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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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homme avait tué et s'arrogeait, en plus, le droit de se dresser devant elle comme juge.
    — Comment oses-tu te mêler de ma vie privée ? T'ai-je jamais donné le droit de t'immiscer dans mes affaires ?
    Il fit un pas vers elle, les poings serrés, l'œil mauvais, la bouche amère.
    — Vous vous êtes remise à moi, confiée à moi et, par Odin, j'aurais donné tout mon sang et jusqu'à mon dernier souffle pour vous.
    J'ai fait taire l'amour, le désir insensé que vous m'inspiriez parce que la passion qui vous unissait à votre époux me semblait une chose trop belle, trop pure. Les autres n'avaient pas le droit d'y toucher, pas le droit d'intervenir. Tout devait être sacrifié à la protection d'un amour comme celui-là...
    — Et que m'en reste-t-il ? cria Catherine soudain hors d'elle. Je suis seule, seule à jamais, je n'ai plus d'amour, plus de mari... Tout à l'heure encore, il m'a repoussée.
    Alors qu'il crevait d'envie de vous tendre les bras ! Seulement il vous aime, lui, assez pour refuser de vous voir pourrir toute vivante comme il le fait. Vous, dans votre pauvre petite tête de femme, vous n'avez vu que le geste : il vous a repoussée ! Alors qu'avez-vous fait ? Vous vous êtes jetée dans les bras du premier venu et pour une seule raison
    : le printemps va venir où les bêtes sont en chaleur et vous êtes comme elles. Mais s'il vous fallait un homme, rien qu'un homme, pourquoi avez-vous choisi cet étranger aux yeux glacés, pourquoi pas moi ?
    Sous le poing du Normand qui la martelait, sa poitrine résonnait comme un tambour et sa voix grondait pareille aux roulements du tonnerre. Catherine était maintenant dégrisée et, son sang-froid revenu, il lui fallait bien s'avouer qu'elle ne comprenait pas ce qui, tout à l'heure, l'avait jetée dans les bras de l'Écossais. Tout au fond d'elle-même, elle donnait raison à Gauthier. Elle avait honte comme jamais encore elle n'avait eu honte, mais elle ne comprenait que trop clairement la lueur trouble qui s'était allumée dans les yeux gris du Normand. Dans un instant, sans souci de l'homme qu'il venait de tuer, il allait se jeter sur elle. Après ce qu'il avait vu, rien ne le retiendrait plus. Dans son « pourquoi pas moi ?» il y avait un monde de colère, de rancune, d'amour frustré et de mépris. Catherine n'était plus sacrée pour lui. Elle n'était plus qu'une femme trop longtemps convoitée.
    Réprimant le tremblement convulsif qui s'emparait d'elle, la jeune femme planta son regard violet dans celui du géant.
    — Va-t'en, dit-elle froidement. Je te chasse !
    Gauthier eut un éclat de rire féroce qui découvrit ses fortes dents blanches.
    — Vous me chassez ? Peut-être ! C'est votre droit, après tout !
    Mais auparavant...
    Catherine recula jusqu'au mur pour mieux résister à l'assaut qui allait venir, mais, à cet instant précis, la porte s'ouvrit, livrant passage à Sara. D'un rapide coup d'œil, elle embrassa toute la scène, vit Catherine plaquée contre la muraille, Gauthier prêt à bondir et, entre eux, le cadavre sanglant de Mac Laren, barrant le lit d'une tragique croix humaine.

    — Miséricorde ! fit-elle. Que s'est-il passé ici ?
    — Fuis, supplia-t-elle. Je t'en conjure, fuis ! Sauve- toi avant qu'ils ne découvrent le cadavre.
    Il laissa retomber ses mains, découvrant une figure ravagée, des yeux mornes.
    — Qu'est-ce que cela peut me faire s'ils découvrent que je l'ai tué ?
    Ils me tueront à leur tour ? Et après ?
    —- Je ne veux pas que tu meures ! s'insurgea Catherine avec passion.
    — Vous m'avez chassé... La mort vous délivrera de moi bien plus sûrement !
    — Je ne savais pas ce que je disais. J'étais folle ! Tu m'avais insultée, blessée au plus vif... mais tu avais raison. Tu vois, c'est moi qui te demande pardon.
    — Que d'histoires ! grogna Sara dans son coin. Écoutez plutôt le vacarme qu'ils font, en bas !
    En effet, les Écossais réclamaient maintenant leur chef à tous les échos, tapant sur le bois des tables avec les cuillères et les écuelles. Il y eut le vacarme d'un banc que l'on renversait puis, soudain, des pas dans l'escalier, des voix qui se rapprochaient. Terrifiée, Catherine secoua Gauthier.
    — Par pitié pour moi, si jamais je t'ai inspiré un peu de tendresse, fuis, sauve-toi !
    — Où irais-je ? Là où je ne pourrais plus jamais vous voir ?
    — Retourne à Montsalvy auprès de Michel et attends que je revienne. Mais vite, vite... Je les entends !
    Déjà Sara ouvrait

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