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George Sand et ses amis

George Sand et ses amis

Titel: George Sand et ses amis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Albert le Roy
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d'un coeur aussi noble que le tien ? Je suis si exigeante et si sévère, ai-je bien le droit d'être ainsi ? Mon cœur est-il pur comme l'or pour demander un amour irréprochable ? Hélas ! j'ai tant souffert, j'ai tant cherché cette perfection sans la rencontrer ! Est-ce toi, est-ce enfin toi, mon Pietro, qui réaliseras mon rêve ? Je le crois, et jusqu'ici je te vois grand comme Dieu. Pardonne-moi d'avoir peur quelquefois. C'est quand je suis seule et que je songe à mes maux passés que le doute et le découragement s'emparent de moi.
    «Quand je vois ta figure honnête et bonne, ton regard tendre et sincère, ton front pur comme celui d'un enfant, je me rassure et ne songe plus qu'au plaisir de te regarder. Tes paroles sont si belles et si bonnes ! tu parles une langue si mélodieuse, si nouvelle à mes oreilles et à mon âme ! Tout ce que tu penses, tout ce que tu fais est juste et saint.
    Oui, je t'aime, c'est toi que j'aurais dû toujours aimer. Pourquoi t'ai-je rencontré si tard, quand je ne t'apporte plus qu'une beauté flétrie par les années et un coeur usé par les déceptions ?-Mais non, mon coeur n'est pas usé. Il est sévère, il est méfiant, il est inexorable, mais il est fort, ce passionné. Jamais je n'ai mieux senti sa vigueur et sa jeunesse que la dernière fois que tu m'as couverte de tes caresses.
    »Oui, je peux encore aimer. Ceux qui disent que non en ont menti. Il n'y a que Dieu qui puisse me dire : «Tu n'aimeras plus».-Et je sens bien qu'il ne l'a pas dit. Je sens bien qu'il ne m'a pas retiré le feu du ciel ; et que, plus je suis devenue ambitieuse en amour, plus je suis devenue capable d'aimer celui qui satisfera mon ambition. C'est toi, oui, c'est toi. Reste ce que tu es à présent, n'y change rien. Je ne trouve rien en toi qui ne me plaise et ne me satisfasse. C'est la première fois que j'aime sans souffrir au bout de trois jours. Reste mon Pagello, avec ses gros baisers, son air simple, son sourire de jeune fille, ses caresses, son grand gilet, son regard doux... Oh ! quand serai-je ici seule au monde avec toi ? Tu m'enfermeras dans ta chambre et tu emporteras la clef quand tu sortiras, afin que je ne voie, que je n'entende rien que toi, et tu...
    »Etre heureuse un an et mourir. Je ne demande que cela à Dieu et à toi. Bonsoir, mio Piero, mon bon cher ami, je ne pense plus à mes chagrins quand je parle avec toi. Pourtant mentir toujours est bien triste. Cette dissimulation m'est odieuse. Cet amour si mal payé, si déplorable, qui agonise entre moi et Alfred, sans pouvoir recommencer ni finir, est un supplice.
    Il est là devant moi comme un mauvais présage pour l'avenir et semble me dire, à tout instant : «Voilà ce que devient l'amour.» Mais non, mais non, je ne veux pas le croire, je veux espérer, croire en toi seul, t'aimer en dépit de tout et en dépit de moi-même. Je ne le voulais pas. Tu m'y as forcée. Dieu aussi l'a voulu. Que ma destinée s'accomplisse !»
    Tel est l'aveu que nous recueillons sur les lèvres mêmes de George Sand, tels sont les torts qui lui peuvent être reprochés. Ils furent assez graves pour qu'on n'aille pas en chercher d'imaginaires. Or, Paul de Musset a jeté dans la circulation et livré à la sottise humaine des griefs où le ridicule le dispute à l'odieux. Comme le malade parlait et se plaignait-est-ce plausible ?-de l'ignoble spectacle qu'il pensait avoir eu devant les yeux, on-est-ce George Sand ou Pagello ?-l'aurait menacé de l'enfermer dans une maison de santé, en tant qu'atteint de folie. Elle aurait fait cela, l'admirable garde-malade qui n'avait pas quitté son chevet ? Et voilà les énormités, les absurdités, les mensonges que Paul de Musset tente audacieusement d'accréditer ! Il va jusqu'à prétendre que son frère lui aurait dicté un autre récit dont il faut noter l'invraisemblable, l'extravagante teneur :
    «Je m'expliquai un soir avec George Sand. Elle nia effrontément ce que j'avais vu et entendu et me soutint que tout cela était une invention de la fièvre. Malgré l'assurance dont elle faisait parade, elle craignait qu'en présence de Pagello il lui devint impossible de nier, et elle voulut le prévenir, probablement même lui dicter les réponses qu'il devrait me faire lorsque je l'interrogerais.
    Pendant la nuit, je vis de la lumière sous la porte qui séparait nos deux chambres. Je mis ma robe de chambre et j'entrai chez George. Un froissement m'apprit qu'elle cachait un papier

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