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La Louve de France

La Louve de France

Titel: La Louve de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Druon
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avait peu varié depuis César et même Alexandre le Grand – et qui
lançait sur les villes par systèmes de leviers, de balanciers, de contrepoids
ou de ressorts, des boulets de pierre ou des matières ardentes. Les premières
bombardes ne lançaient rien d’autre que ces boulets de pierre semblables à ceux
des balistes, mangonneaux et autres catapultes. C’était le moyen de projection
qui était nouveau. Il paraît bien que ce fut en Italie que l’artillerie à
poudre prit naissance, car le métal dont étaient cerclées les bombardes était
qualifié de « fer lombard ». Les Pisans usaient de ces engins dans
les années qui nous intéressent.
     Charles de Valois fut
vraisemblablement le premier stratège, en France, à se servir de cette
artillerie nouvelle. Il en avait passé commande dès le mois d’avril 1324 et
s’était entendu avec le sénéchal de Languedoc pour qu’elle fût rassemblée à
Castelsarrasin. Donc son fils Philippe VI ne dut pas être tellement
surpris des petits boulets qu’on lui envoya à Crécy.
    [27] Le roi de France, rappelons-le, n’était pas à cette époque suzerain
d’Avignon. Philippe le Bel, en effet, avait pris soin de céder au roi de Naples
ses titres de coseigneur d’Avignon afin de ne point paraître, aux yeux du
monde, tenir le pape en tutelle directe. Mais par la garnison installée à
Villeneuve, et par la seule situation géographique de l’établissement papal, il
tenait le Saint-Siège et l’Église tout entière sous forte surveillance.
    [28] C’est ce qui arriva effectivement sept ans plus tard, en 1330, quand
les Romains élirent l’antipape Nicolas V.
    [29] Le Palais des Papes, tel que nous le connaissons, est très différent
du château de Jean XXII dont il ne reste que quelques éléments dans la
partie qu’on nomme « le palais vieux ». L’énorme édifice qui fait la
célébrité d’Avignon est surtout l’ouvre des papes Benoît XII,
Clément VI, Innocent VI et Urbain V. Les constructions de
Jean XXII y furent complètement remaniées et absorbées au point de
disparaître à peu près dans le nouvel ensemble. Il n’en demeure pas moins que
Jean XXII fut le véritable fondateur du Palais des Papes.
    [30] Fils d’un boulanger de Foix en Ariège, Jacques Fournier, confident du
pape Jean XXII, devait devenir pape lui-même, dix ans plus tard, sous le nom
de Benoît XII.
    [31] Jean XXII qui aimait les animaux exotiques, avait également dans
son palais une ménagerie qui contenait un lion, deux autruches et un chameau.
    [32] La question méritait en effet d’être posée, car les princes du Moyen
Âge avaient fréquemment six et même huit parrains et marraines. Mais n’étaient
réputés comme tels, en droit canon, que ceux qui avaient réellement tenu
l’enfant sur les fonts. Le procès d’annulation du mariage de Charles IV et
de Blanche de Bourgogne, conservé au département des manuscrits de la
Bibliothèque Nationale, est l’un des documents les plus riches en
renseignements sur les cérémonies religieuses dans les familles royales.
L’assistance était nombreuse et très mélangée ; le menu peuple se pressait
comme à un spectacle et les officiants étaient presque étouffés par la foule.
L’affluence et la curiosité y étaient aussi grandes qu’aux actuels mariages des
étoiles de cinéma, et le recueillement pareillement absent.
    [33] Les affrèrements par échange et mélange des sangs, pratiqués depuis la
plus haute antiquité et les sociétés dites primitives, étaient encore en usage
à la fin du Moyen Âge. Ils existaient en Islam ; ils étaient également
d’usage dans la noblesse d’Aquitaine, peut-être par tradition héritée des
Maures. On en retrouve les traces dans certaines dépositions au procès des
Templiers. Il semble qu’ils se perpétuent, comme acte de contre-magie, chez
certaines tribus de gitans. L’affrèrement pouvait sceller le pacte d’amitié, de
compagnonnage, aussi bien que le pacte d’amour, spirituel ou non. Les plus
célèbres affrèrements rapportés par la littérature médiévale chevaleresque sont
ceux contractés par Girart de Roussillon et la fille de l’empereur de Byzance
(et devant leurs époux respectifs), par le chevalier Gauvain, par la comtesse
de Die, par le fameux Perceval.
    [34] Cette dispense lui avait été accordée par Clément V en 1313,
Charles de Valois n’ayant alors que quarante-trois ans.
    [35] Très révérend et saint évêque

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