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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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suppôts et des stratagèmes pour finalement se retrouver dans l'ignorance. Cette police a fait son travail, même si en l'occurrence il fut incomplet, et cela même avant l'arrivée de M. Peilly rue de Harlay. Mlle Guinguet était à cette époque la maîtresse secrète d'Armand Deplat. Surviennent l'Anglais et l'officier dont les charmes dépassaient peut-être, avec le goût de l'aventure propre aux jeunes femmes rêveuses, les prestiges de l'artisan. Pensez donc ! Un espion et un marin ! Arrive alors ce qui devait arriver.
    — Et quoi donc, mon Dieu, qui soit si décisif en la question ? jeta Sartine qui retourna s'asseoir derrière le bureau.
    — Elle cède aux instances du jeune Anglais et pour donner le change à Deplat joue les coquettes avec Rivoux.
    — Et cela vous suffit pour…
    — Je constate tout ce que cela signifie pour les uns et les autres rue de Harlay. On peut tout imaginer, y compris que deux des protagonistes éprouvent des sentiments plus qu'hostiles à l'égard du troisième. On peut même supposer qu'ils font cause commune, remettant à plus tard la résolution de leur rivalité. C'est une hypothèse.
    — Et sur quoi fondez-vous ces assertions, demanda l'amiral, enclin à intervenir dès lors que la réputation d'un de ses officiers était en cause. Sur quelles preuves vous appuyez-vous pour soutenir la véracité d'une telle intrigue ?
    — Pas de preuves. Des indices et des présomptions. Des impressions.
    — Des impressions ! Et c'est sur des impressions que vous pensez nous convaincre, lança Sartine.
    — Des plus intrigantes, oui monseigneur. Tout débute chez Armand Deplat, l'ouvrier de Le Roy. À son domicile, nous avons saisi, dissimulées sous son linge de corps dans une commode, des empreintes en cire de clés, lesquelles portées chez un maître serrurier nous ont donné des exemplaires qui se sont révélés par la suite correspondre à la porte du domicile du lieutenant de vaisseau Emmanuel de Rivoux et d'une cassette lui appartenant.
    — Avez-vous interrogé Deplat ?
    — Certes. Il assure avoir agi à la demande de l'officier, affirmation que ce dernier d'ailleurs confirme. Égarant souvent son trousseau, il aurait chargé Deplat de faire confectionner des répliques de secours à la fin de l'année dernière. Dans la cassette en question, nous avons découvert la correspondance intime de Mlle Agnès Guinguet, filleule de M. Le Roy, avec Saül Francis Peilly.
    — Il paraît évident qu'il avait souhaité la sauvegarder afin de ne point laisser de trace qui devait demeurer…
    — … secrète ? Voilà en effet l'explication qui se présente aussitôt, si commune que Rivoux me l'a fournie sans hésiter. Comment s'en était-il emparé ?
    — Voilà bien ce qu'on nomme un procès d'intention.
    Au fur et à mesure que Nicolas développait les éléments de son enquête, il s'imposait en évidence que Sartine n'entendait pas se laisser convaincre. Mille fois auparavant il s'était conduit de manière identique, rétif aux arguments les plus logiques et aux évidences les plus criantes. Ce jeu était habituel entre eux, dans lequel, se faisant l'avocat du diable, il poussait Nicolas dans ses retranchements pour mieux finir par se rendre à l'évidence. Désormais ce n'était plus le cas. L'acrimonie d'une attitude hostile l'emportait. Il était visible qu'elle surprenait les témoins des échanges, l'amiral, Le Noir et Bourdeau. D'anciens moments lui revenaient en mémoire et accroissaient encore sa peine d'une rupture qui se consommait mot après mot.
    — Ce n'est pas tout, monseigneur, d'autres découvertes étaient en lice. Notamment un manteau bleu d'uniforme qui se multiplie, disparaît, se dédouble. On le trouve pour la première fois au Fort-l'Évêque lors de l'incarcération de Peilly, puis à trois reprises, toujours dans cette prison, une autre fois chez Lavalée et peut-être encore à Vaugirard lors de la disparition de Freluche… Il sème même des boutons, un sous le corps de Peilly rue Saint-Germain-l'Auxerrois, l'autre arraché par la main de Freluche. L'un m'a particulièrement intéressé, il a été arraché d'un manteau retrouvé chez Rivoux. C'est celui qui était sous le cadavre de Peilly dont tout prouve qu'il a été retourné avant d'être découvert par le guet. Or dans ce manteau à nouveau on trouve une guinée anglaise… En résumé, Emmanuel de Rivoux, acteur de cette intrigue, se trouve environné d'indices et de

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