroyable qu’elle vient de traverser.
    Le chevalier a pris son père dans ses bras et, avec des précautions infinies, l’a descendu, l’a étendu sur le gazon… Il est encore persuadé que le vieux routier est seulement blessé aux jambes. Il se penche sur lui… sur ce pauvre visage couvert de contusions, balafré d’éraflures sanguinolentes, noir de poudre…
    M. de Pardaillan vient de perdre connaissance.
    Il a eu un sourire pour son fils, puis, avec un douloureux soupir, il a fermé les yeux…
    – De l’eau ! de l’eau ! râle le chevalier épouvanté.
    De l’eau ? Une source murmure là, tout près, et forme un ruisseau qui, au bas de la colline, va se perdre dans les marais de la Grange-Batelière.
    Le chevalier s’est redressé. Il aperçoit la source. Il va s’élancer.
    A ce moment, du milieu d’un épais buisson, surgit un homme…
    Maurevert !
    Maurevert a suivi à la piste Pipeau qui, maintenant, se roule sur le gazon, saute, bondit, gémit, prouve l’allégresse de son âme par les exorbitantes gambades qui sont sa façon de parler.
    Maurevert, à trois cents pas de la voiture qu’il a aperçue, est descendu de cheval, a attaché sa bête sous le couvert d’un bouquet de hêtres et s’est avancé en rampant parmi les buissons…
    Il s’est approché tout près…
    Il a vu le chevalier descendre son père de la voiture…
    Il l’a vu se baisser…
    C’est le moment !…
    Il frappera le chevalier, encore baissé, dans le dos !… Il s’élance !…
    Le chevalier se relève… Les deux hommes sont presque face à face… le chevalier désarmé, Maurevert son poignard à la main… le poignard que lui a donné la reine !
    L’élan emporte Maurevert…
    – Meurs ! hurle-t-il dans un râle de joie sauvage. Voici ma réponse à ton coup de cravache !…
    Un cri terrible, un cri de femme retentit…
    Le poignard s’est levé !…
    Et avant qu’il ne soit retombé, Loïse s’est jetée en avant !… elle a reçu au sein le coup destiné à Pardaillan !… elle tombe dans les bras du chevalier !…
    Toute cette scène a duré moins d’une seconde.
    Déjà Maurevert a bondi en arrière, il

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