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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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Alors, le pourquoi de cette mascarade ? Nous retombons dans nos incertitudes.
    — Que suggérez-vous ? demanda l'amiral.
    — Je crois que Deplat est l'homme par lequel Saül Francis Peilly a pris contact avec les Anglais. Je crois que c'est encore lui qui apparaît plusieurs fois dans la cellule du prisonnier du Fort-l'Évêque. Je crois que c'est lui qui, sous une autre apparence et, peut-être avec l'assentiment de Rivoux, apporte les repas du régime à la pistole et qu'à cette occasion il fait passer à Peilly les draps traités à l'acide, produit que l'on trouve en quantité chez un horloger. Je suppose que Deplat, amoureux éperdu, trouve ainsi le moyen de se débarrasser de Rivoux, en le compromettant par le dépôt sous le cadavre d'un bouton d'uniforme. Ce faisant, il écarte son second rival auprès d'Agnès Guinguet.
    — Quelle imagination débridée, dit Sartine. Cela me dépasse ! Il y a peu vous affirmiez que Rivoux était suspect et que tout se liguait contre son innocence. Restez, je vous prie, conséquent avec vous-même !
    — Vous oubliez l'assassinat de Freluche.
    — Eh ! qu'avons-nous à faire de cette fille ?
    — On ne la peut écarter. Cette fille qui a si cruellement péri demeure un élément de trop. Une pièce supplémentaire de ce carton découpé 168 . Où donc allons-nous la placer ?
    — Vous allez sans doute nous l'expliquer ?
    — Pour votre édification, monseigneur. Considérons que Freluche n'a aucune relation connue avec les suspects. C'est le point de départ. C'est en tant que maîtresse de Lavalée qu'elle se trouve d'abord impliquée dans l'affaire. Dans l'ignorance de ce qui a justifié l'enlèvement du peintre, je me jette à sa recherche puisqu'elle s'est échappée. Sauf à penser, monseigneur, que ce sont vos gens qui l'ont poursuivie et assassinée ce que je ne veux croire il faut bien trouver un motif à son assassinat et aux guinées anglaises qui se multiplient autour d'elle, dans le manteau retrouvé chez Rivoux et dans celui qui l'enveloppait au moment de sa mort. Il semble que dans ce cas également notre officier est accusé par les faits. Je connais à l'avance vos objections. Cela ne nous mène à rien. Peut-être avez-vous raison, sauf à changer notre vision et à considérer les faits sous d'autres perspectives.
    — Et que disais-je ! Voilà derechef Le Floch sur la Foire Saint-Laurent, entouré d'un vain peuple béat. Il monte le tripode de son zograscope , manipule sa lentille, fait pivoter son miroir, allume à nous aveugler ses bougies. Et vogue la galère, voici l'illusion !
    — Monseigneur, dit Nicolas, dédaignant le persiflage, avec votre permission nous allons entendre le lieutenant de vaisseau Emmanuel de Rivoux.
    Sartine fit un geste de la main comme s'il chassait une mouche inopportune. Bourdeau fit entrer l'officier qui paraissait accablé et le teint livide.
    — Monsieur, dit Nicolas, je vous confirme de répondre aux questions qu'au nom de Sa Majesté, et devant vos chefs, je me dois de vous poser.
    Le jeune homme leva un regard sans expression sur le commissaire.
    — Je ne puis rien dire.
    — Allons Rivoux, jeta d'Arranet avec sa voix de commandement, il faut parler et dire ce que vous savez, mon garçon. Le marquis de Ranreuil ne vous est point hostile. Il est seulement en quête de la vérité.
    — Peut-être est-elle indicible, n'est-ce pas ? suggéra doucement Nicolas. Je vous connais peu et pourtant je crois pouvoir lire en vous. Vous avez voulu remplir au mieux votre mission. Lorsque je vous ai interrogé sur Freluche j'ai cru sentir que vous forciez votre honnête nature. Ce mépris glacé exprimé avec tant de véhémence m'a étonné de votre part. Il ne vous correspondait nullement. J'y ai longuement réfléchi. Qu'un gentilhomme, un officier, exsude un tel mépris à l'égard d'une jeune femme. Non, monsieur, cette indication ne donnait pas la mesure de votre caractère. Or dans ce faux transport, un mot de trop vous a échappé que j'aurais pu ne pas remarquer, la pauvrette  ! Que de pitié et de douceur contenues dans une simple expression ! Et ce qui m'a fait davantage méditer sur votre attitude, c'est votre chambre, monsieur, son austérité, sa rigueur. Vous n'êtes pas de ces hommes à cracher sur la femme qu'ils aiment.
    — Comment ! dit Sartine.
    — Mais oui, monseigneur, l'amour et la mort dialoguent dans cette affaire d'État. Le mot échappé au milieu de l'injure ne

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