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Noir Tango

Noir Tango

Titel: Noir Tango Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Régine Deforges
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Uri ben Zohar, désespéré de la mort de son ami, errait
dans les rues chaudes de la Boca à la recherche d’un hypothétique oubli dans l’alcool
et les filles. Par crainte des représailles, le docteur Ricardo Lopez, à peine
rétabli, s’était réfugié en Bolivie avec sa femme et ses enfants. Quant à Sarah,
quelque chose semblait s’être brisé en elle. À la demande insistante de
François, elle la voyait de temps en temps. Les deux jeunes femmes avaient
repris leurs leçons de tango mais le fantôme de Carmen venait troubler Léa.
    L’hiver approchait ; un grand bal se
préparait au « Plaza », auquel assisterait toute la bonne société
argentine. François avait offert à Léa une somptueuse robe de taffetas d’un
bleu changeant.
    La veille du bal, une heureuse nouvelle
parvint de Montillac.
    Ma sœur chérie,
    Pierre a une petite sœur, nous lui avons
donné le prénom de maman : Isabelle. Alain et moi nous aimerions que tu
sois la marraine du bébé, c’est Charles qui sera le parrain.
    Ma fille est magnifique. Ruth dit que c’est
tout ton portrait. Tu nous manques à tous. Quand reviens-tu ? Sans toi, Montillac
n’est plus Montillac. Les vendanges s’annoncent magnifiques, ce devrait être
une très grande année.
    Je te laisse, le bébé pleure, il a faim.
    Embrasse François pour nous. Pour toi les
baisers et la tendresse de tous.
    Françoise.
    P.S. T’ai-je
dit que j’étais heureuse ?
    Enfin ! Françoise
avait trouvé le bonheur ! Léa le trouverait-elle un jour auprès de son
amant ? Elle en doutait. Bien qu’il ne vécût plus avec Sarah, Léa ne
pouvait pas s’empêcher d’être jalouse de leur amitié. Pourtant jamais François
n’avait été aussi présent, aussi amoureux. Chaque nuit les voyait dans les bras
l’un de l’autre, dormant enlacés dans une douce fatigue.
    Les grands salons
du « Plaza » étincelaient de lumières, une foule élégante déambulait
dans les couloirs, un orchestre jouait les airs à la mode. Léa dansait, oubliant,
comme à chaque fois dans la danse, ses soucis, ses angoisses. François la
reconduisit à leur table en bordure de piste. Sarah, qui était allée déposer
son manteau dans la chambre de son amie, était bien longue à revenir. Les
lumières s’éteignirent, seule la piste demeura éclairée. Un couple de danseurs
de tango fit une démonstration très applaudie. Les lumières se rallumèrent, puis
s’éteignirent à nouveau. L’orchestre attaqua Adios muchachos . Une main
se posa sur l’épaule nue de Léa.
    — Viens, dit Sarah.
    Surprise, elle se laissa entraîner. Oh non !…
Les yeux fixés sur le visage de sa cavalière, elle sentit son corps obéir à la
pression de la main de Sarah… Adios muchachos, compañeros de mi vida … les larmes coulent le long de ses joues… Sarah…
pardon… je n’ai pas compris… Me toca a mí, voy enfrentar la retirada… l’orchestre
a un moment d’hésitation… une fausse note… comme tu danses, Sarah… Ya
me voy, y me resigno contra el destin o… jamais
son corps n’a fait corps avec un autre corps de cette façon là… pourquoi Sarah…
pourquoi ?… cette croix infamante sur ton crâne rasé… Nadie la ataja se
terminaron… non, tu n’es pas une putain… je t’aime Sarah… tu ne leur
ressembles pas… Mi cuerpo enfemo no resiste más… je sens que tu vas me quitter… tu ne les vois pas… Recuerdos de
otros tiempos… Regarde, ils font cercle autour
de nous… buenos momentos… emporte-moi Sarah… emporte-moi loin d’eux… sens
ma main qui serre la tienne… Jamais je n’ai dansé aussi bien le tango… Adios
muchachos… tu souris !… tu as compris ce que je te dis en silence… ma
chérie… tu souris !… je retrouve tonsourire … Es dios el juez
supremo… à travers ses larmes
Léa sourit aussi… je t’emmènerai Sarah… Pues mi vida me hizo… Cette
musique d’angoisse est faite pour toi… Dos lágrimas sinceras derrama a mi partida… comme tu danses bien… tu verras… El día postrero… en toi… le mal… je sens que le
mal est mort… mort… Le doy toda mi alma… Sarah… non !…
    François Tavernier sépara les deux femmes. À
toute volée, par trois fois, il gifla Sarah… La musique s’était arrêtée. La
foule était figée, silencieuse. Sarah fit face, splendide, ange de la mort, le
corps insolent moulé dans un fourreau rouge, haut fendu sur la cuisse… visage d’une
fatale beauté… le crâne rasé marqué

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