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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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seul possède
la balance où peser les cœurs. Le seul qui eût mérité la mort, c’était Regnault
du Hamel : pour excès de haine ! Mais je ne suis pas venue pour faire
ici un discours, ajouta Léonarde retrouvant sa brusquerie habituelle. Est-ce
que je vais chercher Jeannette ?
    – Je
vous en serai reconnaissant. Auparavant, allez donc chercher l’enfant.
    – Elle
dort, vous dis-je.
    – C’est
sans importance. Par la même occasion, priez dame Bertille et maître Huguet de
monter ici avec... Il se tourna vers le vieux prêtre : Que vous faut-il
pour célébrer un baptême ?
    – Vous
voulez ? ... Après tout, pourquoi pas ? De l’eau pure, du sel, un
linge blanc, un parrain, une marraine...
    – Je
serai celui-là et donna Leonarda sera celle-là... si elle le veut bien. Maître
Huguet et sa femme seront témoins... Derrière leurs verres les yeux bleus s’illuminèrent.
    – J’y
vais tout de suite. Après, j’irai chercher Jeannette...
    Quelques
instants plus tard, la petite fille vouée naguère à la honte et à la mort
recevait le baptême des mains d’Antoine Charruet et les noms de Fiora-Maria,
fille adoptive de Francesco-Maria Beltrami se substituant au père et à la mère
inconnus, le parrain étant ce même Beltrami et la marraine Léonarde Mercet.
    Le
témoin déboucha pour la circonstance l’une de ses meilleures bouteilles de vin
de Beaune et s’il se montra surpris du prochain départ de cette parente de sa
femme, il n’en éprouva pas une douleur excessive. Dame Bertille, elle, versa
trois larmes mais pensa que, si sa cousine était en train de devenir folle,
elle préférait de beaucoup que ce fût loin d’une hôtellerie dont le renom avait
toujours été irréprochable. Si l’un comme l’autre trouvèrent étrange ce grand
remue-ménage fait autour d’une enfant trouvée au coin d’une rue, ils se
gardèrent bien de le manifester en vertu de l’intangible règle de tout bon
commerçant qui veut que le client ait toujours raison. Surtout un client aussi
riche que le Florentin...
    Le
lendemain, à l’aube, une litière quelque peu usagée mais encore très
présentable – que maître Huguet avait négociée férocement dans la nuit à un
sien parent chanoine de Saint-Bénigne – et que dame Bertille avait garnie de
force coussins, emportait le bébé Fiora, sa marraine et Jeannette, sa nourrice,
jeune Bourguignonne à la figure ronde, au corps rond, aux seins ronds et aux
yeux arrondis de se trouver soudain passée d’un sort presque misérable à une
prospérité inattendue. Des mules solides étaient attelées aux brancards.
Francesco Beltrami, et Marino, armés jusqu’aux dents, escortaient le véhicule
dont les rideaux de cuir brun s’étaient refermés dès la sortie de la cour de l’hôtellerie.
On se dirigea vers la porte d’Ouche tandis que les derniers valets du
Florentin, avec le chargement de draps affinés, remontaient vers la porte
Guillaume au-delà de laquelle s’ouvrait la route de Paris.
    Au
moment où la litière traversa le Morimont, Francesco détourna les yeux de l’échafaud
dépouillé de son drap noir mais où se dressaient toujours la croix, la roue et
la potence évocatrices de supplices. L’aspect de cette place demeurerait à
jamais gravé dans sa mémoire tel qu’il l’avait vu, la veille, servant de toile
de fond funèbre à un rayonnant visage, un visage dont l’impitoyable burin de l’amour
avait inscrit chaque trait au plus secret de son cœur. Et ce fut avec une sorte
de sérénité qu’il aperçut pour la dernière fois le champ d’épandage où
dormaient Marie et son frère.
    En
effet, avant que le jour ne pointe, Francesco était allé frapper à la porte du
bourreau. A ce vieil homme sévère il avait remis de l’or pour que, par une nuit
bien sombre, il allât tirer les amants maudits de leur ignoble tombe afin de
leur accorder le repos de la terre chrétienne que lui indiquerait le père
Antoine Charruet...
    Le
soleil hivernal se levait, rouge, essoufflé, baignant le paysage enneigé d’une
lueur pourprée. Debout, un peu au-delà du pont-levis de la porte d’Ouche, le vieux
prêtre regarda s’éloigner sur la route de Beaune le petit cortège de cet homme
généreux qui venait de donner une si grande leçon d’humanité. Levant soudain le
bras, il traça dans l’air froid le signe de la bénédiction puis rentra dans la
ville. Lorsqu’il aurait accompli, avec Arny Signart, l’exécuteur, le

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