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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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prendrions-nous l’orgueil de leur cœur endurci et leur cruauté barbare, qui se fait du meurtre non-seulement un divertissement, mais un triomphe et un sujet de vaine gloire ? Que ceux dont le sang réclame des hommages sanglans s’en fassent un honneur et un plaisir ; mais nous, qui ne sommes pas du nombre des sacrificateurs, nous n’en pouvons que mieux plaindre les souffrances des victimes. Remercions le ciel de nous avoir placés dans notre humble situation, puisqu’elle nous met à l’abri de la tentation. – Mais pardonnez-moi, mon père, si j’ai passé les bornes de mon devoir en combattant les idées que vous avez sur ce sujet, et qui vous sont communes avec tant d’autres personnes.
    – Sur ma foi, Catherine, tu as la langue trop bien pendue pour moi, lui dit son père avec beaucoup d’humeur. Je ne suis qu’un pauvre artisan, et ce que je sais le mieux c’est distinguer le gant de la main droite de celui de la main gauche. Mais si tu veux que je te pardonne, dis quelques mots de consolation à mon pauvre Henry. Le voilà confondu et déconcerté de t’avoir entendue prêcher comme tu viens de le faire ; et lui pour qui le son d’une trompette était comme une invitation à un festin, le voilà qui baisse l’oreille au son du sifflet d’un enfant.
    Dans le fait Henry Smith, en entendant la voix qui lui était si chère peindre son caractère sous des couleurs si défavorables, avait baissé la tête sur la table en l’appuyant sur ses bras croisés, dans l’attitude de l’accablement le plus profond et presque du désespoir.
    – Plût au ciel, mon père, répondit Catherine, qu’il fût en mon pouvoir de donner des consolations à Henry sans trahir la cause sacrée de la vérité dont je viens d’être l’interprète ! Et je puis, je dois même avoir une telle mission, continua-t-elle d’un ton qui, d’après la beauté parfaite de ses traits et l’enthousiasme avec lequel elle parlait, aurait pu passer pour de l’inspiration. Prenant alors un ton plus solennel : – Le ciel, dit-elle, ne confia jamais la vérité à une bouche, quelque faible qu’elle fût ; sans lui donner le droit d’annoncer la merci tout en prononçant le jugement. Lève la tête, Henry ; lève la tête, homme bon, généreux et magnanime, quoique cruellement égaré ! Tes fautes sont celles de ce siècle cruel et sans remords, tes vertus n’appartiennent qu’à toi.
    Tandis qu’elle parlait ainsi elle plaça une main sur le bras de Smith, et le tirant de dessous sa tête avec une douce violence, mais à laquelle il ne put résister, elle le força à lever vers elle ses traits mâles et ses yeux, dans lesquels les reproches de Catherine joints à d’autres sentimens avaient appelé des larmes. – Ne pleure pas, lui dit-elle, ou plutôt pleure, mais comme ceux qui conservent l’espérance. Abjure les démons de l’orgueil et de la colère qui t’assiégent si constamment, et jette loin de toi ces maudites armes, dont l’usage fatal et meurtrier t’offre une tentation à laquelle tu te laisses aller si aisément.
    – Ce sont des conseils perdus, Catherine, répondit Smith. Je puis me faire moine, et me retirer du monde ; mais tant que j’y vivrai il faut que je m’occupe de mon métier, et tant que je fabriquerai des armes pour les autres je ne puis résister à la tentation de m’en servir moi-même. Vous ne m’adresseriez pas les reproches que vous me faites si vous saviez combien les moyens par lesquels je gagne mon pain sont inséparables de cet esprit guerrier dont vous me faites un crime, quoiqu’il soit le résultat d’une nécessité inévitable. Tandis que je donne au bouclier ou à la cuirasse la solidité nécessaire pour résister aux coups, ne dois-je pas toujours avoir l’esprit fixé sur la manière dont on les frappe, sur la force avec laquelle on les reporte ; et quand je forge ou que je trempe une épée, m’est-il possible d’oublier l’usage auquel elle est destinée ?
    – Eh bien ! mon cher Henry, s’écria la jeune enthousiaste, tandis que ses deux petites mains saisissaient la main forte et nerveuse du vigoureux armurier qu’elles soulevèrent avec quelque difficulté, Smith n’opposant aucune résistance à ce mouvement, mais ne faisant que s’y prêter sans l’aider ; eh bien ! mon cher Henry, renoncez à la profession qui vous environne de tels piéges. Abjurez la fabrication de ces armes qui ne peuvent être utiles que pour abréger la

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