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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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lui-même de réparer le mal, en dehors de toute considération de sympathie.
    Parce que Bertille avait déclaré qu’elle serait de retour avant la nuit, Jehan ne voulait pas quitter l’hôtel du duc d’Andilly tant que la nuit ne fût pas tombée. Pardaillan pensait bien qu’elle ne rentrerait pas. Mais il ne dit rien et attendit patiemment avec lui.
    Jehan dut se rendre à l’évidence. Ils partirent. Dans la rue, il marcha silencieusement, les dents serrées, à côté de Pardaillan, préoccupé lui-même. En sorte que lorsqu’ils arrivèrent à l’hôtellerie du
Grand-Passe-Partout,
ils n’avaient pas échangé quatre paroles.
    A l’auberge, ils retrouvèrent Escargasse, Gringaille et Carcagne qui les attendaient sans impatience, attendu qu’ils pouvaient tuer le temps en vidant force flacons et en jouant aux dés. Ce qu’ils faisaient très consciencieusement.
    – Eh bien, demanda Jehan, l’homme est-il venu ? Qui est-ce ? Escargasse, à qui s’adressait la question, répondit avec un gros rire, et comme s’il pensait qu’on lui avait bien inutilement infligé une fastidieuse corvée :
    – S’il est venu ? Je comprends ! Qui c’était ? Votre père… pas moins !
    A ces derniers mots, Jehan fronça imperceptiblement le sourcil et regarda le Provençal de travers. Il ne lui fit aucune observation cependant et se contenta de demander :
    – Où est-il allé ?
    – Chez vous, fit Escargasse.
    Et naïvement, sans en chercher plus long, il ajouta :
    – Il est inquiet, cet homme… C’est facile à comprendre.
    Jehan tressaillit et demeura un moment les yeux dans le vague. Il se secoua comme pour chasser des pensées importunes et, se tournant vers Pardaillan, il l’interrogea du regard.
    Le chevalier avait entendu. Lui aussi, il avait tressailli à la première réponse d’Escargasse. Et il avait saisi au passage le coup d’œil de Jehan, de même qu’il avait surpris son tressaillement. Et il avait observé sa courte rêverie. A la question muette du jeune homme, il répondit par une question, comme si un doute s’était levé dans son esprit :
    – Ainsi, c’était votre père ?
    – Il paraît, répondit Jehan avec un haussement d’épaules rageur.
    – En ce cas, dit gravement Pardaillan, mes soupçons étaient mal fondés. Et je regrette sincèrement de vous en avoir fait part.
    – Mais enfin, insista Jehan, qu’aviez-vous supposé ? Ne pouvez-vous me le dire ?
    – A quoi bon ? fit Pardaillan, subitement froid. Il est évident que je me suis trompé… puisqu’il s’agit de monsieur votre père.
    Jehan fut sur le point de crier : « Ce n’est pas mon père ! » Il se tut. Pourquoi ? Il n’aurait su le dire. Il prit la main de Pardaillan, la serra dans les siennes et, d’un ton pénétré :
    – Vous m’excuserez, monsieur, de ne pas vous remercier comme je le devrais… Mais, vous le voyez, je n’ai pas bien la tête à moi.
    Pardaillan le considéra longuement ; il se sentit ému de compassion et il hocha doucement la tête comme pour dire : « Je le vois bien. »
    En effet, Jehan paraissait calme. Il s’efforçait même de sourire. Mais sa pâleur persistait plus effrayante et il y avait de l’égarement au fond de ses prunelles dilatées. L’effort qu’il faisait pour ne pas crier son désespoir et refouler ses sanglots devait être formidable et l’écrasait. Pardaillan le comprit. Ce qu’il fallait à ce jeune homme, c’était la solitude, où il pourrait du moins se décharger de l’abominable contrainte.
    Il chercha un prétexte plausible de le renvoyer chez lui et crut l’avoir trouvé. Il dit, avec douceur :
    – Allez, mon enfant, il ne faut pas faire attendre votre père, qui s’inquiète… on vous l’a dit. Et n’oubliez pas que vous me trouverez prêt à vous aider dans vos recherches.
    Jehan n’entendit que la première phrase. Il eut un éclat de rire strident, qui retentit douloureusement à l’oreille du chevalier. Les trois braves, comprenant qu’il se passait quelque chose d’anormal, dressèrent l’oreille et se levèrent sans bruit, prêts à obéir sur un signe. Avec une sorte de rage concentrée, Jehan gronda :
    – C’est vrai, ventre de veau ! mon père m’attend ! Un bon fils ne doit pas laisser son père dans l’inquiétude.
    Et il partit d’un pas rude, violent, furieux, laissant Pardaillan plus rêveur que jamais. Les trois braves, un peu pâles, effarés, pliant instinctivement les

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