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Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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ordinaire au calme de
la conscience… »
    Il se tourne vers les citoyens. Il est épuisé mais il a le
sentiment qu’il a convaincu ces sans-culottes.
    Il a un instant d’euphorie, la garde baissée.
    Il accepte la proposition du président d’interrompre les
débats, de remettre au 15 germinal la suite de sa défense.
    Herman a réussi à retirer la parole à Danton.
    Le lendemain, 15 germinal, Danton comprend qu’il est tombé
dans un piège. Il se dresse, avec Desmoulins. Il a l’intuition que des mesures
ont été prises pour l’empêcher de parler.
    « Le peuple un jour connaîtra la vérité de ce que je
dis, crie-t-il. Voilà la dictature, le dictateur a déchiré le voile. Il se
montre à découvert ! »
     
    C’est Saint-Just qui, averti par Fouquier-Tinville et Herman
de l’écho des propos de Danton, intervient devant la Convention. Il veut
dénoncer, dit-il, une « nouvelle conjuration ».
    Il s’agit, devant le Tribunal révolutionnaire, de la « révolte
des coupables ». Il accuse Lucile Desmoulins d’avoir touché de l’argent « pour
exciter un mouvement, pour assassiner les patriotes et le Tribunal
révolutionnaire », afin de sauver son époux Camille.
    Mais en insultant le Tribunal, en vociférant, « les
coupables résistant aux lois, avouent leurs crimes ».
    Saint-Just, avant de donner lecture du décret qu’il va
proposer pour protéger le Tribunal révolutionnaire, avertit les conventionnels.
    « Dans le péril de la patrie, dans le degré de majesté
où vous a placés le peuple, marquez la distance qui vous sépare des coupables. »
    La menace affleure. Refuser de voter les trois articles du
décret, c’est reconnaître qu’on est proche des coupables, donc leur complice.
    Alors les conventionnels approuvent le texte présenté par
Saint-Just au nom des Comités de salut public et de sûreté générale.
    Article 1  : Le Tribunal révolutionnaire
continuera l’instruction relative à la conjuration de Fabre d’Églantine, Danton,
Chabot et autres.
    Article 2  : Le président du Tribunal emploiera
tous les moyens que la loi lui donne pour faire respecter son autorité…
    Article 3 : Tout prévenu de conspiration qui
résistera ou insultera à la justice nationale sera mis hors des débats
sur-le-champ.
    Ce décret permet de bâillonner Danton et Desmoulins.
    Celui-ci s’effondre.
    « Non contents de m’assassiner, ils veulent encore
assassiner ma femme », crie-t-il.
    Il vient d’apprendre qu’on accuse Lucile de fomenter un
complot pour le libérer.
    Et il est vrai qu’avec Louise Danton, elle va de l’un à l’autre
des patriotes influents pour tenter d’arracher son mari à la « vengeresse
du peuple ».
    Mais qui se souvient de l’amitié passée ? Il y va de la
vie et de la mort.
    « Voyez ces lâches assassins, dit Danton, ils nous
suivront jusqu’à la mort. »
     
    Le 16 germinal, Fouquier-Tinville demande aux jurés s’ils
sont suffisamment informés pour rendre leur verdict. Le président Herman ajoute
que, les accusés s’étant mal comportés envers le Tribunal, « ils sont mis
hors des débats », selon l’application de l’article 3 du décret voté par
la Convention.
    Danton essaie de protester, mais le public, de nouveau
apeuré, se tait. À peine quelques murmures quand Danton s’écrie :
    « Que l’on nous conduise à l’échafaud ! Je ne
disputerai point davantage ma vie à ceux qui m’assassinent. Infâme Robespierre,
l’échafaud te réclame, tu me suis ! Peuple, je mourrai digne de toi ! »
     
    Quinze condamnations à mort.
    Elles ne seront pas prononcées au Tribunal devant les
accusés, mis « hors des débats ».
    On craint ces « forcenés ». On leur lit le verdict
entre les deux guichets de la Conciergerie.
    Camille Desmoulins pleure.
    Danton tonitrue :
    « Ton jugement, je m’en fous. »
    On coupe le col de la chemise des condamnés et leurs cheveux
afin de dénuder leurs nuques.
    C’est le 16 germinal an II (5 avril 1794).
    Il fait beau.
     
    « Danton monta le premier dans la première des trois
charrettes qui devaient conduire cette bande à la place Louis-XV dite de la
Révolution, raconte un témoin.
    « Il fut obligé d’attendre que ces trois charrettes
fussent chargées pour marcher tous ensemble au supplice.
    « Ce chargement dura plus d’une heure parce que Camille
Desmoulins se débattit longtemps. Il ne voulait pas se laisser lier les mains, se
laisser couper les

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