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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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une citation à comparaître. Elle devra se présenter, accompagnée de l’huissier Massieu, à huit heures du matin, sur la place du Vieux-Marché pour se voir déclarée par nous relapse, excommuniée et hérétique.
    – Hourra ! s’écria le prêtre anglais. Cette fois-ci nous la tenons ! Capta est ...
    Au sortir de cette brève conférence, l’évêque croisa sir Richard en train d’examiner un cheval dans la cour du château. Comme l’heure du déjeuner approchait, il lui dit :
    – Farewell, Excellence ! Faites bonne chère. L’affaire est dans le sac...

Rouen, le 30 mai 1431
    Ce matin du 30 mai, c’est John Grey qui vint éveiller Jeanne. Le jour paraissait à peine. Elle avait passé une nuit agitée et venait juste de trouver le sommeil.
    – Tu vas changer de tenue, dit-il, revêtir cette tunique. Presse-toi ! Des moines dominicains attendent dans la cour que tu puisses les recevoir.
    Elle revêtit la tunique de la duchesse, avala la soupe qu’un gardien lui présentait et, assise sur son grabat, attendit les visiteurs.
    Les religieux étaient au nombre de trois. Deux d’entre eux : Martin Ladvenu et Isambard de la Pierre, avaient assisté comme assesseurs à quelques audiences ; le troisième était un jeune au regard timide et qui se tenait en retrait : Jean Toutmouillé.
    – Jeanne, dit Ladvenu, nous avons une pénible mission à accomplir au nom du tribunal : t’annoncer que tu vas mourir aujourd’hui par le feu.
    Il commença à lire la citation à comparaître mais les sanglots de Jeanne l’interrompirent. Elle gémissait :
    – Seigneur Dieu ! Brûlée ? Mon corps net et entier réduit en cendres. J’aurais préféré que l’on me tranchât la tête. J’en appelle au juge suprême du mal que l’on me fait !
    Tandis que le frère poursuivait d’une voix tremblante la lecture du document, d’autres religieux pénétrèrent dans la geôle, mine contrite, mains croisées sur le bas-ventre, capuchon baissé jusqu’aux sourcils. Elle reconnut parmi eux l’ange noir, Pierre Maurice, Loiseleur, Érard, Beaupère et quelques autres. Elle se dit qu’il ne manquait que l’évêque. Il survint peu après. Elle se leva pour l’apostropher violemment :
    – Ah ! évêque, évêque ! C’est par vous que je vais mourir ! J’en appelle devant Dieu de votre décision !
    – Oui, mon enfant, répondit Pierre Cauchon, il est vrai que tu vas mourir, mais c’est de ta faute : tu n’as pas tenu tes promesses, tu es retombée dans tes erreurs. Cet habit infâme dont tu t’es de nouveau revêtue...
    – Je ne l’aurais pas fait si vous m’aviez enfermée en prison d’Église comme vous deviez le faire.
    Jean Toutmouillé poussa une plainte, se cacha le visage et disparut. L’évêque s’offusqua de ce départ inopiné. Martin Isambart lui répondit que le frère Jean était un coeur sensible, un émotif...
    Lorsque l’évêque, après s’être assuré que lecture avait été faite de la citation, se fut retiré, Jeanne demanda au frère Martin de l’entendre en confession et de lui donner le pain des anges.
    – Tu viens d’être excommuniée, répondit le dominicain. La règle est donc de te refuser l’hostie. Je te promets pourtant de tenter une démarche auprès de l’évêque.
    Il revint un moment plus tard, la mine réjouie. L’évêque lui avait répondu qu’on pouvait bien lui donner ce qu’elle demandait.
    Après sa confession et sa communion, Jeanne pria les clercs qu’on la laissât seule jusqu’au moment du départ. De la pièce voisine on l’entendit invoquer ses frères du Paradis, tenir une conversation avec on ne savait qui.
    Un roucoulement lui fit lever la tête : le pigeon au jabot couleur d’ardoise s’était perché sur le rebord de l’archère. Elle effrita pour lui quelques miettes qu’il vint picorer dans le creux de sa main.
     
    La journée serait claire et chaude. Au-dessus d’un tapis épais de brume et de fumée les clochers de la cathédrale, de Saint-Ouen, de Saint-Maclou et quelques autres projetaient flèches et tours vers les derniers nuages de la nuit. Un vol de corneilles passa en rafale au-dessus du château.
    Au moment où Jeanne, interrompant un choeur de moines, apparut sur le seuil du donjon, elle resta figée de stupeur : Nicolas Loiseleur, qui venait de l’escorter, se prit la tête à deux mains et se mit à geindre d’une voix suraiguë en prononçant des mots incompréhensibles. D’une allure chancelante il traversa la cour

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