L'année du volcan
LISTE DES PERSONNAGES
N icolas L e F loch : marquis de Ranreuil, commissaire de police au Châtelet
L ouis de R anreuil : vicomte de Tréhiguier, son fils, lieutenant aux carabiniers à cheval de Monsieur
A imé de N oblecourt : ancien procureur
M arion : sa gouvernante
P oitevin : son valet
C atherine G auss : sa cuisinière
P ierre B ourdeau : inspecteur de police
B aptiste G remillon : ancien sergent du guet, son adjoint
P ère M arie : huissier au Châtelet
T irepot : mouche
R abouine : mouche
G uillaume S emacgus : chirurgien de marine
A wa : sa gouvernante
C harles H enri S anson : bourreau de Paris
L a P aulet : tenancière de maison galante et devineresse
L a B ourdeille : maquerelle
S artine : ancien lieutenant général de police et ancien ministre
V ergennes : ministre des Affaires étrangères
L e N oir : lieutenant général de police
A miral d’ A rranet : lieutenant général des armées navales
A imée d’ A rranet : sa fille
T ribord : leur majordome
L a B orde : fermier général, ancien premier valet de chambre du roi
H enry L efèvre d’ O rmesson : contrôleur général des finances
T hierry de V ille d’ A vray : premier valet de chambre du roi
A xel de F ersen : officier suédois au service de la France
C omte de B esenval : colonel des gardes suisses
L ouis B ezard : caissier principal à la Caisse d’escompte
C omte d’ A dhémar : ambassadeur du roi à Londres
V icomte G uillaume de T rabard : courtisan du cercle de la reine
V icomtesse de T rabard : sa femme
E udes de T rabard : son frère, curé de Saint-Sulpice
D iego B urgos : son secrétaire
P ierre D ecroix : son palefrenier
N icole L ozange : femme de chambre
L ord A schbury : chef du secret anglais
A ntoinette G odelet , la S atin : mère de Louis de Ranreuil, agent du secret français à Londres
C omte de C agliostrio : mage
C omtesse de L a M otte V alois : aventurière
PROLOGUE
« Alors il se fit un violent tremblement de terre, le soleil devint aussi noir qu’une étoffe de crin et la lueur devint tout entière comme du sang. »
Apocalypse de saint Jean
Lettre du chevalier de *** à M. Artaud, rédacteur du Courrier d’Avignon , de Salon-de-Crau en Provence.
Le 1 er juillet 1783
Il y a environ dix jours qu’il règne dans nos contrées un brouillard singulier, & tel que nos vieillards assurent n’avoir jamais rien vu de pareil. Ce brouillard remplit l’atmosphère, & le soleil quoique très chaud (puisqu’à midi il fait monter le thermomètre à 45 degrés) n’a pas la force de le dissiper. Il est continué le jour & la nuit, mais avec une intensité qui varie. Quelquefois il nous masque les montagnes les plus voisines de la ville. Le ciel, qui estordinairement d’un beau bleu dans ce climat, ne nous offre plus qu’un gris blanchâtre. Le soleil qui est fort pâle dans la journée est rouge à son lever & plus rouge encore à son coucher, & on peut le fixer en tout temps sans en être incommodé, la lumière de ses rayons étant absorbée par le brouillard. On s’est aperçu que ce brouillard a quelquefois une odeur puante & très difficile à déterminer. Il est très sec, puisqu’il ne ternit pas seulement les glaces qu’on y expose, qu’il dessèche les sels au lieu de les faire entrer en déliquescence, qu’il ne fait point monter l’hygromètre, & qu’il n’empêche pas l’évaporation d’être abondante. Il cause une légère cuisson dans les yeux, & les personnes qui ont la poitrine délicate en sont désagréablement affectées.
Permettez-moi, Monsieur, de me servir de votre feuille… pour tâcher de calmer les alarmes de mes compatriotes & de nos voisins au sujet de ce phénomène, dont on s’effraye mal à propos. Vous ne sauriez croire combien le peuple est affecté : l’ignorance, la peur, un certain penchant à redouter tout ce qu’il ne connaît pas, lui font craindre des malheurs de toute espèce & qui n’ont pas le moindre fondement. Ce brouillard ne me paraît avoir d’autre cause que la sécheresse qui a régné si longtemps, & qui a retenu dans la terre des vapeurs qu’elle exhale ordinairement. Les dernières pluies ayant détrempé la matière de ces exhalations, elles montent actuellement dans l’air avec l’eau qui leur sert de véhicule, & quelques orages suffiront pour les consommer ou pour les abattre, ou si le vent du sud amène dans peu des
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