Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812
écrits à une époque où son avenir était impossible à prévoir, ils le montrent sans aucun ménagement sous son jour véritable et tel qu'il apparaissait alors aux yeux de sa famille et de ses relations.
En premier lieu, nous avons eu à notre disposition un important manuscrit, le Journal intime de sa mère ; on sait que quelques fragments très écourtés et très remaniés en ont été publiés par le poète sous le titre, le Manuscrit de ma mère [Le Manuscrit de ma mère, prologue et épilogue par A. de Lamartine (Paris, 1871, in-8).], ouvrage dont la valeur documentaire est tout à fait négligeable tant les suppressions et les additions qu'il y fit sont considérables ; elles s'expliquent, il est vrai, aisément, soit qu'il ait souvent hésité à apporter des démentis trop nombreux à ses Confidences, soit qu'il ait jugé délicat d'en reproduire le texte intégral. C'est grâce au Journal intime, toujours soigneusement daté, qu'il nous a été possible d'entreprendre cet ouvrage, car il nous a permis de mettre en lumière certains faits demeurés encore obscurs ou ignorés, en même temps qu'il nous fournissait un tableau chronologique minutieusement détaillé des quarante premières années du poète.
Ces pages écrites au courant de la plume, sans aucune préoccupation de composition ni de publicité, présentent naturellement des négligences et des répétitions, mais les pensées et les sentiments n'y ont d'autre souci que la sincérité.
De plus, grâce à l'obligeance de M. Charles de Montherot, petit-neveu de Lamartine, nous avons pu prendre connaissance des riches archives de Saint-Point, et le baron Carra de Vaux a bien voulu mettre à notre disposition les papiers et titres de la famille maternelle du poète, qu'il représente actuellement. Nous devons également nos remerciements à plusieurs familles de Mâcon qui nous ont aimablement ouvert leurs archives domestiques ; à M. A. Duréault, secrétaire perpétuel de l'Académie de Mâcon, qui nous a fait à mainte reprise profiter de son érudition et de ses recherches personnelles ; à M. Lex, archiviste de Saône-et-Loire, dont les travaux nous ont été d'un grand secours. Enfin, nous tenons à exprimer notre reconnaissance à M. Gustave Lanson qui, préparant lui-même une étude sur les Méditations, nous a permis de prendre connaissance de plusieurs documents inédits qu'il avait réunis.
C'est grâce à tant d'obligeances que ce volume a pu voir le jour. Nous avons essayé d'en faire une biographie exacte et critique ; exacte, car nous n'avons voulu laisser dans l'ombre le moindre fait capable d'apporter un éclaircissement nouveau à la genèse des Méditations ; critique, puisque les documents utilisés n'ont été acceptés qu'après un contrôle aussi sévère qu'il est possible en pareille matière.
Pierre De Lacretelle.
PREMIÈRE PARTIE - LES ORIGINES - CHAPITRE I - LES LAMARTINE
[Sources et bibliographie : Archives municipales de Mâcon : Registres des baptêmes, mariages et décès de la paroisse Saint-Pierre.—Archives départementales de Saône-et-Loire (Série B, 1324-1371) : Registres du bailliage de Mâcon où sont conservés de nombreux contrats, testaments et donations.—Archives municipales de Cluny : Registres des baptêmes, mariages et décès de la paroisse Saint-Marcel.—Archives de la Guerre (section administrative) : États de services des membres de la famille qui furent officiers.—Bibliothèque Nationale (manuscrits) : Armorial général, généralité de Bourgogne. D'Hozier, pièces originales, vol. 504 et 1873, dossiers bleus, vol. 7.—Bibliothèque de Mâcon : Claude Bernard, généalogie des familles de Mâcon (mss).
Tessereau, Histoire chronologique de la grande chancellerie de France (Paris, 1710).—Arcelin, Indicateur héraldique du Mâconnais (Mâcon, 1865).—Révérend Du Mesnil, Lamartine et sa famille (Lyon, 1869).—Lex, Lamartine, souvenirs et documents (Mâcon, 1890).—Lex, les Fiefs du Mâconnais (Mâcon, 1897).]
Les origines des grands hommes—et davantage, peut-être, celles des poètes—ne sont jamais à négliger. Sans doute, il importe peu pour l'histoire littéraire que Vigny descende d'un trésorier du xve siècle, que Hugo soit apparenté à un évêque lorrain, que Lamartine soit petit-fils d'un intendant des finances du duc d'Orléans. Ce n'est là, dans leur biographie, qu'un élément de curiosité.
Mais si, et avec raison, l'on accorde à l'éducation
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