La Marquis de Loc-Ronan
18, Labarollière fut battu à Vihiers. À la fin du mois, l’insurrection, plus menaçante que jamais en dépit de son échec devant Nantes, dominait toute l’étendue de son territoire.
Biron, Westerman, Berthier, Menou, dénoncés par Ronsin et ses agents, furent mandés à Paris. Beaucoup de gens ne se faisaient point d’illusion : les dangers de la République existaient en Vendée ; cette guerre réagissait sur l’extérieur.
– Détruisez la Vendée, s’écriait Barrère, Valenciennes et Condé ne seront plus au pouvoir de l’Autrichien ! Détruisez la Vendée, l’Anglais ne s’occupera plus de Dunkerque ! Détruisez la Vendée, le Rhin sera délivré des Prussiens. Enfin, chaque coup que vous frapperez sur la Vendée retentira dans les villes rebelles, dans les départements fédéralistes, sur les frontières envahies.
La Convention, dans une séance solennelle, crut ne pouvoir faire mieux que de fixer au 20 octobre suivant (1793) la fin de la guerre vendéenne, et elle accompagna son décret de cette énergique proclamation :
« Soldats de la liberté, il faut que les brigands de la Vendée soient exterminés avant la fin du mois d’octobre ; le salut de la patrie l’exige, l’impatience du peuple français le commande, son courage doit l’accomplir ! La reconnaissance nationale attend à cette époque tous ceux dont la valeur et le patriotisme auront affermi sans retour la liberté et la République ! »
Ainsi la Convention décrétait, par avance, la victoire ; mais autre chose est de vaincre sur le papier, dans les conseils, ou de vaincre sur le champ de bataille. Le gouvernement envoya d’autre généraux en Vendée, où Canclaux se proposait d’opérer un grand mouvement offensif et battait effectivement Bonchamp, dans le moment même où un décret le destituait, ainsi qu’Aubert du Brayer et Grouchy.
Cependant l’armée de Mayence, ayant Kléber à sa tête, avançait à marches forcées. Le 18 septembre, elle rencontra à Torfou les royalistes. Le combat fut sanglant, et les républicains battus après une lutte épouvantable.
Les Vendéens les appelaient, par dérision, les « Faïençais » ; mais les républicains ne devaient pas tarder à prendre leur revanche : la bataille de Cholet, la seule qui eut le caractère des batailles militaires, vint porter un rude coup aux royalistes. Elle eut lieu le 14 octobre. Tout y fut carnage, acharnement, héroïsme de part et d’autre. Les Vendéens s’élancèrent en courant en colonnes serrées sur une lande découverte, et enfoncèrent d’abord les bataillons ennemis.
Un tourbillon de fuyards entraîna Carrier à cheval, et le représentant Merlin, brave et payant de sa personne, fit le service du canon ; mais les Mayençais accouraient la baïonnette en avant. Kléber, Marceau, Beaupuy, Haxo, se multipliaient et donnaient l’exemple. Tout était encore incertain sur le sort de la journée cependant, lorsque d’Elbée et Bonchamp tombèrent grièvement blessés.
Alors la fortune se décida pour les Mayençais. Les Vendéens se dispersèrent, emmenant néanmoins avec eux les prisonniers qu’ils avaient faits au commencement de l’action.
Quatre jours après, le 18 du même mois, les bleus, marchant sur Beaupréau, entendirent tout à coup les cris de :
– Vive la République ! vive Bonchamp.
C’étaient quatre mille prisonniers qui revenaient vers leurs camarades. Ils racontèrent que Bonchamp les avait délivrés avant de rendre le dernier soupir : Bonchamp, en effet, étendu sur un matelas et expirant, avait dit aux Vendéens, qui voulaient fusiller ces hommes :
– Grâce aux prisonniers ! Bonchamp l’ordonne.
Puis il mourut. Bonchamp était l’homme le plus aimé, le plus vénéré de l’armée royaliste depuis la mort de Cathelineau. Plus tard, Napoléon dit qu’il en avait été le meilleur général.
Les Vendéens passèrent alors sur la rive droite de la Loire, et les représentants écrivirent à la Convention : « La Vendée n’est plus ! » Le décret qui ordonnait de terminer la guerre avant la fin d’octobre était donc exécuté dès le 18 du mois. Les Parisiens se livrèrent à un enthousiasme sans pareil. Joie prématurée cependant. L’opinion de Kléber, qui prétendait que tout n’était pas fini, devait l’emporter avec le temps.
Moins de quinze jours après, on apprit que les Vendéens existaient encore. Léchelle fut battu, Beaupuy mourut d’une balle en
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