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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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vrai qu'aucune jument blanche ne s'y montrait. Immobile au milieu de l'écurie, Catherine regarda Gauthier.
    — Où est-elle ?
    — Comment voulez-vous que je le sache ? Personne n'a rien vu, rien entendu... J'ajoute qu'il manque également un autre cheval, Roland, l'un de ceux que l'abbé nous avait donnés.
    — C'est invraisemblable ! Comment ces deux bêtes ont-elles pu sortir d'ici sans que personne ne s'en aperçoive ?
    — Sans doute parce que celui qui les a emmenées avait la possibilité d'entrer sans attirer l'attention... Il devait bien connaître l'abbaye.
    — Alors, fit Catherine en se laissant tomber sur une botte de paille, qu'est-ce que tu en conclus ?
    Gauthier ne répondit pas tout de suite. Il réfléchissait. Au bout d'un moment, il glissa vers Catherine un regard incertain.
    — Il se trouve, dit-il, que Roland, le cheval qui a été volé avec Morgane, était celui dont Fortunat avait l'habitude de se servir quand il allait à Aurillac ou ailleurs...
    — Mais pas quand il allait à Calves ?
    — Non. Vous savez bien qu'il ne consentait jamais à y aller autrement qu'à pied... à cause de messire Arnaud.
    Ce fut au tour de Catherine de garder le silence. Elle avait tiré un brin de paille et le mâchonnait distraitement. Une foule d'idées l'assaillait... Enfin, elle releva la tête.
    — Je me demande si j'ai vraiment rêvé, dit-elle... Si ce n'était pas l'une de ces prémonitions...
    — Que voulez-vous dire ?
    —
    Rien. Je t'expliquerai. Selle deux chevaux et préviens que nous partons pour la journée. Je vais mettre mon costume de garçon.
    — Où .allons-nous ?
    — À Calves, voyons. Et plus vite que jamais !
    À la croisée de deux chemins, les cavaliers arrêtèrent leurs montures, hésitant sur celui qu'il fallait prendre. Le pauvre village de Calves était tout proche maintenant, et, à l'horizon, Catherine pouvait voir, avec une émotion bien naturelle, se dresser la falaise basaltique de Carlat, hérissée de tours et de murailles. Elle avait vécu là les heures les plus crucifiantes de toute sa vie, elle l'avait fui sous la menace, mais, à revoir cet imposant décor devenu familier, elle sentait son courage fléchir.

    Un paysan qui revenait des champs, sa houe sur l'épaule, approchait du croisement. Gauthier l'interpella du haut de son cheval :
    — Sais-tu, brave homme, où se trouve la maison des lépreux ?
    L'homme se signa précipitamment, désigna l'un des chemins.
    — Descendez jusqu'à la rivière... Vous verrez un gros bâtiment clos. C'est là. Mais ne venez pas au village après.
    Il s'éloigna vers le hameau, pressant le pas. Catherine tourna la tête de son cheval dans la direction indiquée.
    — Allons, dit-elle seulement.
    Le chemin descendait vers l'Embène, la petite rivière qui, plus loin, contournait le rocher de Carlat. Une ligne de saules en marquait le cours. Catherine, marchant en tête, chevauchait en silence, balancée au pas de sa monture. Une profonde émotion l'étreignait en approchant ce lieu dont si souvent elle avait rêvé sans oser l'aborder. Dans quelques instants, elle serait tout près d'Arnaud, à quelques pas de l'endroit où il vivait... Peut- être parviendrait-elle à le voir. À cette seule idée son cœur battait plus fort, mais, malgré cela, elle avait du mal à s'arracher de l'esprit le mauvais pressentiment qu'elle traînait depuis le matin.
    Le chemin déviait maintenant pour plonger à travers un petit bois aux taillis inextricables. Le sol, raboteux, malaisé, creusé de profondes ornières anciennes et de trous demeurés boueux dans ce bas-fond, ne devait pas être foulé souvent. Le ciel de cette fin de journée -
    Catherine et Gauthier avaient mis infiniment plus de temps qu'ils ne pensaient pour atteindre Calves disparaissait derrière l'épaisse voûte de feuillage. Ce bois avait l'air d'une barrière végétale établie par les hommes pour se protéger des réprouvés de Calves... Et puis, soudain, au bas de la pente, les deux cavaliers contournèrent un rocher à pic et se retrouvèrent au bord de la rivière, hors du bois.
    Le val resserré, où l'on entendait seulement la chanson mélancolique de l'eau, était d'une tristesse affreuse. A l'orée des arbres, Catherine arrêta brusquement son cheval. Gauthier la rejoignit et tous deux, botte à botte, restèrent là, immobiles, frappés de stupeur. Devant eux, à quelques toises, les murs d'enceinte d'une sorte de grosse ferme se dressaient... les murs

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