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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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ses
remparts, se disposait à passer une nuit tranquille.
    Le
retour à la Croix d’Or avec un bébé de quelques jours prit la tournure d’un
événement. Dame Bertille Huguet était toute dévouée à un client dont elle
connaissait depuis longtemps l’extrême générosité et si l’arrivée soudaine d’un
enfant tombé du ciel lui parut un peu bizarre, elle se garda bien de poser la
moindre question. Elle s’attendrit au contraire sur le triste sort auquel avait
été vouée cette toute petite fille, déclara qu’elle était déjà jolie comme un
ange et la remit aux mains expertes d’une parente d’âge mûr, Léonarde, qui l’aidait
à l’auberge et qui, comme toutes les vieilles filles, adorait s’occuper des
petits enfants. Elle trouva dans ses coffres des langes et des brassières qui
avaient appartenu à sa fille, dénicha même un berceau et installa le tout dans
la chambre de Léonarde. En revanche, elle montra un peu de flottement quand
Beltrami lui déclara qu’il lui fallait trouver d’urgence une nourrice acceptant
de le suivre au-delà des Alpes et demanda à son époux de dénicher à n’importe
quel prix une litière pour transporter le bébé et la nourrice.
    – Est-ce
que vous repartez déjà demain ? s’étonna le père Charruet.
    – Bien
sûr. J’entends mettre l’enfant en sûreté chez moi le plus vite possible et ne
pas laisser à qui vous savez le temps de nous nuire.
    – Mais...
vos affaires ? Ne m’avez-vous pas dit que vous étiez en route pour Paris
afin d’y visiter le comptoir que vous y avez ?
    – Le
voyage n’avait rien d’urgent. Je l’avais entrepris surtout pour ne pas être à
Florence pour les fêtes de Noël. C’est à ce moment qu’était mort mon père et ce
souvenir m’est encore pénible. L’un de mes serviteurs, à qui je vais donner une
lettre, conduira sans difficulté le chargement de draps fins jusqu’à notre maison
de la rue des Lombards. Je ne garderai que Marino avec moi. Ce sera suffisant
pour atteindre Marseille où m’attend ma caraque, la Santa Maria del Fiore qui nous mènera jusqu’à Livourne, un petit port de pêche qui appartient
à Florence depuis une trentaine d’années...
    – Un
navire ? Seriez-vous aussi armateur ? Je vous croyais seulement
fabricant de draps fins ?
    – C’est
en effet ce que nous sommes, nous autres qui pratiquons ce que l’on appelle
chez nous l’arte di Calimala. Nous importons de l’étranger, principalement
des Flandres et de l’Angleterre, des draps bruts qui sont remis sur le métier
et transformés en ces draps fins, aussi souples et aussi doux que la soie, qui
sont demandés à travers toute l’Europe. Mais mon père avait la passion de la
mer. Nous avons donc deux navires, la Santa Maria et la Santa
Maddalena, dont l’une sert à notre commerce et l’autre visite les côtes
d’Afrique ou les échelles du Levant pour en rapporter des produits rares ou
précieux... Plus pour satisfaire son goût de la beauté d’ailleurs que pour
réaliser de grandes affaires. C’est du moins ce qu’il disait, ajouta Francesco
avec un sourire, car la Santa Maddalena lui a parfois rapporté
des trésors... Mais où allez-vous, padre ?
    Le
vieil homme s’était levé et se disposait à partir.
    – Si
je tarde davantage, dit-il, la porte du couvent du Petit-Clairvaux, où l’on me
donne hospitalité, sera fermée et je...
    Francesco
alla vivement se placer entre lui et la sortie et, tendant les mains, enferma
celles du prêtre dans leur solide étreinte :
    – Pour
cette nuit, je vous supplie d’accepter mon hospitalité à moi. Nous partagerons
cette chambre...
    – Mais...
    – Par
grâce, acceptez ! Je ne voudrais pas vous perdre déjà. Demain, je
quitterai cette ville, peut-être pour n’y plus revenir. Il se peut que nous ne
nous rencontrions plus en ce monde... et je voudrais que vous me parliez
encore... d’elle !
    – De...
Marie ?
    – J’ose
à peine prononcer son nom et cependant, en un seul moment, elle s’est emparée
de mon cœur, de ma vie... Restez ! D’ailleurs on va bientôt nous servir à
souper.
    On
frappait à la porte en effet et, ce qui entra, ce fut une grande femme sèche
dont le long nez pointu s’ornait d’une paire de lunettes qui lui conféraient
une irrésistible ressemblance avec une cigogne. Derrière leurs verres cerclés d’acier,
ses yeux bleus brillaient, pleins de vivacité. Au-dessus de son austère robe
noire où était

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