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L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Bernède
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la mystérieuse femme avait laissé en moi une empreinte telle que, désormais, je ne rêvais plus qu’à elle, si bien que je tombai dans un état d’ennui et bientôt de chagrin tel que ma mère, sans se douter de la raison pour laquelle je me morfondais et dépérissais ainsi, fut la première à me conseiller de partir en voyage, afin de me distraire et de retrouver cette gaieté qui, ainsi qu’elle me le disait, mettait du soleil partout où je passais. »
    L’Italien, qui semblait de plus en plus intéressé par l’histoire que le jeune Gascon narrait avec son impétuosité habituelle, demanda :
    – Sans doute avez-vous cherché à retrouver la trace de votre belle inconnue ?
    – Parbleu ! Si je lui avais promis sur l’honneur de ne point interroger ses gens, je n’avais point juré de me montrer aussi discret envers les hôteliers. Dès le lendemain, je me rendais à Saint-Marcelin, et j’interrogeai la patronne du Faisan d’Or, qui me déclara qu’à certains propos qu’elle avait surpris entre le cocher et l’un des laquais, leur maîtresse devait être une très grande dame de la Cour, qui, exilée par le cardinal de Richelieu, voyageait en nos lointaines provinces afin de tuer le temps, ou… pour tout autre motif !
    » Ces renseignements ne suffirent point à ma curiosité, et je me mis à battre les environs et à m’informer de toute part.
    » J’appris alors, monsieur le comte, la chose la plus extraordinaire, la plus inouïe, la plus invraisemblable… Ça, par exemple, je ne vous le dirai jamais.
    – Et si je vous le disais, moi ? dit assez énigmatiquement l’Italien.
    – Ah ça ! vous êtes donc sorcier ?
    – Et qui sait ?
    – Voyons un peu !
    Se rapprochant de son interlocuteur et baissant discrètement la voix, Capeloni murmura :
    – Marie de Rohan-Montbazon, duchesse de Chevreuse !
    Gaëtan eut un sursaut, qui était un aveu. Et, littéralement ahuri, il reprit, avec un accent de savoureuse candeur :
    – Ça, par exemple, je me demande comment vous avez pu… ?
    Puis, se reprochant déjà d’en avoir trop dit, il voulut protester :
    – Vous vous trompez, mon cher comte, ce n’est point…
    D’un geste amical, l’Italien l’interrompit, tout en disant :
    – Que diriez-vous si je vous conduisais près d’elle ?
    Cette fois, entièrement désarmé, Castel-Rajac balbutia :
    – Vous vous moquez de moi…
    – Nullement, mon cher chevalier. Vous m’inspirez, au contraire, une très vive sympathie, et je vous rendrai d’autant plus volontiers le service de vous conduire près de la dame de vos pensées que je sais pertinemment que votre présence ne lui sera nullement désagréable.
    – Comment, elle vous a dit !…
    – Rien, mais je sais, par une mienne amie à laquelle elle ne cache rien, qu’elle a gardé de son aventure à l’hostellerie du Faisan d’Or un souvenir des plus agréables.
    – Ah ! mon cher comte, s’écria Gaëtan, débordant d’enthousiasme, béni soit le ciel qui m’a fait vous rencontrer dans cette maison ! Sans vous, je crois que je n’eusse jamais osé aborder de front celle à qui, depuis près d’un an, je ne cesse de penser nuit et jour, à un tel point que, dès que j’ai su qu’elle était revenue dans ce pays, je n’ai eu de cesse de la revoir ! Et vous dites que vous pourriez me conduire jusqu’à elle ?
    – Le plus facilement du monde.
    – Ah ! mon cher comte, je vous en garderai une reconnaissance qui ne finira qu’avec moi-même.
    – C’est pour moi un vif plaisir que d’obliger le si galant chevalier que vous êtes.
    – Seul, sans votre secours, déclarait le jeune Gascon avec une teinte de mélancolie charmante, je n’aurais jamais osé reparaître devant elle et encore moins lui adresser la parole.
    » Je me serais contenté de rôder aux alentours de son château, de m’efforcer d’apercevoir de loin son inoubliable silhouette, d’entendre l’écho de sa voix et de revivre en illusion l’heure unique du paradis que j’ai vécue près d’elle et qui s’est envolée de ma vie, sans espoir de retour. Grâce à vous, je puis espérer encore. Peut-être mieux, je vais la revoir de loin, lui parler, et qui sait, goûter encore la saveur de son baiser.
    – Et pourquoi pas ? déclara gaiement l’Italien.
    – Alors, quand aurai-je la joie que vous me promettez ?
    – Dès ce soir !
    – Est-ce possible ?
    – J’en ai la conviction.
    Bouillant

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